Les Urgences d’Ibn Rochd, un danger pour lespatients ?
Une citoyenne marocaine a annoncé déposer plainte contre le service des Urgences du CHU d’Ibn Rochd. Victime d’un accident de la voie publique, elle a été abandonnée sans recevoir les soins nécessaires. Récit.
Le cauchemar de Naima Cherii commence le 31 juillet 2023 à Casablanca. A 16h30, elle venait de quitter le siège de son employeur. C’était son dernier jour de travail. Elle devait prendre son congé annuel le lendemain. Mais « le destin » on a voulu autrement. « J’ai fait un accident de la circulation en tant que piétonne, près de la Place des Nations Unis et El Korra El Ardia. J’étais victime de plusieurs factures et de graves blessures. J’ai perdu la mémoire durant plus de 24h. Je ne me rappelais rien de ce qui m’est arrivée depuis le moment de l’accident jusqu’au mercredi 2 aout à 7h du matin », détaille-t-elle dans une plainte adressée au ministre de la Santé, Dr. Khalid Ait Taleb.
Rappel des faits
Naima mène un combat pour la vérité autour de ce qui s’est produit fin juillet.
Plus d’un mois après les faits, Naima mène un combat pour la vérité autour de ce qui s’est produit fin juillet. Elle accuse les Services des urgences du CHU Ibn Rochd à Casablanca de plusieurs griefs : « Ce service a commis des négligences médicales et m’a fait subir des traitements inhumains en me jetant à la rue et sans communiquer avec ma famille, et en ne me gardant pas à l’hôpital en tant que personne blessée dans un accident de la voie publique pendant 48 heures, comme le prévoit la loi ». Après un mois de silence, la victime compte mener une bataille judiciaire contre le CHU casablancais.
Le 31 juillet suite à ce grave accident, Naima est transportée dans une ambulance de la Protection Civile au Service des urgences du Centre Hospitalier Ibn Rochd de Casablanca pour recevoir les soins nécessaires. « Ce qui malheureusement ne s’est pas produit. Aucune intervention significative n’ayant été faite par l’équipe médicale l’époque. Pourtant, ils ont pu constater j’étais grièvement blessé à plusieurs endroits de mon corps, avec saignement continu au niveau d’une blessure sur le front », raconte cette journaliste professionnelle.
Cette dernière a pu faire une radiographie et un même scanner au sein du CHU à la suite de son hospitalisation. Mais de manière énigmatique et scandaleuse, le Service des urgences met à la porte la patiente gravement accidentée. « J’ai été expulsé des urgences sans qu’aucun membre du personnel médical de l’hôpital ne prenne la peine de contacter les membres de ma famille, sachant que toutes les pièces d’identité étaient dans mon sac à main », proteste Naima. Le service des Urgences avance que c’est la patiente qui a demandé qu’elle quitte l’hôpital. Mais dans quelle mesure une personne accidentée, blessée et perdant la mémoire peut-elle être tenue responsable de ses actes ? N’est-elle pas sous la responsabilité unique du corps médical ? Et comment accepter de se débarrasser d’une patiente à la porte au lieu d’appeler un membre de sa famille ?
Son cas est révélateur des mauvais traitements que peuvent subir les patients des hôpitaux publics.
Se trouvant devant la porte des Urgences, Naima ne doit son salut qu’a un taximan au grand cœur et une passante. « Ils ont bien voulu m’emmener chez moi, en utilisant mon adresse sur ma CIN », explique-t-elle. Arrivée chez au quartier El Bernoussi, sa famille est sous le choc. Elle est transportée par une ambulance privée vers l’Hôpital préfectoral El Mansour qui la renvoie une nouvelle fois vers le CHU de Casablanca et ses urgences. Ce service la transfère vers l’Hôpital 20 aout pour réaliser des points de sutures sur la blessure du front. Elle fera une nouvelle radio et scanner, mais sans aucune intervention
médicale pourtant vitale.
Sa famille se résout à la transporter à une clinique privée où Naima réalise une double opération au genou gauche et à la main gauche. Trois jours plus tard ! Aujourd’hui Naima est en période de convalescence. Son cas est révélateur des mauvais traitements que peuvent subir les patients des hôpitaux publics même dans les cas extrêmes.
Naima exige dans sa lettre au ministre de la Santé « d’ouvrir une enquête sur cette situation et de vérifier l’état de santé avec lequel je suis entré aux urgences, de voir les traitements que j’ai reçus, et de m’en assurer à partir du moment où je suis entré aux urgences et au moment où j’en suis sorti, et au moment où j’ai été renvoyé à nouveau sur la base d’un traitement que je n’ai malheureusement pas reçu à nouveau ».