L’AMDH : « 64 réfugiés sont portés disparus à Nador-Melilla »
Dans son rapport sur le drame de Nador-Melilla, l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) maintient le chiffre de morts à 27 morts et avance un nouveau chiffre : 64 personnes sont portées disparues depuis le 24 juin.
Au siège de l’AMDH à Rabat, les médias sont venus en nombre le 20 juillet pour recueillir la version de la principale organisation de droits humains au Maroc sur les graves incidents du 24 juin dernier impliquant des réfugiés et demandeurs d’asile et les forces de l’ordre. Dans un rapport de vingt et une pages, la section de Nador de l’AMDH livre une version documentée et sans concession sur les faits. La principale information nouvelle est le nombre de personnes portées disparues qui est de 64 selon cette ONG. Ce chiffre inquiétant a été publié dans le rapport de l’AMDH Nador intitulé : « La tragédie au poste frontalier de Bario Chino : Un crime ignoble des politiques migratoires européennes, espagnoles et marocaines ».
Interdiction d’identification des morts
« Ce rapport a été élaboré à la suite de la tragédie survenue le 24/6/2022 au poste frontalier de Bario chino entre Nador et Melilla qui a coûté la vie à 27 demandeurs d’asile et des dizaines de disparus (64 cas), de blessés et des centaines de refoulés à cause d’une répression sans précédente des autorités marocaines avec la complicité de leurs homologues espagnoles », indique ce document. Le nombre de morts qui dépasse celui officiellement annoncé (23) est maintenu par l’AMDH : « Nos sources et nos chiffres sont fiables. Nous les avions annoncés très tôt, au début de la pandémie », répond Omar Naji de l’AMDH Nador.
Le chiffre des disparus a été obtenu grâce à une collecte de témoignages et d’informations directement auprès des familles des disparus, essentiellement soudanais. « Nous continuons à recevoir des messages, avec photos d’identité de personnes éventuellement disparues que nous vérifions et nous publions sur nos réseaux sociaux », précise l’AMDH Nador. L’association s’est rendue à la morgue de Nador munie de photos des personnes disparues pour identifier les corps, mais elle s’est vue notifier une fin de non-recevoir. « Nous étions interdits d’accès, pourtant il nous a été possible de faire ce travail durant des années car notre rôle est de donner des informations fiables aux familles qui cherchent des nouvelles sur les enfants », regrette Naji, qui dénonce le silence des autorités sur ce dossier.
« Nous étions interdits d’accès de la morgue ».
O. Naji, AMDH Nador.
Dans son rapport, l’AMDH maintient sa revendication pour l’ouverture d’une enquête indépendante. « Jusqu’à présent du côté marocain comme du côté espagnol, les autorités s’échinent à ouvrir des enquêtes sérieuses et indépendantes pour déterminer les responsabilités et les rôles joués par toutes les parties », déplore l’AMDH. Cette enquête judiciaire devrait comporter des autopsies détaillées des cadavres et l’identification des morts. Des mesures « en cours de réalisation par le Parquet », selon le CNDH.Mais que l’AMDH dit « n’avoir pas pris connaissance de ces mesures, alors que la liste des portés disparus à la suite de cette tragédie ne cesse de s’élargir ».
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Au terme de ce rapport, l’AMDH exige que les victimes des politiques migratoires mortifères « ne tombent pas dans l’oubli ». AMDH Nador exhorte « tous les défenseurs des droits humains crédibles à réaliser l’ampleur de la tragédie et le poids des enjeux mis en place pour décriminaliser des politiques migratoires et blanchir le rôle des financements européens, pour plus de coordination et travailler ensemble afin de faire toute la lumière sur toutes les zones d’ombre de cette tragédie ».
Bon travail, bravo.