Séisme : Les miraculés de Tadart
Dans le village de Tadart à la commune de Douirane, province de Chichaoua, une famille à miraculeusement échappé à une mort certaine. Quatre jours après le séisme, ces villageois attendent de l’aide. Récit.
La famille élargie des Benider partagent cinq maisons en terre cuite à l’entrée du village de Tadart. Ces douze personnes ont pour voisin imposant et dangereux la montagne du même nom. Elle surplombe leurs habitations.
« Par un coup du destin, toute la famille est saine et sauve ».
Le soir du séisme du 8 septembre, des rochers immenses tombent du haut du sommet et détruisent ces habitations sommaires. Par un coup du destin, toute la famille est saine et sauve. Les pertes matérielles sont importantes. La famille a perdu ses maisons et surtout ses sources de revenu : son cheptel. Ils attendent des aides qui ne viennent pas.
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Sans aucune aide publique
Brahim, 37 ans, est un des trois chefs de famille au sein de cette famille élargie. Il est éleveur de bétails. « Après avoir survécu au séisme, c’est une nouvelle page de notre vie. J’étais avec mon épouse à notre maison, j’ai entendu la montagne bouger. Le son des rochers était impressionnant. Je ne sais pas comment nous avons pu fuir, mon épouse et moi », se remémore-t-il de ces tragiques secondes. Brahim n’a pas eu le temps de sauver sa maigre fortune, son troupeau de bétail composé de quelques chèvres et deux moutons. « Je n’arrive pas toujours à les enterrer », nous indique-t-il avec sa main devant l’étable réduit par les roches qui se sont abattus sur le village.
Hafid, son cousin, est un aussi un miraculé. « J’étais en train de lire le Coran avec ma fille et mon épouse. J’ai couru avec ma famille vers la route, ne sachant pas ce qui s’était passé. Ma femme a eu la peur de sa vie, elle est enceinte, elle se porte mieux maintenant », raconte-t-il.
« Nous avons reçu deux sacs d’aliments de la Fondation Mohamed V ».
Son cousin Abdelhafid n’était pas sur place, il travaille à Casablanca comme électricien. « Je suis revenu en urgence au village pour voir mon épouse qui est aussi enceinte », se rassure-t-il. Faute d’un relogement qui a été programmé par les autorités mais qui n’a jamais eu lieu en raison de différends entre la famille et de promesses non tenues par les autorités, les habitants réclament leur relogement « d’urgence » et en premier lieu « des aides, des tentes, des couvertures », revendique Brahim. « Nous avons reçu deux sacs d’aliments de la Fondation Mohamed V », poursuit-il.
« Le Moukadem : Je ne peux rien pour vous ».
Après le séisme, la famille avec femmes, enfants et personnes âgées, a dû se déplacer de l’autre côté de la route en attendant un relogement. Ils ont construit trois abris de fortune sommaires. « Nous avons reçu des dons de plastique de la part de bienfaiteurs ainsi que des couvertures, mais nous manquons de tout », rappelle Abdelahfid. Hafid enchaîne : « Le Moukadem nous a visités et nous a dit : je ne peux rien pour vous. Je ne suis pas responsable du séisme ».
Dans ce grand dénouement que cette famille se réjouit d’avoir survécu au séisme, mais se demande comment pourra-t-elle affronter le froid de l’automne et de l’hiver dans cette zone montagneuse et isolée ?
PS : Ce reportage a été réalisé le 13 septembre 2023.