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Migration: « Mon enfant, mon combat»

Des familles de migrants marocains disparus en migration ont organisé ce jeudi un sit-in à Rabat afin de demander aux autorités du pays à les retrouver. 

Il est 11h00, nous sommes devant l’annexe du ministère des Affaires étrangères à Rabat. Plusieurs familles sont déjà là. Toutes ont un point commun : elles ont perdu un·e proche en migration qui est, depuis, porté·e disparu·e. Elles ont décidé de se réunir pour se soutenir, mais surtout, trouver des moyens pour obtenir vérité et justice après des années de silence.

Même après des années de silence, l’espoir subsiste

«Je dois connaître la vérité ! Où est mon fils ?» La voix d’une mère résonne avec force  devant l’annexe du ministère des Affaires étrangères à Rabat. Lors de ce sit-in les proches de disparu·es en migration venus de plusieurs villes du Maroc, brandissant des photos de leurs enfants et des slogans.Ces familles se réunissent pour la même raison : elles cherchent des réponses et la vérité sur le sort de leurs enfants.

«Le fait d’être ici, avec d’autres familles de disparus et de lutter ensemble m’apporte une certaine paix, je ne me sens pas seule, je sens que beaucoup mènent le même combat avec moi », confie une mère.

« Qu’ils soient morts ou vivants, nous l’acceptons, c’est la volonté divine. Tout ce que nous voulons c’est une réponse »

Mère d’un migrant disparu

Cela fait trois ans que Othman et son oncle Zouhair n’ont plus donné de signe de vie. Selon la mère, ils sont partis pour travailler en Tunisie mais ils se sont trouvés en Libye.

« Qu’ils soient morts ou vivants, nous l’acceptons, c’est la volonté divine. Tout ce que nous voulons c’est une réponse », affirme-t-elle en pleurant.

Les familles commencent à lancer des slogans, « Nos enfants ont disparus, ou sont-ils? Où sont les responsables de ce pays ?»

Après presque une heure du sit-in un responsable du ministère descend et demande que cinq proches montent pour parler avec des responsables, les familles refusent.

« Tous les pays ont rapatrié leurs enfants, sauf le Maroc, pourquoi tout ça? Pourquoi tant d’indifférence?»

«Nous sommes rentrés leur parler plus de cinq fois, à chaque rassemblement ils nous demandent de désigner cinq proches pour une discussion mais en vain, si quelqu’un veut nous parler qu’il descende et nous parle ici devant les médias et tout le monde ».

« Tous les pays ont rapatrié leurs enfants, sauf le Maroc, pourquoi tout ça? Pourquoi tant d’indifférence? Tout ce qu’on demande c’est  connaître le sort de nos enfants», affirme le père d’un disparu.

Au cœur de cette lutte pour les disparu·es. Les mères sont toujours en première ligne, ces femmes sont souvent bien plus présentes que les hommes dans ces rassemblements.

«Tant que je n’ai pas vu son corps, mon fils est toujours vivant», martèlent plusieurs mères. Lorsqu’elles prennent la parole, elles ne donnent pas leurs prénoms mais se présentent en tant que “mère de”, disparu·e à une date gravée dans leurs discours et leur mémoire. 

«Tant que je n’ai pas vu son corps, mon fils est toujours vivant».

Les familles continuent leur partage d’histoires entre elles et avec la presse et les militants présents lors de ce sit-in. Sans information ni soutien de la part des institutions officielles, les familles se retrouvent régulièrement à mener ce combat seules, à explorer toutes les pistes possibles dans l’espoir de trouver une trace, un chemin ou un signe qui les mène vers le sort de leur enfants.

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