Santé des travailleurs, sans loi ni foi
Dans son rapport sur la santé et la sécurité au travail, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) met en garde contre la non prise en charge de la santé des travailleurs. Les faits marquants.
Publiée par la Commission de l’emploi et des relations professionnelles, cette auto-saisine rappelle en premier quelques chiffres marquants au niveau international et national. « Les accidents du travail et les maladies professionnelles constituent un fléau à l’origine, au niveau mondial, selon l’OIT, de près de 2,78 millions de décès par an. Selon la même source, ces accidents engendrent au niveau national un coût estimé à 4,25% du PIB », nous informe l’OIT. Le Maroc enregistre 2000 décès par an !
Un projet de loi attend depuis…10 ans
Le CESE regrette que l’élaboration du projet de loi-cadre sur la santé et sécurité n’a pas pu aboutir depuis 10 ans. Il y a lieu également de citer la création, en 2010, de l’Institut national des conditions de vie au travail (INCVT). « En dépit de ces initiatives, la santé et la sécurité au travail continue de pâtir de plusieurs faiblesses. Il s’agit notamment de la faible application des dispositions du Code de travail dans le secteur privé, où seulement 17% des entreprises disposent d’un comité de sécurité et d’hygiène. Les services médicaux du travail sont, quant à eux, quasi-inexistants ».
En matière de protection sociale, le conseil préconise « l’élargissement du système obligatoire d’indemnisation des accidents du travail aux maladies professionnelles et de confier sa gestion à la CNSS ».
Sur le plan international, la situation demeure inquiétante. Les maladies et traumatismes liés au travail ont été responsables du décès de 1,9 million de personnes en 2016. C’est ce que révèlent les premières estimations communes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation internationale du travail (OIT). Selon le rapport mondial de suivi relatif aux estimations communes, la majorité des décès liés au travail étaient dus à des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Les maladies non transmissibles étaient responsables de 81 % des décès, dont les principales causes étaient les pneumopathies obstructives chroniques (450 000 décès), les accidents vasculaires cérébraux (400 000) et les cardiopathies ischémiques (350 000). Les accidents du travail étaient quant à eux responsables de 19 % des décès (360 000).
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