Parti pris, Tribunes

La famille de Omar Radi dénonce les conditions de son emprisonnement

Incarcéré depuis 2020, le journaliste et militant Omar Radi, 35 ans, a été transféré de la prison de Casablanca à celle de Tiflet, en Avril 2022. Depuis son transfert, Omar subit “des répressions et un traitement discriminatoire selon sa famille”. Il est désormais interdit d’évoquer des sujets politiques avec sa famille au téléphone sinon il sera interdit de les appeler.

A travers un communiqué publié sur leur page Facebook, ses parents livrent les derniers éléments rapportés par Omar lors de la visite du 12 juin 2023.

**ENASS.ma publie ce communiqué des parents du journaliste et militant Omar Radi qui évoque la situation de son emprisonnement. 

« Nous, Fatiha Cherribi et Driss Radi, les parents de Omar Radi, journaliste d’investigation arrêté et condamné à six ans de prison ferme, adressons ce communiqué à l’opinion publique.

Lors de notre visite, aujourd’hui le 12/06/2023, à notre fils Omar à la prison Tiflet 2, il nous a raconté ce qui s’est passé entre lui et le directeur de l’établissement pénitentiaire le mercredi 07/06/2023, quand il lui a demandé de ne plus traiter avec ses parents des questions politiques, sinon il lui sera interdit d’utiliser le téléphone de la prison de façon permanente.

Omar a été surpris par cette demande et lui a demandé pour quelles raisons.

La réponse du directeur était que, Omar est « classé comme un cas spécial et qu’il est sous surveillance constante ».

Nous, à notre tour, avons trouvé cette demande étrange et inquiétante.

Ce que nous savons, c’est que Omar exécute une peine qui a été prononcée par le Tribunal de première instance et confirmée par la Cour d’appel de Casablanca et ce traitement n’a pas été inclus dans son jugement.

Il semble que Omar est puni deux fois, une fois par le tribunal et une fois par une autorité extra-judiciaire.

Cette restriction est infligée à Omar depuis son arrestation sans qu’il sache qui l’a décidée.

Omar, notre fils, est interdit d’écrire.

Lorsqu’il est transféré à la prison de Tiflet, l’administration de la prison d’Ain Sebaa à Casablanca a confisqué tous les écrits qu’il avait l’habitude de noter à partir de ses lectures.

Et même quand il note à la marge des pages des livres et magazines qu’il lisait, elles sont arrachées.

A la prison de Tiflet 2, ils lui ont demandé de ne pas écrire et que tout ce qu’il écrirait lui serait confisqué .

Cela explique la fouille, page par page, des livres que nous lui fournissons, à la recherche de ce qu’il a pu écrire, et même les notes qu’il écrit en marge de certaines pages sont détruites.

Omar ne parle à personne, et personne n’a le droit de lui parler en dehors de certains prisonniers qui travaillent et de certains gardiens qui le gardent.

Omar ne profite pas de la sortie de sa cellule, parce qu’il n’accepte pas de sortir seul, tandis que les prisonniers à côté de lui dans des cellules individuelles sortent en groupe en parlant et en faisant de l’exercice pendant que Omar les regarde depuis la fenêtre de sa cellule.

Sortir seul et sans avoir le droit de parler à quelqu’un est une discrimination envers lui.

Omar a passé environ trois ans dans le même espace et dans les mêmes conditions.

Nous sommes intrigués par la force que fournit Omar pour gérer cette situation.

Omar souffre d’une maladie chronique ( le Cohn ), une maladie intestinale qui nécessite une surveillance d’un gastro-entérologue et proctologue.

En plus de l’asthme et d’une maladie de peau qu’il a contractée en prison.

Omar a besoin d’un régime alimentaire approprié à cause de cette maladie.

Et depuis son transfert à la prison de Tiflet 2, il se contente de repas froids comme les conserves et quelques fruits, car il évite les repas de la prison.

Depuis son transfert, il n’a pas mangé de plats chauds, car il n’a pas le droit de préparer sa propre nourriture comme il le faisait à la prison d’Ain Sebaa à Casablanca.

Depuis son transfert à la prison de Tiflet 2 le 01/04/2022, il n’a pas été examiné par un médecin spécialiste de la maladie dont il souffre.

La raison en est son refus de se soumettre à un examen médical alors qu’il est menotté et vêtu d’un uniforme de prison dont nous connaissons la nature contagieuse et en présence de plusieurs agents de sécurité autour de lui.

Cela lui est arrivé à l’hôpital Ibn Rochd de Casablanca, où il a refusé d’être examiné alors qu’il était menotté et en présence de plusieurs agents de sécurité, et il s’est vu refuser le bénéfice de cet examen à deux reprises.

Cette pratique est une humiliation préméditée contre un patient malade, qui mérite des soins.

Omar a pris des sédatifs sur ordonnance depuis qu’il était à la prison d’Aïn Sebaâ et continue d’en prendre en l’absence d’avis médical et d’évaluation de son parcours de traitement. Nous craignons qu’il ne devienne dépendant de ces drogues.

Nous ne désignons pas notre inquiétude envers l’administration pénitentiaire, dont nous respectons le directeur pour son accueil aimable et son traitement respectueux à notre égard lors de toutes nos visites à Omar. Nous adressons également nos salutations aux employés jeunes, femmes et hommes pour leur bonté et leur sourire quand ils nous accueillent

Il semble que la source de la souffrance de Omar vient d’autres lieux, hors des murs de la prison.»

Fatiha Cherribi, mère de Omar Radi
Driss Radi, père de Omar Radi

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