Reportages, UNE

À Derb Soltan, les femmes manifestent contre la vie chère

Femme participante à la manifestation contre la cherté de vie à Casablanca

Elles arrivent au milieu du sit-in organisé par le Front social marocain (FSM) à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la pauvreté. Ces habitantes du quartier Derb Soltan brisent l’imposante ceinture de sécurité autour de cette manifestation pour exprimer leur colère « face à la cherté de la vie », nous disent-elles à l’unisson. Malgré le contexte de crise socio-économique, ce sit-in tenu le 17 octobre n’a pas réussi à mobiliser un grand nombre de manifestants. Seules quelques femmes du quartier ont tenu à exprimer leur colère. 

Plus chère la vie 

La Place Sraghna est quadrillée de toutes parts par les différentes composantes des forces de l’ordre. L’accès à la Kissariat de Derb Soltan est bloqué par deux véhicules de police et des forces auxiliaires. Au milieu de la place, la prière d’Al Maghrib est organisée dans la mosquée improvisée sur cet espace public. Bon nombre de fidèles terminent leur prière et rejoignent les nombreux cafés du quartier.

« Tout est cher, les produits de première nécessité, les factures d’eau et d’électricité explosent. C’est intenable ». 

les manifestants du Sit-in

A 19h15, le sit-in du FSM démarre timidement. Les militants habitués à ces manifestations sont au rendez-vous. Ils attendent une présence plus grande des citoyens pour exprimer leur colère face à l’inflation des prix (8% en août 2022 et 5,5% sur l’année). Pourtant, la mobilisation est faible. Seules quelques femmes rejoignent le sit-in. « Tout est cher, les produits de première nécessité, les factures d’eau et d’électricité explosent. C’est intenable », constate cette femme qui travaille comme aide domicile. Même son de cloche de sa voisine : « Chaque semaine, les prix des fruits et légumes augmentent, il n’y a aucun contrôle. Ils font ce qu’ils veulent ». 

La décomposition de l’inflation totale par groupe de produits et services montre que la hausse des prix (58%) est due à la composante « Produits alimentaires » « Transport » 22%. Après une crise Covid-19 désastreuse pour les ménages, les familles marocaines supportent seules la cherté de la vie.

Manifestation contre la cherté de vie à Derb Sultan Casablanca

Les pauvres, victimes du Covid-19

Les marocains qui ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité depuis la crise du Covid-19 , HCP

Derb Soltan-El Fida est le quartier paupérisé par excellence. Cet arrondissement avec une densité importante, 200 000 habitants et 40 000 ménages, c’est une petite ville cloîtrée dans une superficie exiguë et dans des conditions de vie difficiles. Le tissu urbain est vieillissant et menace de ruine dans plusieurs ruelles de Bni Mguild et Bouchentouf. Et le Covid-19 a laissé des traces, comme le montrent les derniers chiffres du HCP. 

Les effets de la pandémie Covid-19 sur le niveau de vie des ménages au Maroc sont foudroyants. Le niveau de vie a annuellement baissé de 2,2% entre 2019 et 2021. L’incidence de la pauvreté absolue a augmenté de 1,7% en 2019 à 3% en 2021 au niveau national. En 2014, le taux de pauvreté monétaire à El Fida était de 1,6%, mais il devrait aujourd’hui dépasser les 2%. Quant au taux de vulnérabilité, il est passé de 7,3% en 2019 à 10% en 2021 au niveau national. Résultat : 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions). Triste record. Les femmes de Derb Soltan promettent aux organisateurs de venir plus nombreuses à ces sit-in contre la cherté de la vie.

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