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L’état des migrations à Nador-Melilla

L’AMDH nador a présenté, le 24 juin à Nador, son rapport annuel pour l’année 2022, concernant la situation des migrants et des demandeurs d’asile sur la voie migratoire Nador-Melilla. Un rapport portant une attention particulière aux violations commises en raison des politiques migratoires marocaines, espagnoles et européennes. Le point sur la situation.

Intitulé « Année  du plus grand massacre de migrants sur une barrière terrestre suite à une intervention coordonnée entre le Maroc et l’Espagne », ce rapport détaille la situation migratoire au Maroc précisément dans la région de Nador pour l’année 2023.

L’année 2022, une nouvelle année difficile

L’AMDH Nador continue d’observer et de suivre la situation des migrants et des demandeurs d’asile sur la voie migratoire Nador-Melilla en portant une attention particulière, non seulement sur les violations commises, mais aussi sur un monitoring le plus méticuleux possible des politiques migratoires marocaines, espagnoles et européennes mises en œuvre sur cette voie de migration », peut-on lire dans le document.

« L’année 2022 met en exergue les conditions très difficiles que vivent les migrants en général à Nador et particulièrement les femmes avec leurs enfants. »

Le rapport commence par le premier drame qu’a connu l’année 2022 qui met en exergue les conditions très difficiles que vivent les migrants en général à Nador et particulièrement les femmes avec leurs enfants qui, devant l’interdiction et l’impossibilité de louer une maison à Nador, sont contraints de vivre en forêts avec des enfants en bas âge.

« Le cas de Hapiness Johans, une mère nigériane avec ses trois enfants qui vivaient depuis presque 3 ans dans un abri en plastique dans la forêt de Tirekaa non loin du cimetière de Sidi Salem où elle avait l’habitude de s’y rendre pour demander la charité et pouvoir ainsi nourrir ces 3 enfants dont l’âge du plus grand ne dépasse pas les 6 ans », affirme Omar Naji, membre de l’AMDH Nador.

Et d’ajouter : « Le 24 janvier 2022, Hapiness a été trouvée morte calcinée avec ses 3 enfants dans leur abri en plastique. AMDH Nador qui s’est rendue sur place a constaté l’incendie presque total de l’abri construit. Il ne restait sur place que quelques habits et des chaussures des enfants et du reste d’un « kanoun » construit en pierre non loin de l’abri pour probablement se réchauffer ou préparer la nourriture

S’interrogeant sur les causes réelles de ces décès, rapidement liés à un incendie accidentel, l’AMDH Nador a saisi par lettre le 1er février 2022 le ministère de l’Intérieur pour demander l’ouverture d’une enquête et la levée de l’interdiction effective de louer des maisons qui ne concerne que les migrants de faciès noir.

L’association affirme que cette enquête judiciaire ouverte par le parquet de Nador va être rapidement clôturée en définissant les causes à un incendie accidentel causé par un feu allumé pour besoin de chauffage.

« Cette mort tragique de Hapiness constitue une réelle sonnette d’alarme sur la situation de la femme migrante parfois soumise à des pratiques d’exploitation sexuelle au cours de sa trajectoire migratoire. »

La même source explique que si cette mort tragique de Happiness met en évidence le caractère dangereux et raciste d’interdire la location de maisons aux migrants de faciès noir à Nador, il n’en demeure pas moins qu’elle constitue une réelle sonnette d’alarme sur la situation de la femme migrante parfois soumise à des pratiques d’exploitation sexuelle au cours de sa trajectoire migratoire, alors qu’elle se trouve avec des enfants en bas âge qui subissent eux aussi toutes les conséquences des politiques migratoires déshumanisée.

Arrestations et refoulements à chaud à Nador

« Le plus grand nombre de migrants ont été arrêtés à la barrière pendant les tentatives du mois mars et le jour du massacre du 24 juin ».

Le rapport montre que l’année 2022 a été marquée aussi par une augmentation des arrestations et des refoulements. « Près de 2800 migrants arrêtés contre 1600 en 2021. Le plus grand nombre de migrants ont été arrêtés à la barrière pendant les tentatives du mois de mars et le jour de massacre du 24 juin ». 

« Les autres migrants ont été appréhendés pendant les attaques en forêt, sur les barrages de contrôle routiers vers Nador ou dans les gares de chemin de fer (Selouane, Hassi Berkane, Ihaddadene et Nador) ». 

En matière de nationalité, l’association explique qu’il s’agit principalement de Soudanais mais aussi de Tchadiens, Erythréens et de pays subsahariens qui sont par la suite éloignés vers des villes de l’intérieur ou vers la frontière algérienne. 

« Ce nouveau traitement par la mobilisation de l’appareil judiciaire, très présent après le massacre du 24 juin, vise essentiellement à faire peur à cette communauté migrante persécutée pour déserter cette voie migratoire. »

De plus en plus de Soudanais arrêtés à Nador ne sont pas refoulés, mais poursuivis en justice et jugés à des peines très sévères de 3 années d’emprisonnement. Ce nouveau traitement par la mobilisation de l’appareil judiciaire, très présent après le massacre du 24 juin, vise essentiellement à faire peur à cette communauté migrante persécutée pour déserter cette voie migratoire », affirme Omar Naji de L’AMDH Nador.

Ensuite, elle met l’accent sur le centre d’enfermement illégal d’Arekmane, qui a été le principal centre de rassemblement des migrants avant leur éloignement ou déportation, a été utilisé pour la dernière fois le 7 avril 2022 lors du refoulement de migrants arrêtés à Nador. Elle précise que depuis cette date ce centre est fermé et semble être récupéré par le ministère de la Jeunesse et sports pour retrouver sa fonction initiale comme un centre d’estivage.

Enfin, le rapport explique que «le dernier convoi de migrants exclusivement subsahariens arrêté à Nador remonte au 1er février 2022, au cours duquel 32 migrants subsahariens ont été arrêtés à Ait Mait. Cette réalité montre la mise en œuvre stricte de l’un des nouveaux axes dans la politique migratoire marocaine favorisant la migration par mer des Marocains sur cette zone et le transfert de toute la migration subsaharienne vers l’axe Laayoune- îles canaries ».

À lire aussi : Tragédie du 24 juin: l’AMDH Nador persiste et signe ! 

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