ENASS, Rassembler les gens
Je suis ravi de vous présenter les contours du nouveau média ENASS.ma. Nous sommes un média digital marocain indépendant. Notre jeune projet porte deux ambitions, une première journalistique, et une deuxième sociétale. Ces deux dimensions inscrivent notre plateforme médiatique dans son ancrage social.
ENASS.ma porte le projet d’être le média des sans-voix au Maroc. C’est notre première ambition. Bien sûr, ces personnes « invisibles » dans les médias mainstream prennent déjà la parole. Elles ont conquis une tribune sur l’espace digital qui sert à informer sur ces « invisibles ». La présence dans les médias de ces populations ne peut être l’otage d’une narration sensationnaliste.
Pour nous, le premier défi est de donner la parole à des personnes et à des groupes de personnes peu ou pas écoutés pour faire entendre une parole encore largement inaudible. Le deuxième défi est de ne pas réduire cette prise de parole à un folklore misérabiliste ou à des petites narrations de faits divers. Comme beaucoup de collègues au Maroc et dans le monde, nous pensons pouvoir relever ce défi en ayant à l’esprit une certaine conception du journalisme nourrie du travail de terrain, de curiosité et de rigueur.
ENASS.ma n’est pas un média de minorités, fragmentées et repliées sur leurs communautés. ENASS se veut être un média fédérateur. C’est notre deuxième ambition. ENASS présentera une lecture du monde social en privilégiant les intersections possibles entre l’ouvrier, la personne en migration, le précarisé et le/la victime de discrimination, etc. Alors que les acteurs sociaux tendent à se diviser dans des luttes catégorielles, ENASS propose un média où toutes les voix se valent. Dans le respect et la diversité.
En ces temps incertains, marqués par une crise aux multiples facettes, plus que jamais le rôle des médias est d’être proche des populations, représentant leur diversité et respectant leur dignité. ENASS ambitionne, à son échelle et avec ses modestes moyens, de recréer ce lien de confiance avec le public, à travers un journalisme de qualité, c’est-à-dire professionnel et respectueux de la déontologie de la profession.
Bon vent les ami.E.s, tant besoin de professionnalisme !
Salutation à ce média et à votre équipe.
Je souhaite ajouter :
1- Les médias des minorisé-e-s ne sont ni enfermées sur leurs communautées ni reflètent-ils une intention de fragmentation. Ils sont, au contraire, une reprise de l’espace et de la parole par les personnes concernées-souvent victimes d’objectification par les analystes et médias qui les réduisent à des sujets à concevoir et traiter. L’auto-appropriation des ressources permettant de créer ce genre d’espaces de paroles est un enjeux démocratique et social et relève de l’action politique militante.
2- Les médias des minorisé-e-s servent, surtout à gagner le temps et raccourcir le circuit de transmission d’information et/ou de savoir au grand publiques, de produire une représentation alternative sur les réalités, situations d’oppressions et stratégies de résistances.
3- Les médias des minorisé-e-s transforment la position située des personnes concernées par des oppressions complexes/intersectionnelle de la fonction testimoniale à une fonction active selon leur position en tant qu’acteur/rices dans la production d’information/savoir et le partage des stratégies de résistances.
Je vous souhaite réussite, durabilité et très bonne continuation.