RdR-MAROC mobilisée face à l’héroïne au nord du Maroc

L’Association nationale de réduction des risques des drogues (RdR-MAROC) mène un combat vital contre les effets de l’héroïne par injection au nord du Maroc. Interview-bilan.
RdR Maroc a été créée en 2008 par des acteurs du système de la santé au Maroc et des activistes pour le droit à la santé. « Après le constat officiel de la gravité de la situation de l’utilisation répandue de l’héroïne par injection au nord du Maroc, une stratégie nationale est mise en place », indique RdR Maroc. Anouar Tanouti, coordinateur de RdR dans la ville de Nador, fait le point sur la situation de la réduction des risques au Maroc. Il évoque les chantiers à mener pour plaider les droits humains des Usagers des drogues injectables (UDI) ainsi que celui de la citoyenneté et lutter contre la stigmatisation et la marginalisation de cette population.
ENASS : Pouvez-vous nous présenter l’association RdR Maroc ?
Anouar Tanouti : RdR Maroc est une association marocaine qui compte 8 sections dans le pays (Nador; Oujda, Al Hoceima; Tétouan, Rabat ; Marrakech; etc). Son but principal est la défense des droits des UDI comme l’ensemble des usagers de drogue au Maroc. Notre but est qu’ils puissent accéder pleinement à leurs droits en tant que citoyens. La finalité de notre travail est leur réintégration au sein de la société afin que ces personnes puissent avoir un nouveau projet de vie.
ENASS : Quel bilan faites-vous de ces actions, surtout depuis le lancement des Centres d’addictologie au nord du Maroc ?
Anouar Tanouti : Il y a eu des avancées significatives. Depuis la création des Centres d’addictologie, nous pouvons constater une évolution vers le bon sens car l’approche de la réduction des risques auprès des usagers est désormais intégrée dans les politiques publiques de la santé au Maroc. Ce travail a donné lieu à une convention entre le ministère de la Santé, la Fondation Mohammed V pour la solidarité et RdR Maroc. L’approche droit est désormais institutionnalisée.
ENASS : Sur plan sanitaire, quels sont les effets de cette politique de réduction des risques ?
Anouar Tanouti :Les UDI ont pu accéder aux traitements alternatifs. C’est une avancée notable. Ceci a eu un effet aussi sur la lutte contre les maladies transmissibles qui touchaient ces populations à risque. On observe une baisse de la séropositivité chez les UDI de manière significative. Les UDI font partie des catégories de la population les plus à risque d’être touchées par le VIH-SIDA. Le traitement alternatif fait partie d’une série de services auxquels cette population accède, recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé. En chiffres, le taux d’infection au VIH à Nador est passé 24% chez les UDI en 2011 à 10% en 2017, ce sont des résultats encourageants.
L’inclusion de ces populations marginalisées dans ce nouveau système de Protection sociale.
Anouar Tanouti
ENASS : Quels sont les défis à venir ?
Anouar Tanouti : Nous sommes face à plusieurs défis, mais pour ne prendre que celui qui est d’une grande actualité, c’est celui de l’inclusion de ces populations marginalisées dans ce nouveau système de Protection sociale. Cette population se trouve dans une grande précarité, plusieurs fois privées de la CIN ou de la carte RAMED. On s’interroge sur la capacité à inclure ces personnes dans ce nouveau système car on ne peut pas accepter que ces personnes demeurent privées de ce droit à la santé. Un droit inscrit dans la Constitution et son article 31.