Lancement du “Mouvement OpenChabab”
La maison d’édition En toutes lettres lance le mouvement Openchabab. Focus sur les ambitions de cette initiative dédiée à la jeunesse et porteuse de valeurs universelles.
« Cette rencontre est pour célébrer les openchabbabistes, pour célébrer à travers eux la jeunesse de notre pays, pour sa force, sa volonté, sa créativité, et sa fraîcheur malgré tout ce qu’elle a dû faire face ». C’est sur ce ton enthousiaste que Kenza Sefrioui, co-fondatrice de la maison d’édition En Toutes Lettres (ETL) et animatrice du projet OpenChabab, annonce le lancement de ce mouvement inédit au Maroc.
Cette maison d’édition casablancaise a lancé le Mouvement OpenChabab le 8 Juin 2022, lors d’une rencontre organisée au siège de l’association Hadaf à Rabat. OpenChabab est un programme de formation dispensée gratuitement aux futur.e.s et aux jeunes journalistes, ainsi qu’aux jeunes acteur.ice.s de la société civile, qui y découvrent les valeurs humanistes, le journalisme d’investigation et la traduction en sciences humaines et sociales. Ce mouvement veut fédérer ces énergies.
Alliance entre journalistes et société civile
Dans chaque édition du programme OpenChabab, dix participant.e.s de moins de 35 ans sont accueillis pour des sessions de quatre mois. Le groupe se retrouve tous les samedis dans les locaux de la maison d’édition En toutes lettres, à Casablanca.
« Notre enjeu est la démocratisation de notre pays et le contexte dans lequel nous travaillons nous a amené à ressentir l’urgence d’une pensée humaniste et de prendre en charge ce programme » , affirme Kenza Sefrioui.
Les premières séances du programme sont dédiées à l’étude des champs de réflexion, sous la supervision de sociologues, philosophes, juristes, mais aussi de militants associatifs. Ces master-classes sont dispensés en français et en arabe.
Dans un deuxième temps, les participant.e.s passent à la session technique : storytelling, datajournalisme, podcast et narration audiovisuelle. Des cours présentés par des professionnels, tels que Hicham Houdaifa,Kenza Sefrioui, Amine Boushaba…
« Notre rôle est de connecter les forces vives et les gens intellectuels qui sont la presse, la recherche et évidemment la société civile ».
Kenza Sefriou, initiatrice du projet OpenChabab
« Ça fait dix ans qu’on travaille dans le marché du livre, on se rend compte à quel point les désastreuses réformes de l’enseignement ont éloigné les gens de la maîtrise des langues, le recul de la liberté d’expression, l’université qui n’est plus un pôle de production intellectuelle et critique » a expliqué l’initiatrice avant d’ajouter: “on a estimé que notre rôle est de connecter les forces vives et les gens intellectuels qui sont la presse, la recherche et évidemment la société civile et donc assumer un rôle de formation pour faire émerger de nouvelles voix indépendantes, modernes, porteuses de valeurs, de respect et du progrès ».
Cinq sessions ont déjà été réalisées, dont lesquelles, une dizaine de jeunes a suivi des séances théoriques sur une thématique (« Mixité sociale et égalité des chances », « Sécularisation et lutte contre l’extrémisme religieux », « Égalité entre hommes et femmes » et « Libertés individuelles et démocratie participative »), des séances pratiques sur les méthodes du journalisme d’investigation, suivies d’une mise en pratique par un terrain et une restitution en ligne. Une sixième session a consisté en un atelier de traduction collaboratif.
Au total, ce sont près d’une soixantaine de jeunes qui ont bénéficié de ce programme, assuré par le réseau d’experts de la maison d’édition, composé de journalistes confirmés, de chercheurs universitaires et d’acteurs de la société civile.
Un travail sur les valeurs
Openchabab lutte contre la désinformation, les ravages des fake news et autres théories du complot, mais aussi contre l’obscurantisme et les inégalités. Les thématiques proposées, qui sont abordées par le réseau d’experts de la maison d’édition, qui travaille depuis dix ans sur ces sujets, abordent les lignes de clivage de la société et suscitent le débat.
« Sans un véritable travail sur les valeurs, nos sociétés ne pourront jamais passer le cap de la modernité », estiment Hicham Houdaïfa et Kenza Sefrioui, les initiateurs du projet. Anciens journalistes au Journal hebdomadaire et cofondateurs d’En toutes lettres, ils estiment qu’« un avenir sans une réflexion en profondeur sur ce qui est de nature à émanciper l’individu et le citoyen, sur ce qui peut libérer les forces vives de la société, n’est pas une option possible ».
C’est pour cette raison que En Toutes Lettres lance le Mouvement OpenChabab afin de le poursuivre et de le développer. En plus des thématiques initiales, elle envisage de décliner la formation sur des sujets d’utilité publique, comme l’environnement, les migrations, la place de l’enfance.
« Un avenir passe par une réflexion en profondeur sur ce qui est de nature à émanciper l’individu et le citoyen, sur ce qui peut libérer les forces vives de la société ».
K. Sefrioui et H. Houdaifa, co-fondateurs d’OpenChabab.
Pour rappel, dans le cadre du programme OpenChabab trois ouvrages collectifs ont déjà été publiés, grâce à des tandems entre un jeune et un journaliste confirmé : Migrations au Maroc : l’impasse ? (collection Enquêtes, 2019), Maroc, justice climatique, urgences sociales (collection Enquêtes, 2021) et De la culture marocaine moderne, anthologie (1917-2004) qui vient de paraître dans la collection Traduction. Un quatrième livre est en préparation, sur « Les métiers de la discrimination ». La maison d’édition, membre de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, est en effet engagée pour une édition plus ouverte et plus inclusive, et considère la réalisation d’ouvrages collectifs comme un axe majeur de son travail.
Si ces initiatives s’adressent à tous même à ceux qui ne sont pas spécialisés, ce serait plus utile.
Nos enfants apprentis sont desireux, mais ne remplissaient pas les conditions de spécialisation.
En somme, merci pour tout.