Drame de Nador-Melilla: « Un acharnement judiciaire contre les réfugiés »
Deux mois après les événements de violence à la frontière avec l’enclave espagnole, des ONG marocaines et espagnoles, ont dénoncé un «acharnement judiciaire» visant les migrants, après que 47 aient été condamnés par le Tribunal de première instance de Nador dans le cadre des événements du 24 juin dernier.

Les cinq organisations ont déploré «la poursuite de la répression que subissent les migrants et les réfugiés», alors qu’une nouvelle audience d’un groupe de 28 ressortissants devant la Cour d’appel dans le même cadre est prévue pour le 17 août.
Des procès expéditifs à une seule version des faits
L’Association marocaine des droits humains (AMDH), le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc (CCSM), l’Association d’aide aux migrants en situation de vulnérabilité (AMSV), ATTAC Maroc et Caminando fronteras (Espagne), explique que ces «procès expéditifs», où «une seule version des faits semble dominer», constituent «une criminalisation de la migration et de l’asile».
«Cette vague d’arrestations, de poursuites et de condamnations, sans précédent, constitue une dangereuse escalade à l’encontre du droit des migrants et réfugiés au Maroc et elle est contraire à la Convention de Genève sur les réfugiés dont le Maroc est signataire».
Les signataires de ce communiqué condamnent les premiers jugements prononcés contre les 47 réfugiés et migrants et exigent «l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre des réfugiés dans le cadre du drame du 24 juin», en plus de permettre «des procès équitables pour les réfugiés et migrants poursuivis dans le cadre des affaires, avec des expertises médicales et des contre-expertises médicales pour statuer sur les véritables victimes de ce drame, ainsi que la présence de témoins du côté des réfugiés».
Ensuite, ces organisations appellent à «l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante du côté marocain comme espagnol, ainsi qu’au niveau international».
«Nous exigeons la fin des politiques criminelles financées par l’Union européenne et ses nombreux complices, les Etats, certaines organisations internationales et plusieurs organisations de la société civile qui assurent la sous-traitance de ces politiques criminelles», ont-elles ajouté.
Dans le même communiqué, les cinq ONGs ont appelé les représentations diplomatiques des pays africains, présentes au Maroc «d’assumer pleinement leurs responsabilités en matière de protection de leurs ressortissants, au lieu d’être complices des politiques en cours».
Enfin, les signataires ont également salué les membres de la défense, les avocats mobilisés durant ces procès pour « garantir une défense et un procès juste à ces réfugiés et migrants».
Pour rappel, à la suite du drame du 24 juin à Nador dont au moins 23 migrants sont décédés, 77 ont été blessés et 140 parmi les agents marocains, un premier groupe de 33 migrants a été condamné en première instance à 11 mois de prison ferme chacun alors qu’un deuxième de 14 autres a écopé de 8 mois de prison ferme chacun, tandis que le verdict des 28 devant la Chambre criminelle près la Cour d’appel est prévu le 17 août.
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