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À Khénifra, aux carrières de l’esclavage moderne

Les carrières de Sidi Bou Abbad à la Grotte des Aigles dans la province de Khénifra a connu la mort de deux ouvriers dont un jeune de 18 ans. Révélations sur des conditions de travail inhumaines.

À quelques jours de la Fête des travailleurs, un nouveau drame impliquant des ouvriers s’est produit à Khénifra. « Les ouvriers des carrières de Sidi Bou Abbad dans la Grotte des Aigles dans la province de Khénifra ont subi l’horreur de l’effondrement d’énormes rochers sur la tête des ouvriers d’une carrière de marbre exploitée de manière artisanale », décrit l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) à Khénifra dans un communiqué. L’accident a coûté la vie à un jeune ouvrier de 18 ans et au conducteur d’un véhicule encore sous les décombres. « Cette catastrophe qui aurait pu être évitée si l’entreprise exploitant la carrière avait respecté les normes de sécurité imposées, et aussi si un contrôle strict avait été mis en place par les autorités compétentes », estime l’AMDH.  

Récit du drame

L’AMDH Khénifra s’est déplacée sur les lieux de l’accident. Selon son rapport, il n’y avait pas de panneaux de sécurité dans toutes les carrières de la région et il n’y avait pas de dispositifs de surveillance à distance pour les carrières. Le comité de suivi ne jouait pas son rôle de vigilance. « En plus les conditions de travail sont similaires à l’époque de l’esclavage. Les habitants de cette région précaire, les ouvriers travaillent sans déclaration à la Caisse nationale de sécurité sociale », révèle l’AMDH. 

La carrière concernée par ce douloureux incident fait l’objet d’un procès, et plusieurs avertissements

La carrière concernée par ce douloureux incident fait l’objet d’un procès, et plusieurs avertissements ont été prononcés à son encontre, en plus d’un arrêté d’arrêt des travaux qui n’a pas été respecté. L’AMDH dispose d’une copie d’une inspection à cet égard, en plus des plaintes déposées par les voisins de la carrière. « Les habitants sont victimes de la cupidité, du manque de respect et de la violation des lois, du manque de responsabilité juridique et de contrôle administratif », estime l’AMDH. 

Pour cette ONG, l’entière responsabilité de cette mort « incombe à l’entreprise propriétaire de la carrière, et du Comité des carrières, qui n’a pas rempli ses rôles et a ignoré la plainte d’un citoyen à cet égard, car s’il avait délibérément interagi sérieusement avec cette plainte, il aurait manqué la possibilité de cette douloureuse catastrophe », regrette l’AMDH. 

Enfin, l’AMDH Khénifra exige « justice pour les familles des victimes, et l’activation de la surveillance, que ce soit du Comité des carrières afin d’assurer la protection des travailleurs et de l’environnement, ou de l’Inspection du travail pour garantir des conditions de travail conformes aux dispositions du Code du travail tel qu’il est », conclut l’ONG des droits humains. 

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