Ouvrières de textile Senoussi : Un jugement sans justice
Après treize années de bataille pour leurs droits, les ouvrières licenciées de manière arbitraire de l’entreprise textile Senoussi se sont présentées devant le siège de la Cour de cassation appelant à accélérer le traitement de leur affaire, jugée en 2019. Reportage.
Texte Imane Bellamine
Vidéo Anass Laghnadi
Il est 10 heures du matin dans le quartier Hay Riad à Rabat, un groupe d’ouvrières se rassemble devant le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. Leurs voix se mêlent à des discussions évoquant leur long combat pour obtenir justice et faire valoir leurs droits.
Ouvrières de textiles : onze années de lutte pour la justice
«Levez-vous et défendez vos droits! Assez de ce silence, nous exigeons justice!», lance Halima, l’une des ouvrières licenciées abusivement.
Aujourd’hui, elle et ses collègues ouvrières se trouvent dans une situation désespérée. Après avoir consacré des années de leur vie au travail dans l’usine textile, ils se retrouvent licenciés abusivement, sans avoir reçu leurs droits légitimes. Depuis 2013, ils luttent pour obtenir justice, mais en vain.
«Cela fait 11 ans que nous attendons, espérant une solution et la restitution de nos droits. A chaque fois que le dossier est rouvert, nous recommençons à zéro, sans réelle avancée vers la résolution de notre situation», affirme Halima.
Avec plus de 23 ans d’expérience dans le groupe de textile, cette ouvrière se souvient des longues heures passées à travailler sans relâche, sacrifiant même sa vie familiale pour répondre aux exigences de son emploi. Elle se rappelle avec amertume comment le travail acharné l’a éloignée de son fils adolescent, plongeant ce dernier dans une spirale d’addiction.
Malgré leurs efforts pour obtenir réparation, les ouvrières se retrouvent confrontées à un mur d’indifférence de la part des propriétaires de l’usine. Le dialogue avec eux n’a jamais été ouvert, à l’exception d’un discours ambigu prononcé au moment de la fermeture de l’usine, laissant les travailleurs perplexes quant à leur sort.
«Le verdict a été prononcé, mais nous n’avons toujours pas reçu nos indemnités», affirme-t-elle.
Des promesses répétées de résolution du conflit, mais rien n’a été fait, laissant ainsi les ouvrières dans une précarité croissante.
Rachid Bettache, représentant des ouvriers et ouvrières, explique que leur seule demande aujourd’hui serait l’application des jugements, mais jusqu’à présent, ils ne comprennent pas pourquoi l’exécution de la décision de justice.
«Ce dossier va encore prendre du temps, et ce retard nous affaiblit. Aujourd’hui, nous avons toute confiance dans la Cour de cassation pour nous rendre justice et réagir face à cette situation que nous vivons», explique-t-il.
Rachid, Halima et leur collègues appellent à l’action. Ils demandent que justice soit faite, que leurs droits soient respectés. Après 11 ans d’attente et de lutte, ils ne peuvent plus supporter cette situation. Ils exigent une solution immédiate à leur précarité et une compensation équitable pour les années de travail qu’ils ont consacrées à l’usine textile.