Affaire Benotmane: Appel à un procès équitable et juste
Le procès en appel du militant Rida Benotmane a repris cette semaine. Il fait partie des nombreux procès politiques de ce début d’année. Faits marquants de l’audience tenue le 13 février.
À la salle n°2 de la Cour d’appel de Rabat, le dossier du militant Benotmanereprend pour une audience consacrée aux respects des procédures de formes. Ce militant de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) a été condamné à trois ans de prison ferme en première instance en 2022 à la suite d’un « procès inéquitable » selon l’avis de son Comité national de soutien.
Sa famille et les militants pour les droits de l’homme sont présents pour soutenir Rida et sa famille. Cette audience a permis à la défense de présenter « les vices de forme observés durant l’instruction de ce dossier », expliquent les avocats du militant.
« Pour un procès juste et équitable »
Il est 12h 30, Rida fait son entrée dans la salle et le juge donne la parole à sa défense. Me Messaoudi s’adresse au juge-président pour lui demander si Rida peut s’asseoir pour ne pas se fatiguer durant l’audience. Le magistrat accepte la demande du membre de la défense.
Les avocats commencent leurs plaidoiries en présentant les vices de forme et expliquent « les erreurs commises dans le procès du militant tout en demandant de revoir le dossier ».
« La façon avec laquelle Rida a été arrêté ne conforme pas à ce que la loi dit, personne de sa famille n’a été informé de son lieu de détention », affirme Me Messaoudi
« Si on condamne Rida pour outrage à un organisme réglementé par la loi, outrage à des fonctionnaires publics dans l’exercice de leurs fonctions, et de diffusion et distribution de fausses allégations, nous voulons juste comprendre si un de ces organismes ou un membre de ces institutions a porté plainte contre Benotmane ? Est-ce que ses écrits et ses vidéos ont causé un désordre dans le pays ? » s’interroge Me Messaoudi, un habitué des procès politiques au Maroc.
« Ce genre de procès est une honte pour ce pays. On vous demande de revoir et de prendre en considération ces éléments que nous avons mentionnés, c’est vous la justice »
Me Abderrahime Jamai, lors de sa plaidoirie sur la forme.
Un autre ténor du barreau prend la parole, Me Abderrahime Jamai, il lance au juge-président : « Ce genre de procès est une honte pour ce pays. On vous demande de revoir et de prendre en considération ces éléments que nous avons mentionnés, c’est vous la justice ». Et de poursuivre :« Rida n’a pas pu bénéficier d’un procès juste et équitable que la loi marocaine lui garantit et on vous demande de revoir cette anomalie de revenir sur ces éléments que nous avons évoqués », poursuit-il
Après la fin des plaidoiries de la défense, le juge-président donne la parole au représentant du Parquet qui salue l’acte du juge d’avoir accepté la demande de la défense pour donner la possibilité à Benotmane de s’asseoir, « c’est ce qui montre que la Cour garantit un procès équitable à l’accusé », conclut rapidement le représentant du parquet.
Ensuite, le représentant du Parquet exprime son désaccord avec les points avancés par la défense : « Rida est un intellectuel et il est même un doctorant. Les PV ont été signés par lui, donc il les a lus et approuvés », résume le magistrat. La prochaine audience est prévue le lundi prochain, un certain 20 février. Rida se prépare pour quitter la salle, il affiche un sourire et salue de loin sa famille, ses avocats et le comité de soutien.
Une nouvelle demande de liberté provisoire en faveur du militant est introduite. Elle a été traitée le lundi même et refusée une énième fois par la Cour.
Mobilisation en faveur de Benotmane
« L’audience a connu des plaidoiries remarquables de la part de la défense de Rida. Ses avocats ont montré que ce procès sanctionne les opinions et la liberté d’expression de Benotmane. Il s’agit d’un procès purement politique ».
Khadija Ryadi, Comité de soutien de Rida Benotmane
Plusieurs organismes de défense des droits humains font le suivi de ce dossier depuis l’arrestation et la détention de Rida et sa condamnation en première instance. « L’audience a connu des plaidoiries remarquables de la part de la défense de Rida. Ses avocats ont montré que ce procès sanctionne les opinions et la liberté d’expression de Benotmane. Il s’agit d’un procès purement politique », nous affirme Khadija Ryadi, membre du Comité de soutien à Rida Benotmane et membre de l’AMDH, à la sortie de la salle d’audience. Et d’ajouter : «On demande la liberté de Rida et de tous les détenus politiques».
« Cette affaire n’est que la dernière manœuvre des autorités consistant à invoquer des poursuites absurdes pour faire taire les voix critiques et mettre en lumière la répression de la liberté d’expression au Maroc ».
Amna Guellali, Amnesty International.
Dans le même sens, lors du procès en première instance du militant, Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, avait déclaré dans un communiqué que : « le seul ” crime ” qu’ait commis Rida Benotmane a été d’exprimer des griefs légitimes contre les autorités dans quelques publications et vidéos sur les réseaux sociaux. Cette affaire n’est que la dernière manœuvre des autorités consistant à invoquer des poursuites absurdes pour faire taire les voix critiques et mettre en lumière la répression de la liberté d’expression au Maroc ».