« Dunk for Refugees », Plus fort ensemble
TIBU Maroc et le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés lancent un programme d’intégration socioéconomique des jeunes réfugiés par le sport. Ce partenariat a été lancé lors d’un match inédit entre une équipe des réfugiés et celle de TIBU Maroc. Ambiance et témoignages.
Les réfugiés ne connaissent pas l’impossible. Ces personnes qui ont fui différentes formes de persécutions ou des zones de guerre sont toujours prêts à affronter de nouveaux défis dans leur parcours de vie. Cette communauté au Maroc est composée de 15 000 réfugiés et demandeurs d’asile et originaires de 45 pays. Elle compte aussi 74 étudiants réfugiés, bénéficiaires du programme DAFI (Albert Einstein German Academic Refugee Initiative). Ces étudiants avaient un nouveau défi à surmonter : jouer leur premier match de basket face au team de TIBU Maroc. Ce match était le coup d’envoi officiel d’un partenariat entre TIBU Maroc, organisation spécialisée dans l’éducation et l’insertion des jeunes par le sport, et le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR Maroc). Le ton du programme et match était donné, c’était : « Dunk for Refugees ».
Sport et vivre ensemble
Nous sommes le 19 juin, il est 15h sur le terrain omnisport d’Ain Sbaâ, l’équipe des réfugiés arrive aux vestiaires. Les basketteurs du jour reçoivent leurs maillots flanqués des logos du HCR et de TIBU Maroc. La séance des échauffements démarre. Les leaders du groupe se distinguent rapidement. XXX sera le meneur de l’équipe pour cette rencontre. Samba Hamidou de la Centrafrique, habitué d’être le meneur du groupe hors du terrain, préfèrera encourager son équipe du banc de touche. Le « Cinq majeur » de l’équipe des réfugiés est en place. L’arbitre donne le coup d’envoi de ce match de gala. Les réfugiés jouent d’égal à égal face à l’équipe de TIBU Maroc. Les coéquipiers de Samba ne sont pas intimidés par les gabarits et l’expérience de l’équipe organisatrice. Le premier quart se termine par une courte avance de TIBU Maroc. Les réfugiés n’ont pas démérité. Mais l’objectif de ce match est loin de n’être que sportif.
Organisée dans le cadre des activités de la Journée internationale des réfugiés 2021, cette rencontre est un acte de promotion du vivre-ensemble. « Ce type de rencontre permet aux Marocains et aux réfugiés de mieux se connaître et d’apprendre à cohabiter et vivre ensemble. A travers le sport, on peut casser les stéréotypes entre nos deux communautés », souligne Hamidou.
Même son de cloche de Faysal Saeed, réfugié originaire d’Erythrée arrivé au Maroc en 2014 : « Cette activité nous encourage à nous intégrer dans la société marocaine », confirme cet étudiant au sein de l’Institut national des métiers de la santé. XXX et pivot de l’équipe de TIBU Maroc se réjouit de cette initiative : « Sans ce type de matchs, nous n’aurions pas pu faire ces rencontres avec les jeunes réfugiés ».
Une année très difficile pour les réfugiés
Pour sa part, Mohamed Azizi, Fondation Orient Occident (FOO) voit dans ce type de rencontres une occasion de briser l’isolement imposé par la Covid-19. « L’année était très difficile pour les réfugiés, et sur tous les plans. Ce type d’initiatives leur permet de retrouver leurs énergies et leurs places dans la société », lance, soulagé M. Azizi qui accompagne les réfugiés au sein de la FOO.
Akram Tafraoui, responsable de programme au sein du HCR Maroc, décrit ce type d’activités comme « une lueur d’espoir ». D’autant plus que la situation des réfugiés à travers le monde s’est dégradée en raison de la Covid-19 et la poursuite des déplacements des populations. « Nous avons célébré la Journée internationale cette année dans un contexte extrêmement difficile. 1% de la population de l’humanité est obligé de fuir son pays à cause des persécutions. C’est une tendance croissante. Malgré la Covid-19, l’année 2020 a connu une augmentation du nombre de réfugiés de 4% dans le monde. Pour ces raisons, il est nécessaire de multiplier les efforts pour protéger cette population », insiste le responsable onusien.
Mohamed Amine Zariat, président de l’organisation TIBU Maroc, multiplie les initiatives dans ce sens. Il voit les choses en grand. Ce match n’est que le début : « Notre partenariat avec le HCR est fort, il permettra aux jeunes réfugiés de développer des techniques comportementales et entrepreneuriales. Il permettra à ces jeunes de gagner en autonomie. Ils pourront ainsi accompagner le développement du Maroc, de l’Afrique et du monde ».
En route vers les JO
Retour au « ground » pour parler basket. Le 2ème et 3ème quarts, l’équipe de TIBU Maroc creuse l’écart. Pour son premier match, la condition physique de l’équipe des réfugiés n’est pas au rendez-vous. S. Hamidou et M. Azizi de la FOO encouragent leur équipe qui continue à se mesurer aux géants de TIBU Maroc. Le match est plaisant et l’ambiance est festive. « Le sport a un pouvoir fédérateur. Nos programmes et nos structures sont inclusives puisqu’ils permettent aux jeunes des zones rurales, aux migrants, aux réfugiés, aux jeunes en situation de handicap, aux femmes, aux Marocains de retour et à la jeunesse africaine de s’unir autour de l’apprentissage, du partage et du développement à travers le sport », poursuit Zariat, qui est également Ashoka Fellow.
S. Hamidou qui a fui la guerre en Centrafrique a adopté le Maroc comme pays d’accueil. Après des études en génie civile à Rabat, il suit une formation en soft skills et en infographie. « J’ai une envie de rester au Maroc, la condition est de pouvoir gagner ma vie ici. Le royaume réunit une condition essentielle pour s’installer, nous sommes dans un pays avec la paix et la sécurité », confia-t-il.
Le match se termine avec une large victoire de l’équipe TIBU. Un détail dans cette rencontre dont l’objectif dépassait le simple résultat sportif. Inspirée par la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA), TIBU Maroc souhaite ouvrir un accès et un accompagnement aux réfugiés dans l’ensemble de ses programmes à l’échelle nationale. Le premier engagement concret des deux équipes : encourager l’équipe omnisport des réfugiés qui participera aux JO de Tokyo. Une première dans l’histoire de cette compétition et un message fort délivré aux sportifs réfugiés à l’humanité. Une participation qui a poussé le Comité international olympique à changer sa devise pour ajouter le mot « ensemble » : « Plus vite – Plus haut – Plus fort-ensemble ».
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