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Modèle de développement : La déception des féministes de l’ADFM

L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) porte un regard critique sur le Nouveau modèle de développement. Zoom sur les principaux griefs de cette organisation féministe.

L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) rompe avec le consensus dominant au sein de la société civile marocaine, au sujet de la proposition du Nouveau modèle de développement développée par la commission présidée par Chakib Benmoussa.

Marginalisation du projet démocratique

Première critique adressée par l’ADFM, concerne la démarche ayant sous-entendue la réflexion autour du NMD. Pour cette association, le NMD risque de porter atteinte au projet démocratique. « Si le “NMD” proposé doit semble-t-il, faire l’objet d’un« nouveau » consensus entre les différents partenaires politiques, quel sort réservons-nous au Projet démocratique du pays et à la place des marocaines ? Si les partenaires sont tous d’accord sur le NMD et son Pacte, pourquoi avons-nous alors besoin de programmes électoraux et même d’élections ? Le NMD ne dessine-t-il pas une société politique et civile en retrait devant un modèle dont les contours semblent fixés et actés à l’avance ? », s’interroge l’ADFM dans son appel publié en juillet 2021.

Manque d’audace

Deuxième grief de l’ADFM renvoie au titre de l’Appel : « Un NMD pour les filles et les femmes également ! ». Pour cette association, la copie remise au roi Mohammed VI ne « rompe pas avec les approches qui ont été adoptées et mises en application pour maintenir et consolider la vision patriarcale des relations hommes-femmes ».

En d’autres termes, l’ADFM regrette que la Commission royale n’ait été « suffisamment audacieuse autour des propositions relatives à l’organisation des relations hommes-femmes », détaille Nezha Belkachla, membre de l’ADFM à Enass.ma.

Le rapport général pour un Nouveau modèle de développement (NMD) se dit « attaché à l’égalité femmes-hommes et à la consécration de la place et du rôle de la femme dans l’économie et dans la société ». Ce principe est un des « parti pris qui projettent le Maroc dans l’avenir ». « L’égalité du genre » est définie comme premier choix stratégique dans l’axe de transformation « Inclusion et solidarité ». Le choix stratégique recommande « d’autonomiser les femmes et assurer l’égalité de genre et leur participation ». Pour l’ADFM le cantonnement de l’égalité à sa seule dimension économique est « réducteur », commentent les responsables de l’association. 

Pour l’ADFM, la Commission n’a pas levé « le blocus autour des relations hommes-femmes dans la sphère privée, seul domaine où le droit positif demeure en retrait, ce qui minimise d’emblée l’effet d’autres lois étant sous « tutelle » de la législation familiale, tout comme les femmes et les filles, elles-mêmes ».  Parmi les questions qui demeurent prisonnières du fquih (jurisprudence islamique) l’association donne l’exemple de l’héritage, de la polygamie, etc.

 

Les femmes ne sont pas une « catégorie »

Troisième critique de l’ADFM concerne l’emplacement et la désignation des relations homme-femmes dans ce NMD. « La copie actuelle institutionnalise l’idée que les femmes sont une « catégorie » ou comme « question sociale » à traiter à l’instar des enfants, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées qui, au demeurant, sont femmes et hommes titulaires de droits », déplore la présidente nationale de l’ADFM. Sur ce point, l’association féministe fondée en 1985 appelle les différents acteurs à « se positionner clairement et avec détermination pour que d’ici l’année 2035, le Maroc se dote d’une loi générale, définissant la discrimination directe et indirecte pour motif de sexe, et l’inclusion, en conséquence, et de manière systématique, des clauses de prohibition des discriminations à l’égard des filles et des femmes dans le cadre juridique national ».

En conclusionde son appel, l’ADFM insiste sur « la vision politique » qui devrait porter ces réformes. Cette vision doit s’appuyer sur « la volonté de faire de l’égalité effective, une priorité sociétale porteuse de certitudes pour le développement démocratique de notre pays », conclut l’association.

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