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À Melilia, Réda face à la violence des frontières

Réda Lezhar est décédé sur la route migratoire, sa dépouille se trouve dans la morgue de Melilla. Sa famille réclame son rapatriement. Il est le témoin de la violence aux frontières entre le Maroc et l’Espagne.  Récit.

Réda Lezhar, 24 ans, faisait partie de larges pans de la jeunesse marocaine, tentée par « l’Eldorado » européen. Ils quittent par dizaines le Maroc pour rejoindre Melilla, Sebta, les Îles Canaries ou l’Italie via la Libye. Ils empruntent des routes migratoires de plus en plus périlleuses, au péril de leur vie. La traversée de Réda vers Melilla depuis la plage de Bni Kana, près de Bni Nassar (Nador) tourne au drame. Le jeune homme, originaire d’El Jadida, est mort noyé. Sa famille réclame le rapatriement de son corps, bloqué derrière les grillages et les barbelés de Melilla, préside occupé par l’Espagne.

Lettre de l’AMDH Nador au ministre de l’Intérieur et au Directeur de la Migration et des frontières.

Une dépouille bloquée à Melilia

Pour obtenir le rapatriement du corps de Réda, la section de Nador de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur du Maroc et au Directeur de la Migration et des frontières au sein du même département (Image ci-dessus), le 16 mars dernier pour « intervenir afin de transporter la dépouille de ce Marocain de Melilla vers Nador ».

Le corps de Réda a été identifié par les autorités espagnoles le 4 mars sur une des plages de Melilla. « Une autopsie a été réalisée et les autorités espagnoles ont pris contact avec la famille du défunt qui attendent le feu vert pour le rapatriement », explique l’AMDH Nador dans sa lettre.

Nous vous demandons de bien vouloir ouvrir la frontière terrestre pour permettre ce rapatriement humanitaire.

Extrait de lettre de l’AMDH Nador.

Dans ce document, l’ONG de défense des droits humains rappelle que « la famille du défunt ne peut pas prendre en charge les frais d’un rapatriement via un vol à partir de l’Espagne. La situation sociale de la famille ne lui permet pas de supporter les frais du transport aérien. Pour cette raison, nous vous demandons de bien vouloir ouvrir la frontière terrestre pour permettre ce rapatriement humanitaire. Un tel acte permettra d’atténuer la souffrance de la famille face à ce drame et ce comme c’était déjà le cas pour des dépouilles rapatriées depuis l’Algérie, avec l’ouverture exceptionnelle de la frontière Est du pays », rappelle l’AMDH Nador.

Source: Caminando Fronteras, 2022.

Il est à noter que depuis la fermeture de la frontière terrestre avec Melilla en raison du Covid-19, plusieurs cas similaires de décès ont été relevés par l’AMDH (cas de M. Cherkaoui en aout 2021 avec sa famille en photo de l’article), sans que l’ouverture des frontières n’ait pu être obtenue. Un blocage qui pouvait s’expliquer par les tensions diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne.

La famille de feu M. Cherkaoui assiste sur la frontière avec Melilia aux funérailles de son fils en aout 2021.

A noter qu’avec les chiffres des morts en mer, l’année 2021 était « la pire année aux frontières », selon l’organisation espagnole Caminando Fronteras. 4404 victimes ont été comptabilisées sur les routes d’accès à l’Espagne en 2021. Dans le cas de la route d’Alboran (Rif Marocain), on compte 95 victimes.

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