Actualités, UNE

Libertés individuelles : La lente sortie du conservatisme

Une nouvelle étude intitulée « Les libertés individuelles : Représentation et pratiques » confirme les ambiguïtés des Marocains face aux sujets en lien avec le rapport au corps, à la sexualité, à la liberté sexuelle, à l’identité religieuse et à la liberté de culte. Les 4 chiffres à retenir des résultats.

Cette enquête d’opinion réalisée par le centre MENASSAT pour les Recherches et les études sociales confirme d’une part, les positions conservatrices d’une large partie de la population marocaine en lien avec ces thématiques. Des résultats qui rejoignent les constats déjà établis par différentes études similaires (Gallup, sondage Sunergia etc.). Mais d’autre part, la lecture fine de ces résultats permet « de déceler des signes embryonnaires d’une acceptation de la pratique de la liberté individuelle tant qu’il n’y a pas de coût social ou juridique à supporter », analyse Aziz Mechouat, sociologue et directeur de MENASSAT, lors de la présentation des résultats le 15 novembre à Mohammedia.

Port du voile : Des avis partagés

L’étude a pu démontrer que 50% des enquêtés considèrent que le style vestimentaire de la femme est une liberté individuelle. « Les variables du sexe, de l’âge, du niveau scolaire et du logement des personnes enquêtées, n’ont pas eu une grande incidence sur le taux déclaré, ce qui signifie une attitude positive qui prévaut malgré le fond de conservatisme religieux et traditionnel qui caractérise les Marocains », décryptent les chercheurs de MENASSAT. D’ailleurs, 38% des enquêtés qui approuvent le port du voile le justifient par des raisons pratiques : car « il éviterait les harcèlements contre les femmes dans l’espace public ».

Virginité : Une vision chaste

80% des enquêtés ont déclaré que la virginité est « une preuve de chasteté, de religiosité et de bonne éducation ». En revanche ceux qui minimisent l’importance de la virginité lors du mariage, insistent sur le fait que les bonnes valeurs ne puissent en aucun cas lier l’honneur de la femme et la virilité de l’homme à la virginité.

Relations sexuelles : Une société tiraillée

76.3% des enquêtés ont déclaré que les relations sexuelles consenties hors mariage sont « très répandues dans la société marocaine ». 60% d’entre ces enquêtés ont confirmé leur connaissance avec une fille ou un garçon entretenant des relations sexuelles consensuelles. Cependant, 50% de l’échantillon enquêté, ont estimé « que le fait d’entretenir des relations sexuelles avant le mariage, que cela soit pour les filles ou les garçons ne pouvait être une liberté individuelle ». 77% de ceux qui ont exprimé leur refus catégorique pour ces relations sexuelles expliquent cela par l’interdiction religieuse. Les positions assez conservatrices exprimées par les enquêtés s’expliquent par un décalage entre positions et pratiques. « Les enquêtés passent d’une position d’acceptation et d’ouverture au moment à celle de refus justifiés par la religion et les traditions quand il s’agit de situations concrètes. La référence a une vision universelle basée sur les droits humains est demeurée faible », poursuit Mechouat.

Identités et liberté de culte : Musulman (plutôt) libéral

Le sentiment identitaire de la religiosité prime sur celui de la citoyenneté chez les enquêtés. 50% des enquêtés se définissent d’abord comme musulman et 23,6% comme marocain, puis vient ensuite l’amazighité et enfin l’arabité.

72,6% des enquêtés refusent qu’un Marocain en accuse un autre d’athée, alors qu’uniquement 4,7% ont approuvé cela, alors que 22,9% n’ont aucune attitude précise par rapport à ce sujet. « Le taux des personnes en faveur de la liberté de culte,  est assez intéressant, mais il a tendance à baisser lorsqu’il s’agit de passer du niveau d’expression des principes et des opinions, vers le niveau de l’attitude par rapport aux situations sociales que l’on peut rencontrer quotidiennement », commente le directeur de MENASSAT.

Pour rappel, cette étude s’inscrit dans le cadre du programme JIL (Génération) lancé par MENASSAT. « Ce programme vise à compléter la formation de 20 jeunes chercheurs dans le domaine des sciences sociales afin d’améliorer leurs capacités de recherche liées aux techniques de recherche théoriques et sur le terrain.

Méthodologie

L’étude a été réalisée sur un échantillon représentatif de 1311 répondants. La tranche d’âge 18-44 ans représente 76,3% de l’échantillon. Les femmes représentent 51% des personnes interrogées. 79% des enquêtés habitent des grands centres urbains. L’enquête a été réalisée par un questionnaire de 103 questions qui ont été réparties sur trois axes essentiels, à savoir : les représentations du corps, de la liberté de conscience et de la sexualité. L’administration du questionnaire a été effectuée entre juin et juillet 2021.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez-vous à la Newsletter des Sans Voix 


Contre l’info-obésité, la Newsletter des Sans Voix 

Un slowjournalisme pour mieux comprendre 


Allez à l’essentiel, abonnez-vous à la Newsletter des Sans Voix