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Réfugiés soudanais : « Une relocalisation maintenant » ! 

Les demandeurs d’asile et réfugiés soudanais ont manifesté, vendredi 12 mai 2023 à Rabat, devant le siège du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Rabat. Reportage.  

Un petit groupe de jeunes s’approche prudemment de l’avenue Mehdi Ben Berka à Rabat. Ils sont intimidés mais se disent « déterminés ». Ce sont de jeunes demandeurs d’asile ou des réfugiés soudanais arrivés au Maroc. Ce 12 mai, ils annoncent la tenue d’un sit-in devant le HCR Maroc. Malgré les risques de leurs arrestations, ils ont décidé de braver ce danger et se dirigeaient en petits groupes vers le siège onusien.

Sur place, on les voit confectionner des pancartes en papier carton. Ils sortent un marqueur pour mettre noir sur blanc leurs revendications : « Le Maroc n’est pas un pays sûr », « On veut une relocalisation ». Des mots d’ordre qui expriment le ras-le-bol des réfugiés soudanais au Maroc. Une impatience justifiée selon eux par « les délais d’attente pour l’obtention de rendez-vous et pour le traitement de nos dossiers depuis le mois de novembre 2022 », nous disent-ils, devant le siège du HCR Maroc. Ces réfugiés dénoncent aussi leurs conditions de vie, pendant le temps d’attente du traitement de leurs requêtes. L’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) soutient ces réfugiés et appelle à leur assurer la protection internationale. 

Traitement des rendez-vous et délais 

Reportage sit-in des réfugiés et demandeurs d’asile devant le siège du HCR Rabat

« L’UNHCR devrait gérer notre dossier mais en vain. On se sent discriminés et marginalisés, alors que nous sommes les personnes les plus élitistes pour bénéficier de la prise en charge ».

Réfugié soudanais.

« Ce sit-in vient afin de demander notre évacuation à un autre pays sûr, puisque au Maroc notre vie est tellement difficile, on ne peut pas rester ici, il faut qu’on nous trouve une solution afin de régler notre dossier », affirme à ENASS Mohamed Mostapha, réfugié soudanais. 

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Ce rassemblement n’est pas le premier mais vient après plusieurs autres manifestations, tenues précédemment par les demandeurs d’asile soudanais. Protestants contre des arrestations arbitraires et des conditions de vie « dures », ils ont appelé désormais à leur évacuation « vers un pays sûr ». 

« Nous réclamons le respect de nos droits élémentaires. Nous voulons être évacués vers n’importe quel autre pays qui respecte les droits humains et la dignité humaine ». 

Réfugié soudanais

« Les Soudanais vivent dans une situation de précarité, nous sommes sans abri et aucune instance ne réagit pour résoudre notre situation, l’UNHCR est la seule organisation qui peut gérer notre dossier mais en vain, on se sent discriminés et marginalisés, alors que nous sommes les personnes les plus éligibles pour bénéficier de leur prise en charge puisque notre pays est en guerre », souligne Mohamed.

Et d’ajouter : « Nous réclamons le respect de nos droits élémentaires. Nous voulons être évacués vers n’importe quel autre pays qui respecte les droits humains et la dignité humaine ». Ils ont protesté également contre « la mauvaise gestion des rendez-vous par le HCR Maroc, d’une manière qui affecte la sécurité et la vie des demandeurs ». 

« Nous avons quitté notre pays parce que la situation politique est instable, on voulait juste être dans un pays qui nous garantit de vivre dignement, on ne demande pas des miracles juste une vie stable et normale », rappelle un deuxième réfugié. 

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Soutien de l’AMDH 

L’Association marocaine des droits humains (AMDH) section Rabat, qui suit la situation de ces demandeurs d’asile et réfugiés, a qualifié le traitement du HCR d’« approche excluante » et basée sur la « discrimination raciale ».

L’association a également exigé « l’arrêt des opérations de déplacements forcés vers des zones reculées ou frontalières avec l’Algérie » et a exprimé son soutien « aux demandeurs d’asile de toutes nationalités » en appelant à mettre fin à ces campagnes d’arrestations aléatoires, souvent accompagnées de la dépossession des migrants de leurs affaires personnelles. 

Ensuite, l’association a appelé l’HCR pour « mettre fin à la discrimination raciale contre les ressortissants soudanais et tchadiens, et de respecter les directives de l’ONU dans le cadre de son travail ». 

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Dans une précédente réponse reçue par ENASS, le HCR rappelle que les « temps d’attente » s’allongent en raison du nombre de dossiers traités par mois et selon le degré de vulnérabilité de la personne. En matière de discrimination, le staff de l’agence onusienne avait précisé que « le HCR ne fait pas de distinction entre les nationalités des demandeurs d’asile, ils sont tous traité de la même façon, donc ils suivent aussi la même procédure pour être reconnus comme réfugiés, une fois la personne est reconnue elle va bénéficier de plusieurs services du HCR ». 

La situation actuelle est expliquée par le HCR par le doublement du nombre de demandeurs en une année sur le bureau au Maroc : « Le nombres des réfugiés s’est doublé en comparaison avec les années précédentes, le HCR se voyait obligé de donner la priorité aux réfugiés les plus vulnérables, et en situation de précarité (ex: ceux avec des enfants, qui sont malades…) puisque le budget ne permet pas de couvrir toutes les personnes, c’est une question qui est hors de la volonté du HCR et qui est un des défis majeur d’absence de ressources ». 

Profil des réfugiés au Maroc 

Dans une étude réalisée par le projet MADAR et ENASS, nous avons rappelé que le  Maroc est un pays de destination pour des réfugiés et des demandeurs d’asile. Cette population est en progression depuis 2007, année de l’ouverture du bureau du HCR au Maroc. Ainsi, le nombre de réfugiés au Maroc est passé de quelques centaines, en 2007, à 19 620 réfugiés et demandeurs d’asile, en 2022. En mars 2022, cette population est répartie comme suit : 9 522 réfugiés et 10 098 demandeurs d’asile. Cette population de réfugiés est issue de 48 pays. En majorité, on retrouve les Syriens (5150 réfugiés), les Guinéens (2958), les Ivoiriens (1470), les Camerounais (1293), les Yéménites (1173) et les Soudanais (1361). Les femmes représentent 39% des réfugiés et demandeurs d’asile. 

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Le Maroc ne dispose pas encore d’un cadre légal sur l’asile. Les personnes demandeurs d’asile et tous ceux demandant une protection internationale peuvent faire l’objet d’arrestations, en raison du manque de sensibilisation des pouvoirs publics au sujet de cette question, comme c’est le cas des Soudanais. La multiplication des arrestations et des déplacements forcés à Rabat et dans les grands centres urbains met en danger cette population de déplacés vulnérables.

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