FMI-BM : Appel pour un contre-sommet à Marrakech
La Coordination nationale pour un Sommet social contre les Assemblées annuelles de la BM et du FMI (Coordination) a organisé un point de presse pour présenter sa vision et son plan d’actions pour les prochains mois. Les détails.
« Le service de la dette représente 192 milliards de DH en 2022 »
Le Maroc est « un bon élève » des Institutions financières internationales (IFI) comme la Banque mondiale (BM). Le royaume est surtout un bon client avec des programmes de prêts et de dettes réguliers depuis six décennies. « Le service de la dette représente 192 milliards de DH en 2022 », rappelle Omar Aziki, membre de la Coordination du Sommet social contre le FMI-BM, également secrétaire général d’ATTAC Maroc.
« Le service de la dette représente huit fois le budget de la santé et trois fois le budget de l’éducation ».
Ce militant compare les ressources publiques dédiées au remboursement de la dette à celles consacrées à la santé et l’éducation. « Le service de la dette représente huit fois le budget de la santé et trois fois le budget de l’éducation. Aucun développement n’est possible sans un arrêt ou un moratoire sur le paiement de la dette publique. L’endettement est une spirale infernale créée par les IFI pour bloquer tout développement économique de nos pays », martèle le membre de cette Coordination, lors de son mot d’ouverture de ce point de presse, tenu le 13 juin 2023 à Rabat. La Coordination nationale pour un Sommet social contre les Assemblées annuelles de la BM et du FMI (Coordination) a organisé un point de presse pour présenter sa vision et ses objectifs, ainsi que son plan d’action pour les quatre prochains mois.
« Tout le monde est concerné »
La présence de la BM est un sujet d’actualité. Cette institution est active dans tous les domaines de la vie des Marocains. A titre d’exemple, le 9 juin le Conseil d’administration de la Banque mondiale accorde un prêt de 350 millions de dollars au Maroc « destiné à accentuer et amplifier les activités du Projet de réponse d’urgence de la protection sociale face à la Covid-19 du Maroc, en complément du programme initial de 400 millions de dollars approuvé et décaissé en 2020 ». Le même jour, le Conseil d’administration de la BM a approuvé « un prêt de 350 millions de dollars afin de soutenir les mesures prises par le Maroc pour lutter contre le changement climatique et améliorer la résilience du pays face à l’aggravation des impacts climatiques déjà ressentis ». Pour la Coordination, la présence de la BM et du FMI dans les politiques publiques et les choix économiques s’est soldée par un « cuisant échec ». « Prenons l’exemple du Plan Maroc Vert. C’est un échec total. Alors que nous devions gagner en souveraineté alimentaire nous voilà condamnés à importer quasiment l’ensemble de notre consommation (lait, viande, blé, huile, etc.). Cet échec nous a coûté 104 milliards de DH d’argent public donné aux agriculteurs », estime Aziki. Pour montrer l’ampleur de ces politiques néolibérales, cette Coordination compte mobiliser les mouvements sociaux et les ONG marocaines et internationales durant les prochains mois. « Les enseignants contractuels, les ouvriers agricoles, les fonctionnaires précarisés, Tout le monde est concerné. La Coordination veut fédérer les militants, les mouvements sociaux et toutes les volontés désirant s’engager contre les IFI et leurs effets, au-delà du sommet de Marrakech », précise Aziki. Ce dernier rappelle l’opposition de la Coordination à la présence « sioniste au Maroc, prévue durant ce sommet en octobre », prévient-il.
Mobilisations régionales et continentales
Pour sa part, Hamid Sayad, membre de la Coordination considère l’accueil par le Maroc de ce sommet comme « comme un signe de bénédiction offert par les centres impérialistes à notre pays. Ce n’est pas une bonne nouvelle, car ceci implique plus de privatisations des services publics et les ressources naturelles, ainsi que de nouvelles vagues de répression des citoyens et des avis politiques critiques »
La Coordination table sur une capacité de mobilisation nationale, régionale (MENA), continentale (l’Afrique) et mondiale. Ce collectif est né il y a deux mois. Ses initiateurs se présentent comme suit : « Le but de cette initiative est de créer un large espace de réflexion pour discuter ensemble des alternatives possibles aux politiques d’ajustement structurel et néolibérales du FMI et de la BM ». Cette Coordination compte sur l’expertise des réseaux comme ATTAC et la Comité pour l’annulation des dettes illégitimes (CADTM) en Afrique et à l’international.
La Coordination veut aussi faire « converger toutes les victimes des politiques criminelles de ces deux institutions et de faire entendre haut et fort notre voix par la mobilisation et l’organisation d’un contre-sommet au sommet des responsables de ces politiques. Nous souhaitons mettre en place une mobilisation populaire et pacifique pour dire “non” à la pauvreté et à l’austérité et “oui” à la justice sociale ».
Pour rappel, Marrakech abritera du 9 au 15 octobre 2023, les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI qui ont lieu principalement à Washington et, tous les trois ans, dans un pays membre autre que les États-Unis, « afin de marquer le caractère international des deux institutions », indique la BM sur son site officiel.