MIGRATIONS, UNE

Travailleurs migrants : Un long de chemin…

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a publié le document officiel le plus actualisé sur la migration de travail au Maroc. ENASS revient sur les ses principales conclusions de cet enjeu pour le monde du travail.

Présents partout mais des droits nuls. C’est la triste réalité des travailleurs migrants au Maroc. Présents dans l’agriculture, les services (restauration, travail domestique, boulangerie, etc.), l’industrie ou l’offshoring, ces travailleurs contribuent dans les centres urbains au développement économique du Maroc. Le document du Conseil économique, social et environnemental (CESE) est une réponse à une demande sociale pour en connaitre un peu plus sur cette population. Cette auto-saisine publiée en 2018 par cette institution actualise les données sur cette populations. Les experts du CESE commencent par rappeler quelques constats essentiels sur le plan international. 

Trois observations

« Dans le monde, les travailleurs migrants, estimés aujourd’hui autour de 150,3 millions dans le monde, ont contribué, entre les années 2000 et 2014, de 40 à 80% à la croissance de la force du travail dans les principaux pays de destination et à hauteur de 9,4% du PIB mondial, l’équivalent de 6,7 trillions de dollars », peut-on lire dans ce document.

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Cette contribution est estimée importante avec une attention portée à la main-d’œuvre qualifiée. « La plupart des pays ont cherché à l’attirer d’abord pour leur enrichissement économique par de nouveaux talents et connaissances, mais aussi pour combler des besoins dans des secteurs spécifiques, à l’instar des migrants médecins, informaticiens et ingénieurs », rappelle le CESE. 

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En ce qui concerne le Maroc, il est très avancé en matière de ses engagements internationaux. « Le Maroc est le deuxième pays ayant ratifié la Convention des Nations Unies sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles et il est l’un des rares pays à ratifier les principaux instruments de l’OIT relatifs à la migration, à savoir la Convention 975 sur les travailleurs migrants (révisée) et la Convention 1436 sur les travailleurs migrants (dispositions complémentaires) », précise le CESE.

Sur le plan de la législation nationale, l’emploi de migrants est régi par les dispositions du Code du travail de 2004, au niveau du chapitre V, relatif à l’emploi (les articles 516 à 521), des salariés étrangers, et par la loi n° 19.12 fixant les conditions de travail et d’emploi des travailleurs domestiques. Cet emploi est subordonné, sur la base de l’article 516 du Code du travail, à l’obtention d’une autorisation de l’autorité gouvernementale chargée du travail, accordée sous forme de visa apposé sur le contrat de travail. Cette autorisation peut être retirée à tout moment par l’autorité gouvernementale chargée du travail.

« Pour le Maroc, l’impact de cette migration de travail, d’origine ouest-africaine, effectuée dans un cadre légal et ordonné, pourrait présenter plusieurs avantages ».

CESE

« Pour le Maroc, l’impact de cette migration de travail, d’origine ouest-africaine, effectuée dans un cadre légal et ordonné, pourrait présenter plusieurs avantages. Ses retombées économiques sont le renforcement des flux commerciaux, la satisfaction des besoins dans des filières spécialisées dans les secteurs de la télécommunication, l’agriculture, le bâtiment et le tourisme », préconise le CESE.

« Ses retombées économiques sont le renforcement des flux commerciaux, la satisfaction des besoins dans des filières spécialisées dans les secteurs de la télécommunication, l’agriculture, le bâtiment et le tourisme ».

CESE

Tout en rappelant que « l’effet de substitution des emplois avec les migrants serait dans ce cas limité. Dans le contexte actuel, l’impact de la main- d’œuvre sur le marché du travail peut être observé essentiellement dans le secteur informel, principalement le bâtiment, l’agriculture, le commerce et certains domaines des services comme le tourisme », nuance le CESE. 

Recommandations

Après ces constats, le CESE avait émis 3 recommandations que nous présentons dans cet article :

1.Accès équitable au marché de l’emploi

L’insertion par l’emploi constitue un élément central de l’intégration des étrangers au sein de la société marocaine. Le CESE recommande de renforcer le processus d’intégration des migrants par l’emploi et ce en mettant à niveau les mécanismes existants permettant un accès équitable au marché du travail.

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2. Définir les besoins sur le marché de travail

Il convient tout d’abord de réaliser une étude afin de définir les besoins futurs sur le marché du travail et disposer d’une base de données sur les profils des migrants et leurs secteurs de travail (formels et informels).

3. Développer le processus de reconnaissance et de validation des acquis

Il s’agit aussi de développer le processus de reconnaissance et de validation des acquis de l’expérience professionnelle au profit des migrants en l’adossant à un référentiel des emplois et métiers et de prévoir un mécanisme d’homologation des diplômes.

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