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À Amizmiz, une ville sous les décombres

Amizmiz, commune de la province d’Al-Haouz, la plupart des maisons portent les stigmates du séisme et il demeure encore difficile d’estimer l’ampleur des pertes humaines. Reportage.

Texte Imane Bellamine / Images Anass Laghnadi

Nous sommes à Amizmiz, il est 6h30, du matin du dimanche 10 septembre, troisième jour après le séisme qui a frappé le Maroc le soir du vendredi 8 septembre avec un bilan dépassant les 2 000 décès.

Survie dans les ruines

Le jour ne s’est pas encore levé, Amizmiz est désormais recouverte de poussière et de débris mais un calme règne tout au long de la ville. Amizmiz, c’était 20 000 habitants. Aujourd’hui, ce centre urbain naissant a perdu beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants. À l’entrée de la ville, les trottoirs sont animés de gens. Certains d’entre eux dorment depuis la tragédie dans un camp temporaire juste à la lisière de la ville. Pour certains, leurs maisons sont soit détruites, soit trop dangereuses pour y habiter. D’autres ne veulent plus dormir sous un toit pour l’instant. Autour d’eux, il y a des preuves horrifiantes de la façon dont les maisons peuvent s’effondrer, écrasant tout et tout le monde sur leur passage.

« L’endroit que vous voyez était un café. Son propriétaire est encore piégé sous les décombres. Je crains qu’il soit décédé…Nous devons attendre l’arrivée des secouristes.»

Nous avons repéré Mohammed tente d’entrer chez lui. Sa maison était pratiquement détruite. Nous nous sommes approchés de lui et lui avons demandé des nouvelles du village. L’homme semble surmonter le choc. Il nous invite à entrer chez lui, ou du moins ce qui reste de cette maison marocaine. Il nous a raconté que plus haut dans le village, les habitants avaient perdu leurs maisons. Beaucoup sont sans toi. Cet homme de 42 ans, affichait sur son visage les traces de la détresse qu’il traversait : « Dieu merci tous mes proches vont bien. Mais ma maison est presque détruite mais on n’y peut rien, c’est la volonté de Dieu », se consolte-t- il. Il nous a aussi expliqué que, juste en face, le propriétaire du café que nous observions était toujours enseveli sous les décombres. Les villageois n’arrivaient pas à le faire sortir et attendaient l’arrivée des équipes de secours pour s’en charger. Il nous a dit qu’ils savaient qu’il était désormais décédé.

« L’endroit que vous voyez était un café. Son propriétaire est encore piégé sous les décombres. Je crains qu’il soit décédé…Nous devons attendre l’arrivée des secouristes », poursuit-il.

Il nous a confié qu’il n’avait pas perdu de membre de sa famille. Puis il nous a demandé de monter plus haut pour voir un village voisin. Après une brève visite, nous avons décidé de retourner à Amizmiz.

La terrible nuit

Les familles commençaient à se réveiller, il était presque 7h30. Nous avons rencontré Fatiha avec ses deux enfants et son mari. Elle nous a raconté comment elle avait vécu cet instant tragique et nous a proposé de nous guider vers les endroits où les gens avaient perdu des proches. 

« Un jour, j’accepterai ce qui s’est passé, mais pas aujourd’hui »

On rencontre Fadma, âgée de 60 ans dotée, amicale et accueillante, elle nous raconte sa souffrance depuis la nuit du 8 septembre. Elle est accablée par une maison qui s’effondre et des souvenirs d’une terrible nuit. « J’ai tout perdu, huit morts seulement parmi mes voisins. C’est terrible ce qu’on a vécu. Un jour, j’accepterai ce qui s’est passé, mais pas aujourd’hui », dit-elle.

Nous progressons vers la partie haute de la ville, certains tentent de récupérer ce qui reste de leurs biens, tandis que d’autres semblent perdus dans les échos de ce qui s’est déroulé. Sur notre droite, une autre maison gît en ruine, transformant la route en un chantier de démolition. Les occupants de ces maisons ont été emportés par le séisme. Amizmiz et ses habitants observent avec désolation à ce tragique spectacle. 

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