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Migration: le Maroc épinglé à l’ONU

Adam Bekhit est la première victime du drame de Nador-Melilla du 24 juin à être identifiée par sa famille. Son enterrement à Nador coïncide avec les exigences renouvelées des familles de victimes et de l’ONU à ouvrir une enquête sur ce crime migratoire. Les détails. 

Fin mars dernier, la famille d’Adam Bekhit, jeune soudanais, se rend à Nador pour identifier et enterrer son fils. Le 31 mars 2023, la famille obtient l’autorisation de l’enterrement. C’est la première victime du drame du 24 juin 2022 à pouvoir être enterré. « Après une longue procédure, la famille a pu enterrer son fils au cimetière de Sidi Salem à Nador », indique l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Nador dans une communication publique. 22 autres corps se trouvent encore à la morgue de Nador et attendent d’être identifiés par les familles. Huit mois après les faits, l’exigence de justice et de vérité revient sur la table. Depuis Khartoum et Genève, le Maroc et l’Espagne continuent d’être pointés du doigt.

Lors de l’examen périodique du deuxième rapport du Maroc par le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille de l’ONU, ce comité a émis les observations finales concernant la situation des personnes migrantes au Maroc, le 13 avril dernier. Parmi les points abordés dans ce document, nous retrouvons un axe dédié à au drame du 24 juin dernier.

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Les griefs du comité : violence et discriminations

Dans l’axe « Droit à la vie et prévention de la torture et des traitements inhumains ou dégradants », le document onusien se montre intraitable vis-à-vis du Maroc. « Le comité est profondément préoccupé par les informations selon lesquelles les actions des forces de sécurité marocaines contre des migrants au poste-frontière entre Nador et Melilla en juin 2022 ont fait au moins 23 morts et des dizaines de blessés et que l’assistance médicale d’urgence n’a pas été fournie aux victimes », note ce comité. 

Le comité s’est dit également « préoccupé par les allégations selon lesquelles d’autres actes de violence, y compris la discrimination raciale ont été perpétrés ».

Le comité s’est dit également « préoccupé par les allégations selon lesquelles d’autres actes de violence, y compris la discrimination raciale et la destruction de biens privés et de nourriture, ont été perpétrés contre des réfugiés et des migrants vivant dans des logements informels à Nador et dans les environs dans les mois qui ont précédé les événements du 24 juin ».  

Le comité exhorte l’État marocain à mener plusieurs actions. La première exigence est de « veiller à ce que ces actes fassent l’objet d’enquêtes indépendantes, sérieuses et rapides, prenant en compte l’ensemble des violations, y compris la question de la discrimination raciale, et rendre public le rapport d’enquête élaboré à cette occasion et en assurer une diffusion conséquente ». 

La deuxième exigence onusienne est de « s’assurer que les responsabilités soient situées et que les sanctions soient proportionnelles à la gravité du crime commis contre les migrants ». 

Le comité exige de « poursuivre et sanctionner les responsables des violations, et notamment les agents de l’État impliqués ».

La troisième exigence est de « prendre des mesures appropriées pour garantir la non-répétition de ces violations ; poursuivre et sanctionner les responsables des violations, et notamment les agents de l’État impliqués, à des peines proportionnelles à la gravité de l’infraction ; faire en sorte que les victimes et les membres de leur famille aient accès à une réparation et indemnisation adéquates ». 

D’ailleurs, les familles des victimes originaires du Soudan se sont constituées en association, début mars 2023. Elles réclament de « faire toute la lumière sur ce drame ». 

À noter que le comité a examiné le deuxième rapport périodique du Maroc à ses 515e et 516e séances, le 28 mars 2023 et à sa 530e séance, le 6 avril 2023. 

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