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Racisme et stigmatisation au Maroc : Le diagnostic du GADEM 

Le GADEM livre un diagnostic sans concession sur la montée des discours de haine raciale et de stigmatisation au Maroc. Analyse de cette fièvre haineuse

Le GADEM appelle à « des actions concrètes et à un véritable débat démocratique, ouvert et franc sur ces questions ».  

« Discours d’incitation à la haine raciale sur les réseaux sociaux, stigmatisation et rejet des personnes noires étrangères au Maroc, propos et violences racistes particulièrement virulentes en Tunisie… ce début d’année 2023 a été fortement marqué par un contexte lourd », s’inquiète le GADEM dans son communiqué à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre toutes les formes de discriminations raciales et de la semaine sur le même thème du 23 au 26 mars. Pour l’association marocaine, il y a péril dans la demeure, elle appelle à « des actions concrètes et à un véritable débat démocratique, ouvert et franc sur ces questions ».  Cette vague a démarré en deux temps. 

Premier moment : Ouled Ziane 

Le GADEM rappelle la chronologie de cette montée du discours racistes sur les réseaux sociaux. « Début janvier 2023, des résidant·e·s du quartier d’Oulad Ziane à Casablanca ont manifesté contre l’existence d’un campement de fortune près de la gare routière abritant des personnes migrantes. Ces protestations ont donné lieu à des opérations musclées d’évacuation, à des altercations entre habitant·e·s de ce campement et membres des forces de l’ordre, ainsi qu’à des heurts avec des riverain·e·s », rappelle le GADEM. 

Et de préciser : « Les actions organisées à l’encontre des personnes étrangères résidant dans ce campement sont l’expression d’un ras le bol face à cette situation qui perdure ».

L’installation de ces personnes en migration est le résultat des déplacements forcés menés par les autorités marocaines pour éloigner les migrants des frontières européennes (Sebta et Mélila notamment). « Si l’émergence de ces campements est clairement le résultat de ces pratiques, les pouvoirs publics laissent la situation sur place se détériorer et la plupart des actions ciblant des personnes étrangères, principalement sur la base de leur couleur de peau, donne lieu à un déferlement de discours racistes sur les réseaux sociaux », prévient le GADEM. 

Deuxième moment : Les anti-mariage avec des africains de couleur

Le deuxième moment qui a été marqué par le déferlement du discours de haine est celui d’une campagne digitale prônant l’interdiction du mariage entre ressortissantes marocaines et « Subsahariens et autres citoyens de pays africains de couleur ». Lancé en février 2023, cette campagne est devenue virale. « Cette campagne à caractère raciste prône une forme de hiérarchisation entre différents groupes raciaux, ici les personnes noires étrangères perçues comme pouvant porter atteinte à l’identité et à « la beauté marocaine » , dénonce le GADEM. 

« Ce type de propos racistes interpellent à plusieurs titres. Ils sont tout simplement  inacceptables ».

Pour cette organisation de la société civile, active depuis plusieurs années dans la lutte contre les discours racistes au Maroc, « ce type de propos racistes interpellent à plusieurs titres, premièrement, car ils appellent au rejet et à la marginalisation, ensuite parce qu’ils occultent une réalité marocaine et offensent non seulement les personnes noires étrangères, mais également marocaines, et enfin, parce qu’ils font tristement écho aux événements les plus tristes de l’Histoire. Ils sont tout simplement aujourd’hui inacceptables », insiste le GADEM.

Quelles actions menées face à cette déferlante ? 

Le GADEM a choisi jusque-là de ne pas réagir à ces élans racistes et identitaires sur les réseaux sociaux proclamés par des groupes reprenant des propos généralement associés à des mouvements d’extrême droite en France et plus généralement, en Europe. Aujourd’hui à travers ce communiqué, l’ONG observe « une réalité inquiétante dans un contexte économique instable marqué par une inflation importante, et ce déferlement de propos haineux est alarmant, notamment lorsqu’on observe le cas de la Tunisie dans laquelle le 21 février, le plus haut niveau de l’Etat a repris ses propos à son compte donnant lieu, par la suite, non seulement à une forme de lynchage virtuel, mais aussi à de véritables actions et mesures racistes à l’encontre des personnes noires étrangères ».

Au Maroc, le gouvernement tient un discours plus mesuré. Le 2 mars 2023, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baitas, a déclaré lors d’un point presse tenu à la suite d’un conseil du gouvernement : « le Maroc, pays leader en matière d’accueil et d’intégration des immigrés, a rompu avec toutes les formes de haine et de discrimination raciale conformément aux dispositions de la Constitution et aux conventions internationales ratifiées ». Des propos rassurants mais démentis par les pratiques de terrain où les déplacements forcés du nord au centre du Maroc demeurent basés uniquement sur la couleur de la peau de la personne.  

C’est le constat du GADEM : « Au regard des événements depuis le début de l’année 2023 et des arrestations au faciès qui continuent d’être régulièrement opérées dans les principales villes du Maroc, notamment à Rabat, force est de constater que si l’engagement du Maroc pour rompre avec de vieilles haines intestines est sincère, la réalité – 10 ans après le lancement de la nouvelle politique de 2013 – est tout autre ». 

Le Maroc doit « se doter des outils législatifs et institutionnels pour protéger efficacement toute personne victime de discriminations raciales ». 

Le GADEM appelle le gouvernement à « se doter des outils législatifs et institutionnels nécessaires et adéquats pour protéger efficacement et faire valoir les droits à réparation et au recours à toute personne victime de discriminations raciales ». 

Pour sa part, l’ONG continue à mener toute cette semaine une campagne de sensibilisation pour lutte contre les discriminations raciales sous le hashtag #semaine_contre_discriminations, une campagne digitale qui aura lieu sur les réseaux sociaux, le but est de « contribuer à un débat public nécessaire sur les questions de discriminations raciales dans le contexte actuel », conclut ce communiqué. 

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