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À Rabat, Requiem pour les morts aux frontières 

Un mois après le drame de Nador, la Plate-forme des Associations et communautés subsahariennes au Maroc (ASCOMS) et le Diocèse de Rabat ont organisé une communion en hommage aux victimes du drame Nador-Melilla à la cathédrale Saint-Pierre à la capitale. Reportage. 

Communion d’hommage aux victimes du drame de Nador-Melilia du 24 juin à Rabat. Crédit photo: ENASS.

Sur le parvis de la cathédrale, une ambiance multiculturelle et inter-religieuse dominait cet espace le 22 juillet dernier. Beaucoup de gens se sont rassemblés, des Subsahariens, des Marocains et des Européens viennent pour assister à cette messe en hommage aux victimes du drame de Nador-Melilla du 24 juin 2022. À Rabat, les communautés migrantes et les fidèles chrétiens, musulmans ou autres viennent assister à cette commémoration de ces réfugiés soudanais. Chacun prend sa place, le silence est maître des lieux, le pasteur de l’église démarre cette messe. 

Hommage aux victimes 

« C’est l’église catholique qui a été contactée pour réaliser un temps de prière pour les victimes de tout bord du drame du 24 juin à la frontière Nador-Melilla », affirme le pasteur de la cathédrale et demande à la chorale d’entonner le premier chant. Tout le monde est concentré, le cœur serré, les visages tristes et les yeux de quelques personnes remplis de larmes.

Communion d’hommage aux victimes du drame de Nador-Melilia du 24 juin à Rabat. Crédit photo: ENASS.

Le pasteur enchaîne son discours sur l’importance de la vie humaine, du droit à la vie, lit un message en hommage à ces réfugiés morts dans cet événement tragique. Ensuite, le maître de cérémonie a demandé au pasteur de la communauté subsaharienne de prendre la parole pour un hommage. Ce dernier explique « sa tristesse face à cette mort tragique, en revendiquant la responsabilité des Etats face à ce meurtre », pointe-t-il du doigt. Et d’ajouter : « Nous avons organisé cette messe pour les victimes et les blessés, et leurs proches. Nous prions pour eux, nous prions pour tous ces gens, nous prions pour l’humanité », insiste-t-il. Le père récite quelques versets bibliques en demandant aux fidèles chrétiens de participer à cette prière. 

Pour d’autres politiques migratoires 

Communion d’hommage aux victimes du drame de Nador-Melilia du 24 juin à Rabat. Crédit photo: ENASS.

Cet hommage est la première activité publique de la communauté subsaharienne après le terrible drame. Seul un sit-in avait été organisé en hommage aux victimes. Cet hommage a connu la participation des représentants de la confession musulmane aussi, Sow Mamadou Bhoye, doctorant guinéen, a présenté cette communauté, en lisant un discours sur comment l’islam honore la vie humaine et à quel point la vie des personnes est sacrée, en ajoutant que « Dieu a insisté sur la bientraitance des migrants et ce qui s’est passé est intolérable ». 

« Aujourd’hui au Maroc, qu’on soit des migrants réguliers ou en situation irrégulière, on donne la main pour mieux vivre dans ce pays et qu’on soit bien traité par les autorités marocaines », explique Sow Mamadou Bhoye.

« Dans un monde plus beau, personne ne devrait avoir mourir en cherchant une vie meilleure ou de donner un sens à sa vie, mais malheureusement nous sommes sur terre et le déplacement de certaines personnes reste légitime et des autres est criminalisé parce qu’ils n’ont pas le bon passeport ils sont obligés d’aller mourir à la frontière », affirme Marinette Aurore. 

« Nous sommes là pour dire que nous sommes des humains, peu importe la couleur de la peau, d’où l’on vient et que la vie humaine reste sacrée ».

Marinette Aurore, participante à la messe.
Communion d’hommage aux victimes du drame de Nador-Melilia du 24 juin à Rabat. Crédit photo: ENASS.

Cette participante à la messe poursuit son plaidoyer :« Nous sommes là pour dire que nous sommes des humains peu importe la couleur de la peau, d’où l’on vient et que la vie humaine reste sacrée ainsi pour rappeler encore ce soir, que ce sont des vies, c’est peut-être des chiffres pour certains, peut-être de simples migrants mais derrière ces chiffres il y a des vies. Et aujourd’hui encore il y a des mères qui ne vont jamais revoir leurs fils, nous sommes là pour dire que les états doivent trouver des politiques migratoires sûres pour que plus jamais une mère n’ait à pleurer son fils parce qu’il cherche juste une vie meilleure ». 

« Pour que plus jamais une mère n’ait à pleurer son fils parce qu’il cherche juste une vie meilleure ». 

Marinette Aurore, participante à la messe.

Avant que la messe ne se termine, un panier de collecte de dons a fait le tour de la salle, signe des grands besoins nécessaires pour le soutien aux rescapés du 24 juin. Le pasteur clôture la cérémonie en insistant sur le fait que les deux religions parlent de la tolérance, la paix et de la solidarité. Il exprime ses condoléances encore fois aux familles et à la communauté migrantes et insiste sur l’urgence de donner de l’aide à tous ces blessés dans ces temps de crises : « Que l’on soit musulman, chrétien ou tout autre conviction, ce qui est important c’est que l’humanité nous rassemble », rappelle-t-il, en ces temps où l’humanité se déchire autour d’enjeux politiques et religieux.

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