Droit à l’avortement, Menassat relance le débat
Le droit à l’avortement est à nouveau au cœur des discussions sociales. Le Centre Menassat pour les recherches et les études sociales s’est saisi de cette question pour apporter un regard scientifique.
Pour les premières Assises de Menassat, ce centre de recherches s’est intéressé à la question de l’avortement. Cette rencontre s’est tenue samedi le 22 octobre 2022 à Mohammedia, où Wafaa Beloua, journaliste et lauréate du programme JIL, a présenté un policy-paper qui aborde les débats autour de la question de l’avortement au Maroc, à la lumière des changements sociaux et les contraintes législatives.
Légiférer sur l’avortement au Maroc : Une urgence
« Nous avons programmé ces sessions de rencontres après un an de formation dans le cadre du programme JIL, ça consiste à présenter et débattre des policy-papers sur lesquels les jeunes chercheurs participants ont travaillé », affirme Pr. Aziz Mechouat, directeur du centre Menassat.
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Selon ce professeur universitaire, le but du programme JIL est de connecter la recherche académique scientifique que fait Menassat, dont l’étude quantitative élaborée par le centre sur les libertés individuelles au Maroc et qui a donné un ensemble de résultats sur lesquels les participants de JIL ont travaillé pour construire leur policy-paper.
« À travers ces policy-papers nous avons constaté que les femmes, en situation de précarité, sont les plus lésées».
Wafaa Beloua, journaliste et lauréate du programme JIL.
Lors de cette première rencontre, Wafae Beloua, lauréate du programme JIL, a présenté le premier policy-paper sur l’avortement au Maroc. « Nous avons travaillé sur le sujet de l’avortement entre le vécu et les contraintes législatives, on s’est concentré sur des statistique de terrain, officielles et aussi de la société civile, mais aussi des rencontres et des interviews avec des personnes qui ont vécu l’expérience de l’avortement», explique-t-elle. Et d’ajouter: « À travers ces policy-papers nous avons constaté que les femmes, en situation de précarité, sont les plus lésées mais également qu’il y a tout une volonté politique pour changer la loi, tout ce qui manque aujourd’hui c’est de prendre le sujet au sérieux, revoir ces textes de loi et les changer de façon qui sera adaptée au contexte actuel .»
Un débat qui s’avère important afin de donner à la femme le droit à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) si elle le désire et d’éviter les drames des avortements clandestins dont les filles et les femmes sont victimes.
« Depuis le projet de loi en 2016, les choses n’ont pas avancé, on aurait dû extraire ce projet de loi et ne pas le laisser dans le Code pénal.».
Professeur Chafik Chraïbi, fondateur de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC).
Dans une intervention enregistrée, le gynécologue obstétrique et fondateur de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), le professeur Chafik Chraïbi, a expliqué que « depuis le projet de loi en 2016, les choses n’ont pas avancé, on aurait dû extraire ce projet de loi et ne pas le laisser dans le Code pénal, pour le traiter séparément, dépénaliser l’avortement et l’intégrer dans un Code de la santé. Aujourd’hui il est temps de changer les choses ».
Pour rappel, en début de septembre dernier, une adolescente est décédée dans la commune rurale de Boumia (province de Midelt), à cause d’un avortement clandestin. Ce drame a créé une grande colère des ONGs et la société civile qui ont incité sur l’urgence de changer la loi et de dépénaliser l’IVG.