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L’ADFM lance son plaidoyer pour l’école d’égalité

L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a organisé, mardi 24 janvier à Rabat, une table ronde dans le cadre du lancement de son mémorandum de plaidoyer « Pour une école de l’égalité entre les sexes ». Focus.

Table ronde « Pour une école de l’égalité entre les sexes » organisée par l’ADFM à Rabat

Cette table ronde s’est tenue à l’occasion de la Journée mondiale de l’éducation, célébrée le 24 janvier de chaque année avec l’objectif notamment, d’explorer l’avenir de l’égalité des sexes à travers les composantes du système éducatif et les approches les plus efficaces pour en faire une réalité tangible dans la « nouvelle école marocaine ».

Ecole d’égalité : un long chemin à parcourir 

«Depuis ces 20 dernières années, des projets ont été mis en place pour faire avancer le dossier de l’égalité des sexes mais malheureusement il n’y a pas eu une consolidation de ces efforts. »

Amina Lotfi, présidente du bureau de l’ADFM à Rabat.

Mardi 24 janvier, les différentes parties prenantes du système éducatif, notamment les associations des droits humains, les syndicats de l’enseignement, les organismes représentant les inspections pédagogiques, et les fédérations des associations de parents d’élèves ont participé à cette table ronde. Les débats ont permis de faire l’état des lieux de l’égalité des sexes dans le système éducatif mais aussi de mettre en lumière les démarches à adopter pour lutter contre les stéréotypes de genre, dans l’optique de promouvoir l’égalité fille/garçon dans l’école publique, promue par le ministère de l’Education, du préscolaire et des sports.

« Depuis ces 20 dernières années, des projets ont été mis en place pour faire avancer le dossier de l’égalité des sexes mais malheureusement il n’y a pas eu une consolidation de ces efforts. Cela veut dire, que d’un gouvernement à un autre, il n’avait pas reprise de flambeau pour continuer le travail fait », nous a confié Amina Lotfi, présidente du Bureau de l’ADFM à Rabat.

Beaucoup d’efforts ont été déployés pour la consécration des principes de l’égalité des sexes, depuis que la Constitution de 2011, partant de l’adhésion du Royaume aux droits humains universels, ce qui a permis de réaliser un progrès notable, notamment en matière de déconstruction des préjugés, de formation des enfants à la culture de l’égalité. 
Néanmoins, un long chemin reste à parcourir pour assurer la continuité du travail réalisé depuis des années. C’est le constat relevé par le mémorandum de l’ADFM qui met en évidence un manque d’institutionnalisation de l’égalité en termes de concepts et de pédagogie, dans les contenus de classe et ceux parallèles. Une réalité que l’ADFM attribue à l’absence d’une vision cohérente et transversale, mais aussi à l’absence de continuité dans l’action du gouvernement pour conforter les avancées réalisées.

La recherche pour une meilleure compréhension des inégalités 

Le chercheur en anthropologie sociale et culturelle, Mohamed Al-Saghir Janjar était parmi les intervenants de cette table ronde, et a affirmé que « le capital humain au Maroc, comme dans le reste du monde dans les années à venir, sera féminin, qu’on le veuille ou non », soulignant que les femmes marocaines sont promises à occuper une position de premier plan dans la société dans les années à venir, malgré les manifestations d’inégalité qui prévalent encore dans la société, en particulier dans le système éducatif.

« La recherche pour comprendre ce qui se passe dans les classes, et dans l’espace scolaire en général ou les inégalités entre les sexes sont souvent présentes ».

Mohamed Al-Saghir Janjar, chercheur en anthropologie sociale et culturelle.

Il a poursuivi en insistant sur la nécessité de capitaliser sur la présence importante des femmes dans le système éducatif pour promouvoir l’égalité. Ainsi il a expliqué l’importance de déployer des actions de sensibilisation plus soutenues envers  les élèves et les étudiants.
Mohamed Al-Saghir Janjar a souligné que l’approche principale de la lutte contre l’inégalité entre les sexes dans le système éducatif nécessite la production de connaissances dans ce domaine afin de mieux comprendre la question de l’égalité des genres, en particulier au niveau de la recherche sociologique, affirmant : «La recherche pour comprendre ce qui se passe dans les classes, et dans l’espace scolaire en général ou les inégalités entre les sexes sont souvent présentes ».

Sensibilisation et formation : Les clés vers l’égalité

« Au-delà de la formation à l’éducation et à la pédagogie, les futurs enseignants devront être formés de manière initiale au sein des centres de formation puis de manière continue dans les écoles pour lutter contre les stéréotypes sexistes et assurer le respect de l’égalité des genres au sein des classes », a indiqué Amina Lemrini, membre de l’ADFM.

Face à l’insuffisance de la recherche en ce qui concerne la question de l’égalité de genre, l’ADFM mentionne qu’aucune action ne peut donner pleinement ses fruits sans la formation, l’accompagnement et la sensibilisation des enseignants et du corps administratif au sein de l’école, à l’égalité des sexes. 
Au moment où le Maroc travaille sur une nouvelle feuille de route 2022-2026 visant à instaurer une école publique de qualité pour tous, l’ADFM insiste sur  la nécessité d’intégrer « l’École de l’égalité » dans les indicateurs clés du changement de paradigme pour établir la nouvelle école marocaine.
Dans ce sens, les organisateurs ont expliqué que les amendements apportés à la faveur de la réforme du Code de la famille en 2004 n’ont pas permis d’opérer des changements profonds, faisant état de la présence de contenus sexistes, explicitement sous forme d’attitudes négatives par rapport aux filles, dans les manuels scolaires.

« Au-delà de la formation à l’éducation et à la pédagogie, les futurs enseignants devront être formés de manière initiale au sein des centres pour lutter contre les stéréotypes sexistes et assurer le respect de l’égalité des genres au sein des classes ».

Amina Lemrini membre de l’ADFM

« Il faut veiller à éradiquer tous les préjugés, les éléments discriminatoires et sexistes à l’égard de la femme des manuels scolaires, du préscolaire au baccalauréat, tout en faisant des activités scolaires d’apprentissage en mesure de promouvoir la culture des droits de l’Homme afin que les étudiants prennent conscience de leurs droits et de respecter ceux des autres », affirme Amina Lemrini.

Si les constats sont là, les remèdes le sont aussi. Seule une approche globale, volontaire, et consciente des enjeux politiques, culturels et stratégiques peut faire la différence et garantir une école d’égalité au Maroc..

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