Rahma Bourqia : La société marocaine en fragments
Avec son nouvel essai, La société marocaine face à la globalisation. L’ère du numérique, Rahma Bourqia propose une lecture en fragments des mutations de la société marocaine.
La socio-anthropologue Rahma Bourqia est une des figures majeures de la sociologie marocaine contemporaine. Dans un nouvel essai, elle s’intéresse « aux mutations que traverse la société marocaine. Elle partage dans cet ouvrage ses réflexions qui posent autant de questions qu’elles invitent au débat et à l’échange d’idées », indique son éditeur dans une note de présentation de cet ouvrage de 264 pages, répartis en huit chapitres. Des réflexions puisées dans l’actualité, l’action-recherche et les politiques publiques s’entremêlent et se dénouent grâce à un fil rouge : « […] Les transformations de la société et la culture et les nouvelles configurations sociales qui les traversent ».
Nouvelles configurations sociales
« L’ouvrage illustre les phénomènes pris dans le tournant global et le tournant numérique ».
Rahma Bourqia
Dans l’introduction de cet essai on peut lire : « L’ouvrage illustre les phénomènes pris dans le tournant global et le tournant numérique qui ont engendré des processus de transformation et de reconfiguration des sociétés au niveau de ses différents paliers : économique, social, politique, culturel, marqués et traversés par la mobilité et la connectivité ».
L’autrice tente de comprendre les transformations de la société marocaine à partir d’outils conceptuels mais aussi de l’expérience de la sociologue qui a dirigé une université publique (Mohammedia) et l’Instance d’évaluation rattachée au Conseil supérieur de l’éducation. « Une conscience réflexive et épistémologique, adossée à la pratique de recherche et à l’action publique, est une exigence pour dégager les limites des approches et les ouvertures possibles. En effet, si les sociétés changent, les cadres théoriques et conceptuels changent aussi », postule-t-elle en introduction.
Toujours dans l’introduction, elle remet en cause la pertinence d’utiliser la notion de société composite de Paul Pascon pour décrire le Maroc et les Marocains en 2023. Désormais les frontières entre tradition et modernité sont encore plus mouvantes. « Il y a quelques décennies, le sociologue Paul Pascon a élaboré le concept de société composite pour conceptualiser la nature de la société marocaine et le comportement composite du Marocain.
« La modernité et la tradition s’articulent ainsi dans de nouvelles configurations sociales, mouvantes, et dynamiques ».
Rahma Bourqia
Cet apport était intéressant pour comprendre la société des années 60 et 70, en termes d’imbrication des éléments empruntés à la fois à la modernité et à la tradition, caractérisant la société marocaine », rappelle-t-il. Avant d’ajouter : « Il demeure que la modernité et la tradition sont aujourd’hui brouillées par l’effet des transformations du passage du 20e au 21e siècle et des grandes transformations des sociétés humaines, par une modernité multiple, par une culture en mobilité et une tradition renouvelée, actualisée, revendiquée et affichée. Ce qui reconfigure la société et la culture. La modernité et la tradition s’articulent ainsi dans de nouvelles configurations sociales, mouvantes, et dynamiques […] ». A méditer et à confirmer.