Raissouni : Dégradation de l’état de santé du journaliste
Soulemain Raissouni, journaliste en détention à la prison locale d’Ain Borja à Casablanca, entame son sixième jour de grève de la faim. Sa famille alerte sur la dégradation de l’état de santé. Les détails.

« Souleiman nous a appelé le 4 mars, il confirme qu’il est à son cinquième jour de grève de la faim et il compte poursuivre son acte de protestation. Il m’a informé qu’il perd du poids chaque jour.
« Nous craignons pour son état de santé »,
Khoulod Moukhtari, épouse du journaliste Souleiman Raissouni.
Nous craignons pour son état de santé », nous déclare Khoulod Moukhtari, épouse du journaliste Souleiman Raissouni, joint par téléphone par ENASS.ma.
Raissouni avait annoncé une action de protestation suite à la saisie de ses correspondances destinées à un écrivain ukrainien qui le soutient dans le cadre d’une campagne du PEN International.
Confiscation de lettres
« Souleiman entame cette action pour exiger son droit de correspondre avec le monde extérieur ».
« Souleiman entame cette action pour exiger son droit de correspondre avec le monde extérieur. Cette lettre m’a été destinée au départ et elle contient des réponses de Souleiman adressées au romancier ukrainien Andreï Kourkov, qu’il souhaitait transmettre à cette personnalité qui le soutient »,détaille Moukhtari.
Pour sa part, la direction de la prison d’Ain Borja a publié une mise en point où elle indiquait « qu’elle était en droit de contrôler les lettres émises et reçues par les détenus ». Dans ce communiqué de l’administration pénitentiaire au ton diffamatoire et accusateur contre Raissouni, la prison annonce « avoir consulté le contenu de la correspondance adressée par le détenu à une partie étrangère, a constaté qu’elle contenait des propos injurieux et diffamatoires et de fausses informations », ajoutant avoir « saisie » la lettre.
Raissouni avait mené une longe grève de la faim de 121 jours en 2021 pour protester contre sa détention.Cette action avait laissé des séquelles sur l’état de santé du journaliste et éditorialiste d’Akhbar Al Yaoum. « Quand il s’est vu confisqué ses écrits au moment de son déplacement de la prison locale d’Oukacha à celle Ain Borja, il a failli entamer une nouvelle grève en 2022. Nous avons réussi à le dissuader à la dernière minute de mener un tel acte, mais aujourd’hui nous sommes désemparés face à cette situation qui met en danger la vie de mon mari », poursuit Moukhtari.
Appels pour suspendre la grève
Face à cette situation complexe, la famille de Raissouni comme un nombre de collectifs pour la libération des prisonniers politiques au Maroc appellent « Souleiman pour suspendre sa grève de lafaim. On s’adresse à lui pour que cesse cette actionqui met en péril sa santé », s’inquiète son épouse Khouloud Mokhtari. Cette dernière rappelle que son « état de santé est fragile à tous les points de vue. Pour cette raison, nous estimons qu’une solution honorable à cette nouvelle crise, c’est de libérer cette lettre et lui permettre d’atteindre son destinataire ».
Enfin sa famille appelle « l’ensemble des acteurs politiques et associatifs de se mobiliser que pour Souleiman stoppe sa grève de la faim et pour qu’il obtienne gain de cause dans son combat ».
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, s’est dit lundi « choqué » par le « harcèlement » dont fait l’objet M. Raissouni, « privé du droit légitime d’envoyer des lettres ».
Le journaliste marocain signait régulièrement des éditoriaux critiquant les autorités. Ses soutiens estiment qu’il a fait l’objet d’un « procès politique », ce que les autorités réfutent, et réclament sa libération.