Les enseignants contractuels sur le banc des accusés
Les enseignants contractuels font leur rentrée sociale jeudi 23 septembre. Le démarrage de l’année scolaire est rythmé par des poursuites judiciaires à l’encontre de 33 enseignants, dont 4 enseignantes.
Nous sommes le 16 septembre, les enseignants contractuels de la région de Casa-Settat se sont donné rendez-vous devant le siège du Tribunal de première instance de Casablanca, au quartier d’Ain Sbaâ. Des retrouvailles au goût amer pour ces jeunes enseignants. L’heure n’est pas à la fête, deux de leurs collègues seront présentés devant la Chambre correctionnelle. Ils font partie du groupe de 33 enseignants poursuivis en liberté provisoire, dont 4 enseignantes, à la suite de la mobilisation organisée à Rabat en avril 2021.
Ils sont poursuivis pour de lourdes charges, notamment, pour « rassemblement non autorisé, violation des dispositions de loi sur l’état d’urgence sanitaire, coups et blessures contre les membres des forces du maintien de l’ordre ». Pour sa part, Nezha Majdi, enseignante contractuelle à Inzeguane, connue pour avoir dénoncé ce qu’elle a qualifié de « violences et harcèlement sexuel à son encontre de la part des forces de l’ordre à Rabat le 6 avril 2021 » est poursuivie également « pour atteinte à un corps constitué ». Ces poursuites, par leur ampleur, devraient planer sur cette rentrée scolaire déjà agitée.
Les procès visant les contractuels sont une mascarade de justice.
Othman Rahmouni, coordinateur régional de la CNPCC à Casa-Settat
« Parodie de justice » ?
Il était 11h du matin, les forces d’intervention rapide de la DGSN et des Forces auxiliaires sont présents en nombre, aux alentours du tribunal. Après un moment de flottement, les membres dirigeants de la Coordination nationale des professeurs contre la contractualisation (CNPCC) donnent le coup d’envoi de leur sit-in de solidarité avec leurs collègues poursuivis. Les mots d’ordre, désormais classiques, du CNPCC sont repris en chœur par les participants : « A bas la contractualisation » et « la contractualisation est une mascarade ». La nouveauté du jour, la CNPCC s’adresse au nouveau Chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch pour réclamer la fin de la contractualisation. Ce dossier devrait faire débat au sein de la future coalition gouvernementale. D’autant plus que l’Istiqlal avait comme promesse de campagne « la fin de la contractualisation dans le secteur public ».
Pour l’heure, les contractuels se trouvent confrontés à une série de procès. Othman Rahmouni, coordinateur régional de la CNPCC à Casa-Settat ne trouve pas de mots assez durs pour qualifier ces procès :« Ces poursuites sont une parodie de justice. L’objectif de ces procès est de nous détourner de notre propre objectif qui se trouve être la fin de la contractualisation », déclare-t-il à ENASS.
Et de conclure : « Nous sommes toujours aussi mobilisés pour mettre un coup d’arrêt à la contractualisation et à la privatisation de l’école publique afin de permettre aux enseignants d’intégrer la fonction publique ».
Pour rappel, 13 autres enseignants seront présents aujourd’hui devant le Tribunal de Première instance de Rabat, alors que les 22 autres ont déjà comparu devant différentes juridictions. Leurs procès ont été reporté au 14 octobre prochain. Il est à signaler que quatre enseignants ont déjà été condamné dans le cadre de poursuites précédentes, liées à des mobilisations de leurs mouvements par le passé.