De Gaza à Taza, Défendre les droits humains
La libération de la Palestine et le respect des droits humains des Palestiniens vont de pair avec la fin de l’absolutisme, la fin des arrestations politiques arbitraires.


La Déclaration universelle des droits humains (DUDH) fête cette année ses 75 ans. Un anniversaire qui trouve ce texte en mauvaise posture. Rappelons-le dès le départ, cette déclaration est fondatrice de la civilisation humaine contemporaine de l’après Deuxième guerre mondiale. Ce texte rédigé par le « monde libre » demeure soumis à la logique des deux poids de mesures. Les crimes de guerre commis par l’entité sioniste contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie montrent les limites connues de ce texte et de l’ensemble du système onusien. Mais ce texte et ses défenseurs ont peuvent avoir des cas de conscience.
Les graves atteintes aux droits humains à Gaza ont sorti l’ONU de son extrême prudence.
Les graves atteintes aux droits humains à Gaza ont sorti l’ONU de son extrême prudence habituelle. Les alertes onusiennes ont valu pour le SG de l’ONU, Antonio Guterres, des attaques nauséabondes du sionisme mondial. Malgré les critiques nombreuses à l’encontre de la DUDH, ce texte demeure fondamental. Il fixe les lignes de partage entre la fin de la « civilisation » et l’entrée dans la « barbarie ». Cette barbarie qui se perpétue à Gaza, avec la complicité agissante des grandes puissantes mondiales. L’Histoire retiendra qu’en 2023, soixante-quinze après la Shoah, la « communauté internationale », « le monde arabe », « le monde musulman », « le tiers monde » ont laissé faire un nettoyage ethnique à l’encontre du peuple palestinien.
Le Maroc compte, au moins 174 prisonniers politiques ou prisonniers d’opinion.
Mais les silences et les compromissions en matière des droits humains sont aussi légions au niveau national.
Le Maroc compte, au moins 174 prisonniers politiques ou prisonniers d’opinion. Défenseurs des droits humains, journalistes, activistes dans les mouvements sociaux du Hirak du Rif, nombreux sont aujourd’hui les citoyens marocains qui se trouvent derrière les barreaux pour avoir exprimée une opinion critique sur la gestion des affaires publiques nationales ou locales. Une campagne internationale vient d’être lancée pour appeler à leur libération. Un Comité composé de personnalités de renom, à leur tête Abdelatif Laâbi, vient d’être mis en place. Des citoyens marocains, maghrébins et européens se sont rassemblés autour de l’appel de L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), l’Association de défense des droits de l’homme au Maroc (ASDHOM) basée à Pariset le Centre des droits de l’homme en Amérique du Nord basé à New York pour exiger « la fin de cette escalade contre les droits humains au Maroc ».
Les compromissions en matière des droits humains sont aussi légions au niveau national.
Les célébrations officielles des 75 ans de la DUDH ont soigneusement éludé la question de l’emprisonnement politique au Maroc. Ces « festivités » (sic) rejoignent la ligne officielle tracée par l’autoritarisme. On retiendra tout de même du message royal adressé au séminaire du CNDH que « la célébration par le Maroc, à l’instar du reste des pays du monde, de cet évènement international singulier et, ô combien décisif dans l’histoire de l’humanité, marque tout le prix que Nous attachons constamment à la promotion des droits humains dans notre pays, sous tous ses aspects, aussi bien en tant que culture que pratique ».
Enfin, pour reprendre la « petite phrase » des officiels marocains, qui préfèrent Taza à Gaza, je dirai que cette fausse concurrence aboutit à une même logique. Le développement socio-économique comme la défense des droits humains ne peuvent être prisonniers d’une logique concurrentielle. La libération de la Palestine, le respect des droits humains des Palestiniens vont de pair avec la fin de l’absolutisme, la fin des arrestations politiques arbitraires et la fin de l’impunité contre les tortionnaires. C’est de cette manière que nous pouvons rejoindre la théorie et la pratique.