MIGRATIONS, Reportages, UNE

Ammari: «Les disparitions de migrants est en forte hausse au Maroc »

L’association d’aide aux immigrants en situation de vulnérabilité, a organisé une caravane de commémoration du dixième anniversaire des événements de Tarajal. Reportage.

Caravane de CommémoraAction du 6 février organisée par l’AMSV.

Dix ans après les événements du 6 février 2014, où plus de 200 personnes ont tenté d’entrer à Ceuta depuis le territoire marocain le souvenir reste vif. Alors qu’elles approchaient la plage de Tarajal, certaines tentaient de franchir à la nage, mais la Guardia Civil a fait usage d’équipements anti-émeute – cartouches de fumée et balles en caoutchouc – pour empêcher leur passage vers le territoire espagnol. Quinze personnes ont perdu la vie du côté espagnol, des dizaines ont disparu, et bien d’autres ont trouvé la mort sur le sol marocain.

Chaque année, familles et militants commémorent jusqu’à ce jour cet événement tragique. En collaboration avec des coalitions internationales, l’AMSV mène un combat sans relâche pour la vérité et la justice sur ce drame migratoire. L’association marocaine poursuit aussi son combat pour connaître le sort de Marocains migrants disparus en mer ou en détention en Algérie.  

Pour une liberté de circulation

Il est 11h du matin, sur la plage de Saïdia, des familles se rassemblent, portant des banderoles arborant des slogans tels que «Dix ans pour la tragédie de Tarajal, Leurs vies est notre lumière, leur destin notre colère», et «Ouvrez les frontières». Ces mots résonnent avec force alors que nous commémorons une décennie depuis les événements du 6 février. 

Cette édition de la commémoration est dédiée aux migrants disparus, présumés détenus en Algérie. Les mères, toujours en tête de cortège, réclament justice et vérité pour leurs enfants. 

 «Nos enfants disparus en mer ? Où sont-ils ? »

«Nos enfants disparus en mer ? Mais où sont-ils ?»Les membres des familles portant ces slogans restent résolus tout au long de la marche vers la mer. Sur le sol gît une grande banderole, arborant la photo d’un groupe de migrants disparus, accompagnée d’un titre imposant : «Les familles des migrants disparus et détenus en Algérie exigent la libération immédiate de leurs enfants»

A lire aussi : Familles des migrants disparus : 10 ans de combat 

L’événement débute par la récitation de la Fatiha et une minute de silence en hommage à ces âmes perdues. Des mots poignants des membres de la famille accompagnent les larmes des mères toujours en quête de vérité sur le sort de leurs enfants. 

«Jusqu’à présent, nous avons reçu plus de 100 dossiers de migrants détenus en Algérie, condamnés à des peines allant de 5 à 10 ans de prison, tout simplement pour avoir cherché une vie meilleure ».

« Nous somme là pour le dixième anniversaire des événements de Tarajal en 2014. Cette année, notre attention se porte sur les migrants disparus en mer, en particulier ceux d’Algérie. Jusqu’à présent, nous avons reçu plus de 100 dossiers de migrants détenus en Algérie, condamnés à des peines allant de 5 à 10 ans de prison, tout simplement pour avoir cherché une vie meilleure», déclare Hassan Ammari, président de l’Association d’aide aux migrants disparus d’Oujda

Des fleurs sont délicatement jetées dans les eaux salées, un geste de commémoration pour tous ces jeunes perdus en mer.

Face à la mer, tous se recueillent. Des fleurs sont délicatement jetées dans les eaux salées, un geste de commémoration pour tous ces jeunes perdus en mer. Un regard d’attente, de discussion, et d’espoir qui brille dans les yeux des participants, attendant des nouvelles de leurs proches disparus. C’est une rituelle année après année, gardant l’espoir qu’un jour leurs enfants reviendront ou qu’un signe de leur part se manifestera. 

Et d’ajouter : «Notre message est adressé aux autorités algériennes : libérez ces personnes détenues qui endurent des conditions de vie très difficiles». 

«Ceci est un cri d’alarme, une demande urgente pour la libération de ces migrants, et pour le respect des conventions et chartes internationales des droits de l’homme», conclut-il. 

À l’approche de la fin de cet événement, les mères se tiennent devant la mer, leurs regards éplorés fixés sur les photos de leurs enfants disparus. Des images qui illustrent un témoignage poignant de leur lutte pour obtenir justice et vérité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez-vous à la Newsletter des Sans Voix 


Contre l’info-obésité, la Newsletter des Sans Voix 

Un slowjournalisme pour mieux comprendre 


Allez à l’essentiel, abonnez-vous à la Newsletter des Sans Voix