Agressions et diffamation : Le quotidien des militantes
Le Groupe de Jeunes femmes pour la démocratie (GJFD) tire la sonnette d’alarme sur « la régression » des droits des femmes au Maroc et particulièrement les femmes activistes.
« Cette année, la Journée internationale de la femme coïncide avec la présidence marocaine du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à un moment où nous, constatons un déclin croissant dans le domaine de la protection des droits humains en particulier la protection des femmes », observe d’entrée de jeu le GJFD. Cette association composée d’activistes des droits des femmes et des filles s’inquiète de la « série de violations, de violences, de discriminations et de procès contre les libertés des femmes ».
De la prison pour Alami, Bakour et Zayed
L’association rappelle le bilan dressé par son rapport sur la situation des femmes défenseuses des droits humains au Maroc. Ce document publié en 2023 fait état « d’une série de pratiques qui atteignent profondément les luttes du mouvement progressiste et des femmes, ainsi que les engagements du Maroc à garantir et protéger les droits humains », poursuit cette association dans son communiqué à l’occasion du 8 mars.Ce rapport critique les mesures prises par les autorités qui par conséquent portent atteinte aux droits des femmes, en particulier « leurs droits de participer à la vie civile, politique et économique ».
La condamnation récente de la militante de Figuig, Halima Zayed qui a écopé de six mois de prison avec sursis.
Le GJFD cite le cas emblématique de Saida El Alami, activiste marocaine connue pour défendre les droits humains, condamnée à quatre ans de prison en 2023. L’association cite également la condamnation récente de la militante de Figuig, Halima Zayed qui a écopé de six mois de prison avec sursis à la suite de sa participation au mouvement du Hirak de l’eau.
Hanane Bakour, journaliste condamnée à une peine de prison d’un mois avec sursis.
Le même document cite le cas Hanane Bakour, journaliste condamnée à une peine de prison d’un mois avec sursis plus une amende. « Nous avons également enregistré le suivi d’autres femmes mentionnées dans le rapport du groupe »,précise l’association.
De la diffamation pour les enseignantes
Au cours du mouvement des hommes et des femmes de l’éducation contre le nouveau Statut unifié base, le groupe a enregistré le prononcé de sanctions administratives « injustes » contre des enseignantes à la suite de leur participation à un mouvement social. « Nous avons ainsi notéde la diffamation avec en cible systématique certaines femmes au sein du corps éducatif en raison de leur activité civile. Nous considérons ces pratiques comme une violation flagrante des droits humains et de la liberté d’expression »,condamne le jeune groupe féministe.
Cinq revendications : Liberté politique
C’est dans ce contexte difficile que « les défis auxquels sont confrontées les défenseuses de droits humains des femmes s’amplifient, aussi bien que les menaces, les arrestations arbitraires, le harcèlement et le lancement de campagnes empiriques de diffamation dans les médias et les réseaux sociaux », prévient cette association fondée notamment par d’anciens membres actifs du Mouvement du 20 février.
Dans ce climat répressif, l’association appelle les femmes défenseuses des droits humains de se mobiliser « contre les formes de violence et de discrimination, afin de construire un Maroc de droits et de libertés ».
Le Groupe des Jeunes Femmes pour la Démocratie rappelle ces revendications. Elles sont rédigées ainsi:
« Les femmes défenseuses des droits humains doivent être protégées contre une violence dirigée à leur encontre et qui s’inscrit dans le cadre de l‘injustice, de la violence et de lapersécution ».
« Nous exigeons la libération de tous les hommes et femmes détenus en raison de leurs activités civiles, de leurs opinions ».
« Nous affirmons le droit des femmes défenseuses à s’exprimer librement et pacifiquement afin d’exercer leurs activités sans crainte de représailles ».
« Nous affirmons notre soutien et notre solidarité avec toutes les manifestations pacifiques et les revendications en faveur des droits et des libertés ».
« La sécurité de l’État doit d’abord reposer sur la capacité à répondre aux exigences et aux besoins des citoyens ».
« Nous exigeons que les demandes en matière de droits de l’homme soient assouvies dans une atmosphère de dialogue, d’ouverture et d’écoute, ainsi que l’adoption de politiques équitables axées sur les droits humains, tout en soulignant que la sécurité de l’État doit d’abord reposer sur la capacité à répondre aux exigences et aux besoins des citoyens».