Luttes ouvrières, UNE

Les travailleurs laminés par la cherté de la vie

Cette année, le 1er mai sera fêté dans un contexte des plus moroses. Du jamais vu depuis des décennies. Round-up des principaux indicateurs du marché de travail.

Le dimanche 1er mai, les travailleurs n’auront rien à célébrer. Entre une guerre qui se transforme en crise alimentaire mondiale, une pandémie qui laisse derrière elle des populations paupérisées et fatigués psychologiquement, l’heure est à la résignation et à la colère. 

Il y a la crise économique qui ne semble se terminer de sitôt, la guerre en Ukraine qui a fait flamber les prix des denrées de première nécessité et ceux du carburant. Mais avant cela, il y avait un confinement de 90 jours et des mesures restrictives «pour faire face au Covid-19», et qui ont eu un impact désastreux sur l’économie nationale et de ce fait sur le marché de l’emploi. Pendant ce temps, l’Exécutif continuer d’adopter des mesures timides pour palier à la perte du pouvoir d’achat.   

Perte d’emplois depuis le Covid-19

Deux ans de pandémie du Covid-19 a laissé des traces sur le vécu et les bourses des travailleurs. « Le Covid-19 a entraîné divers chocs, avec des incidences importantes sur les performances du marché du travail, qui sont de trois ordres : la quantité d’emplois, la qualité du travail ainsi que des effets plus marquants pour les groupes les plus vulnérables. Le choc subi par la demande de travail s’est traduit par des ajustements à la baisse des heures de travail, se traduisant eux-mêmes par divers chocs auxquels sont associés des coûts sociaux plus ou moins larges », souligne la Banque mondiale dans son rapport Maroc de 2021.  

Conséquence : une hausse du sous-emploi et une baisse du taux d’emploi entre 2019 et 2020. Le taux de sous-emploi est passé de 9,2% à 10,7%. Quant au nombre moyen d’ heures travaillées par semaine et par personne, ce dernier a reculé de 20%, soit une baisse de 2,1 millions d’emplois à temps plein, selon les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP, 2021). C’est dans le BTP que la baisse, relative aux heures travaillées par semaine, a été la plus enregistrée (-25,4%). 

Dans l’industrie y compris l’artisanat la baisse a été de 22,3%. Et à chaque choc économique, les personnes les plus vulnérables et les femmes sont les plus touchées. Ce fut le cas en 2020 où l’on a enregistré, au troisième trimestre, une baisse des heures travaillées plus importante parmi les femmes (-25,1%, de 80 millions à 60 millions d’heures) que parmi les hommes (-12,5 %, de 399 millions à 349 millions d’heures). L’année de l’apparition du Covid-19 a également été marquée par la baisse du taux d’emploi qui est passé de 41,6% en 2019 à 39,4% en 2020. 

2022, de l’espoir au désespoir

Protestations des travailleurs des hôtels Mogador.

Cela étant, l’année 2022 qui devait apporter un peu d’espoir, a plutôt ramené un air de pessimisme chez les Marocains. Impact désastreux des mesures prises pour faire face au Covid-19, sécheresse, hausse des prix des denrées alimentaires, flambée des prix du pétrole et ceux énergétiques, absence d’une vision gouvernementale de sortie de crise … Ce cocktail, pour le moins dangereux, n’a fait qu’exacerber le moral de la population. Ce dernier est au plus bas et elle semble perdre confiance. Une fois de plus, c’est le HCP qui confirme cela. Il ressort de sa dernière enquête de conjoncture auprès des ménages, qu’au premier trimestre  de l’année en cours, le moral des ménages s’est fortement dégradé. «L’indice de confiance des ménages enregistre son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2008», précise HCP.

L’année 2022 qui devait apporter un peu d’espoir, a plutôt ramené un air de pessimisme chez les Marocains.

L’indice de confiance des ménages (ICM) a baissé à 53,7 points, contre 61,2 points enregistrés le trimestre précédent et 68,3 points une année auparavant.  Dégradation du niveau de vie, chômage, détérioration de la situation financière… sont autant de facteurs qui ont chamboulé le quotidien des Marocains. Selon cette enquête, 75,6% des ménages sondés ont déclaré une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois.  S’agissant des 12 prochains mois, 39,1% des ménages s’attendent à une dégradation du niveau de vie, 43,3% à un maintien au même niveau et 17,6% à une amélioration. 

L’UMT ne sera pas de la fête 

Tous ces problèmes interpellent plus vivement les syndicats qui, à l’occasion de la fête du Travail, vont essayer de regagner un peu de confiance des Marocains et surtout de leurs bases. Cette fête se fera sans l’UMT de Moukharik, qui a décidé de ne pas organiser de manifestation, pour cause du Covid-19 ». Ce qui lui a attiré la foudre des réseaux sociaux où les Marocains critiquent vivement cette position « incompréhensible». 

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