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Séisme au Maroc : L’impact psychologique sur les enfants

Le vendredi 8 septembre à 23h11, un puissant séisme a frappé le Maroc, réduisant en ruines certains villages du Haut Atlas. Les conséquences de cette catastrophe ont été particulièrement dévastatrices pour les enfants, nombreux à présenter des traumatismes psychologiques. Khalid Dahmani, psychologue clinicien, nous éclairera sur ces enjeux psychologiques.

Quelles sont les principales répercussions psychologiques que les séismes peuvent avoir sur les enfants, en fonction de leur âge et de leur développement ?

Il est fondamental de se rappeler que chaque enfant est un individu à part entière. Dans le sillage d’un séisme, leur réaction peut différer considérablement en fonction de leur âge. Les enfants d’âge préscolaire, par exemple, peinent à établir un lien clair entre la cause et l’effet des événements traumatisants, et ils peuvent même se sentir responsables de ce qui est arrivé. Ils peuvent développer des phobies, comme une peur des bruits soudains ou de l’obscurité.

Les enfants d’âge préscolaire, par exemple, peinent à établir un lien clair entre la cause et l’effet des événements traumatisants

Les enfants d’âge scolaire, eux, sont confrontés à d’autres défis, comme des troubles somatiques, l’évitement de lieux qui leur rappellent le traumatisme, des perturbations du sommeil, et des problèmes de concentration pouvant affecter leurs performances académiques. Les enfants en général peuvent même montrer des signes de régression dans leurs comportements comme l’énurésie (Faire pipi d’une manière incontrôlée au lit). Le rôle de l’entourage est déterminant dans la façon dont l’enfant se remet d’un tel événement.

Quels sont les facteurs qui peuvent aggraver ou atténuer les traumatismes chez les enfants suite à un séisme ?

Après un séisme, plusieurs facteurs peuvent amplifier ou atténuer la détresse d’un enfant. Les enfants qui ont été directement touchés par le séisme, qu’ils aient été blessés,  perdu un être cher ou leur maison, sont souvent plus à risque de traumatismes profonds. De même, un manque de soutien, des traumatismes antérieurs, ou des figures d’attachement en détresse peuvent intensifier cette souffrance. Cependant, certains éléments peuvent contribuer à la résilience des jeunes. Un réseau de soutien solide, la possibilité d’exprimer leurs sentiments, le retour à une routine familière, ou encore des interventions thérapeutiques précoces peuvent grandement aider à la récupération.

Pouvez-vous expliquer comment les traumatismes dus à un séisme peuvent influencer le comportement et le développement futurs des enfants ?

L’impact d’un traumatisme, comme un séisme, sur le développement d’un enfant peut être profond. Cette détresse peut se traduire par des difficultés académiques, notamment en raison de troubles de la concentration. Les traumatismes peuvent également engendrer des troubles émotionnels tels que la dépression ou l’anxiété. Il n’est pas rare non plus de constater des perturbations du sommeil, comme des cauchemars récurrents. Certains enfants peuvent même développer des phobies persistantes, limitant ainsi leurs interactions et leur épanouissement.

Quelles sont les approches thérapeutiques ou de soutien psychologique les plus efficaces pour aider les enfants à surmonter ces traumatismes ?

La prise en charge des enfants traumatisés nécessite une approche multiforme.

Khalid Dahmani, psychologue clinicien.

La prise en charge des enfants traumatisés nécessite une approche multiforme. La thérapie cognitivo-comportementale, par exemple, s’avère efficace pour aider les enfants à naviguer à travers leurs pensées et émotions post-traumatiques. Pour les plus jeunes, la thérapie par le jeu est un moyen naturel et efficace d’expression. En outre, étant donné que le traumatisme touche souvent l’ensemble de la famille, la thérapie familiale est un outil précieux. Les arts expressifs, tels que la peinture ou la musique, offrent également un exutoire pour ces jeunes. Quant à l’école, elle se révèle être un pilier majeur de soutien, en offrant un environnement stable, en sensibilisant son personnel, et en collaborant étroitement avec les professionnels de la santé mentale. L’importance d’une écoute active, d’une routine stable, et d’une éducation centrée sur les réactions post-traumatiques ne saurait être sous-estimée. Il est crucial de collaborer avec les parents, d’encourager des stratégies d’adaptation positives et de veiller à la réintégration scolaire soignée des enfants touchés.

Comment les parents, les enseignants et les communautés peuvent-ils contribuer à soutenir la santé mentale des enfants après un séisme ?

Les parents, les enseignants et la communauté toute entière jouent un rôle déterminant dans ce processus de guérison.

L’écoute active est primordiale. Chaque enfant a besoin d’un espace où il se sent en sécurité pour exprimer ses sentiments et partager ses préoccupations. Ce sentiment de sécurité peut être renforcé par le retour à une routine quotidienne, que ce soit à l’école ou à la maison, instaurant ainsi un semblant de normalité dans leur vie bouleversée. Par ailleurs, il est essentiel d’éduquer tant les enfants que les adultes sur les réactions typiques suite à un traumatisme. Comprendre ces réactions peut aider à déstigmatiser la détresse et à encourager un dialogue ouvert. Cela peut aller de simples ajustements comme mettre des cellules d’écoute au sein des écoles. La collaboration étroite entre les écoles et les parents est essentielle pour garantir une prise en charge cohérente et adaptée à chaque enfant.

Chaque enfant a besoin d’un espace où il se sent en sécurité pour exprimer ses sentiments et partager ses préoccupations.

Au-delà de l’école, les communautés peuvent jouer un rôle pivot en renforçant la solidarité et en organisant des activités ou des événements pour favoriser la cohésion sociale. Ces initiatives communautaires, conjuguées à une sensibilisation et à une formation appropriée, peuvent grandement contribuer à atténuer l’impact des traumatismes et à soutenir la guérison des enfants touchés.

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