Câblage : Le cri de colère ouvrières de SEWS
Les ouvrières et ouvriers de l’usine Sews-Cabind Maroc (SEWS) à Skhirat expriment leur colère face aux conditions de travail « humiliantes » qu’ils subissent dans cette unité de câblage. Récits.
Les ouvrières de l’usine SWES spécialisée dans les activités de câblage pointent du doigt les détentions humiliantes dans les dortoirs, le non-paiement des heures supplémentaires, et les entraves systématiques au droit syndical. Lors d’un point de presse organisé par leur syndicat affilié à l’UMT Rabat-Salé, ces ouvrières ont évoqué les conditions de travail dans cette unité industrielle. De leurs récits, il ressort des conditions dégradantes pour les ouvrières en majorité des femmes.
« Ouvrières en détresse »
Wafae, une des ouvrières licenciées par la direction de SWES. L’usine démarre son activité en 2008. L’unité de câblage compte 3000 ouvriers en majorité des femmes ouvrières. « Les conditions sont difficiles, les heures supplémentaires sont illégales. Nous étions retenus comme prisonnières jusqu’à ce que la production souhaitée soit achevée, sans aucune compensation financière pour ce travail supplémentaires », prononce-t-elle d’une voix nouée.
« En tant que chef d’équipe, j’ai tenté de défendre les droits de mes collègues en exprimant nos préoccupations. Malheureusement, on me percevait comme la source de problèmes, accusée d’inciter les autres à réclamer leurs droits légitimes », déplore Wafae. Cette première tentative de défense des droits des travailleurs a conduit à son transfert à l’unité d’Aïn Atiq, une tentative dans le but de l’isoler des ouvrières dont elle cherchait à être la porte-parole.
Face à ces injustices, Wafae et ses collègues ont sollicité l’assistance de l’UMT pour résoudre ces problèmes. « Nous avons déposé un dossier pour la création d’un syndicat. En réponse, dix personnes, dont moi-même, ont été licenciées sans motif valable », relate Wafae. Le 22 novembre dernier, ces ouvrières et leur syndicat décident de tenir un point de presse au siège de l’AMDH à Rabat. La direction de l’usine en a décidé autrement. « Les ouvrières n’ont pas pu faire le déplacement car elles sont retenues à l’usine », affirmait Faiçal Ouchen, membre de l’UMT Rabat Salé.
« Pas de déclaration à la CNSS »
« Les ouvrières sont humiliées et privées de leurs droits les plus élémentaires ».
Faiçal Ouchen, UMT Rabat-Salé.
Lors de cette rencontre avec la presse, la direction régionale de l’UMT Rabat Salé a souligné « la situation difficile vécue par ces ouvrières ». Faiçal Ouchen décrit l’ambiance de travail : « Depuis le lancement des activités de SEWS au Maroc, les ouvrières sont confrontées à des conditions déplorables, dans lesquelles elles sont humiliées et privées de leurs droits les plus élémentaires ».
Pour le membre de l’UMT, l’interdiction faites aux ouvrières résume leur situation à l’usine : « Cette restriction est révélatrice des obstacles persistants à la liberté d’expression, d’organisation et au droit de dénoncer les abus au sein de l’usine ».
Ce syndicaliste note également « la situation paradoxale dans cette usine ». Selon les données de l’UMT, « ces ouvrières ne sont pas déclarées et ne bénéficient pas des droits élémentaires en matière de protection sociale. Ceci se passe alors que le chantier de la protection sociale est annoncé par l’ensemble des officiels marocains ».
Dans le même sens, un autre aspect a été révélé qualifiant les pratiques en cours « d’injustices graves envers les travailleuses ». Le représentant de l’UMT Rabat a ainsi dénoncé « les détentions des ouvrières et le refus de leur accorder la possibilité de quitter l’usine, allant jusqu’à qualifier ces actes de crimes contre les travailleuses ».
« Un licenciement abusif »
« Notre lutte vise à garantir les droits fondamentaux des ouvrières »
Wafae
Retour au cas de Wafae. Elle considère que « le processus de licenciement a été entaché d’irrégularités », estime-t-elle. « Mon manager s’est adressé à moi de manière violente. Les ressources humaines ont préparé une plainte contre moi, tout en préparant un dossier de licenciement prêt pour les dix personnes engagées dans la création du syndicat UMT », rappelle-t-elle.
« Aujourd’hui, notre lutte ne vise rien de plus que de garantir les droits fondamentaux de ces ouvrières. Nous exigeons le droit à l’engagement syndical et la fin de la répression exercée à notre encontre », conclut Wafae.
Il est à noter que les ouvrières ont déjà organisé trois sit-in devant le siège de l’usine pour revendiquer leurs droits et protester contre leurs conditions de travail.
De même, l’UMT avait entrepris l’envoi d’une lettre à la direction, cherchant à établir un dialogue constructif. « Malheureusement, aucune de ces initiatives n’a encore trouvé de réponse de la part des responsables de l’usine », regrette l’UMT Rabat Salé.
Pour rappel, Sews-Cabind Maroc (SEWS) est la filiale de la Société Japonaise Sumitomo Wiring Systems (Sumitomo Electric Industries Group), « producteur mondial de faisceaux de câbles pour automobile avec 21% du marché, est le fournisseur exclusif de Fiat en faisceaux conducteurs d’énergie électrique et de données pour les véhicules industriels et de tourisme ».
Le Groupe Sews-Cabind basé en Italie, travaille principalement avec le Groupe Fiat, et assure tout son volume de production dans ses 4 usines situées en Pologne et au Maroc, et compte actuellement plus de 5400 collaborateurs.
ENASS contactera l’entreprise concernée pour avoir sa version des faits et pouvoir apporter ses réponses à ces affirmations.