Non ! Nous ne sommes pas Israéliens…
Non ! Nous ne sommes pas tous Israéliens. Et ceux qui prétendent le contraire commettent un outrage honteux contre l’humanité en général, et contre le Maroc en particulier. Tribune de Hicham Ait Lmouh
Nous, Marocains, ne sommes pas Israéliens, car notre nation n’a jamais été tissée derrière un mythe accordant une terre sainte à une bande qui l’a transformée en champ de bataille où ils n’ont fait que tuer, massacrer et piller.
Notre histoire remonte à des milliers d’années, bien avant 1948. Nous avons combattu les envahisseurs, troqué avec les marchands et accueilli les persécutés, y compris les juifs eux-mêmes. D’abord, notre terre a accueilli les juifs qui ont fui les Byzantins, il y a bien longtemps. Ils sont devenus nos proches, vivant parmi nous, parlant nos langues et portant nos vêtements. Ensuite, des siècles plus tard, nous avons donné refuge à un autre groupe de juifs fuyant le fanatisme odieux d’Isabelle et Ferdinand aux XVe et XVIe siècles. Comment pouvons-nous être Israéliens !
Malheureusement, il est venu un moment où nous avons bradé nos juifs comme une denrée avariée. Quand cela s’est-il produit ? Eh bien, devinez quoi ! Après 1948 ! Nos juifs ont été entraînés dans un traquenard où ils ont échangé leur identité pacifique et ancestrale contre une nouvelle identité qui leur a appris à tuer des innocents ou à les chasser de chez eux. Peuvent-ils avoir les deux identités ? Peut-être, mais je ne vois pas comment, compte tenu de ce que les deux représentent. De nombreux juifs marocains ont non seulement choisi de ne pas le faire, mais ils ont également milité et continuent à le faire courageusement contre les atrocités commises par Israël. Jacob Cohen et Sion Assidon sont toujours en vie, Edmond Amran El-Maleh et Abraham Serfaty sont décédés.
Nous ne sommes pas Israéliens, car, Dieu merci, nous ne sommes pas gouvernés – comme Israël l’est – par un monstre qui trouve satisfaction à tuer des enfants et à bombarder leurs maisons. “Donnez-moi une guerre.” “C’est ce que je fais.” Non. Ce n’est pas le dialogue romancé entre Reynald de Châtillon et Guy de Lusignan, magnifiquement représenté dans le film de Ridley Scott Kingdom of heaven. C’est le Premier ministre israélien, face au miroir, chaque fois qu’il est porté au pouvoir par un électorat raciste. Cette fois encore, il livre une guerre à son peuple et laisse la majeure partie des médias occidentaux et certains d’entre nous, ceux qui ont vendu leur âme au diable, blâmer les Palestiniens.
Et que dire des 248 Palestiniens – dont 40 enfants – tués en Cisjordanie cette année ? Que dire de l’armée la plus immorale au monde profanant de temps en temps Al-Masjid Al-Aqsa et Al-Haram Al-Ibrahimi ? Y a-t-il un acte de provocation plus odieux contre les Palestiniens non seulement, mais contre tous les musulmans du monde ? De toute façon, les musulmans n’ont pas réagi encore une fois. Mais Gaza l’a fait.
Et ne revenons même pas en arrière sur soixante-quinze ans de massacres, de pillages et de déportations. Il est toujours pénible de compter ses morts. De même que nous ne pouvons pas compter exactement combien d’oliviers ont été déracinés dans les territoires occupés pendant cette période. Les vies humaines et les oliviers étant au même niveau du sacré, les Israéliens peuvent-ils comprendre cela ? Ils ne le peuvent pas, car ils n’ont pas de racines. Les Marocains et les Palestiniens en sont capables, malgré tout.
Nous ne sommes pas Israéliens, car nous sommes Palestiniens. Nous sommes tous égaux devant Dieu et nous avons une longue histoire commune. Nos ancêtres ont combattu pour protéger Jérusalem et ont laissé des enfants portant les deux identités, maghrébine et palestinienne. Comment pouvons-nous être Israéliens quand Israël a détruit une grande partie du quartier qui porte notre nom jusqu’à présent, Harat Al-Magharibah !
Nous ne sommes pas Israéliens, car nous accueillons n’importe quel visiteur, quelle que soit sa race, sa croyance ou sa religion. Israël en fait-il autant ? Pas du tout. Même les 5,7 millions de Palestiniens, qui sont enregistrés (jusqu’en décembre 2022) auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ne peuvent pas retourner dans leur patrie.
Comment pourrions-nous être Israéliens
*Ce texte a été publié dans sa version originale en anglais chez nos confrères de Yabiladi. La version en anglais est disponible ici