Le professeur universitaire Abdelkrim Belguendouz, spécialiste des questions migratoires, publie un nouveau livre sur les relations Afrique-UE. Le ton est critique sur « la forteresse Europe ». Les détails. 

C’est un ouvrage volumineux (638 pages) d’un auteur prolifique. Avec le titre parlant Le Maroc et l’Afrique face au nouveau pacte européen de guerre migratoire aux sudistes (mars 2024), le professeur universitaire à la Faculté Mohamed V de Rabat se positionne clairement contre les politiques migratoires de l’Union européenne (UE), menées au Maroc et en Afrique. En couverture de ce livre, il pose la question de « l’impact du Pacte européen sur les politiques migratoires marocaines ».

Le Maroc, l’Afrique et le Pacte 

« C’est une véritable déclaration de guerre migratoire aux sudistes par la Commission européenne ». 

L’auteur présente son ouvrage comme une « expression d’un engagement citoyen et africain ». Ce livre interroge le projet de nouveau pacte européen sur la migration et l’asile. « C’est une véritable déclaration de guerre migratoire aux sudistes par la Commission européenne fin 2020, et c’est une extension du pillage par l’UE des compétences de l’Afrique, sous couvert de « Partenariat-talents » », poursuit l’auteur dans sa présentation du livre. 

Belguendouz rappelle le contexte du Pacte européen. « Il s’agit d’un accord politique tardif sur ses points clés fin 2023 entre les représentants du Conseil (États membres) et du Parlement européen, ce pacte à visée d’une Europe forteresse, cherche d’abord les rapports migratoires euro-africains ». Le livre questionne la place et les effets sur le Maroc du Pacte. « Le Maroc est partenaire stratégique clé dans le triptyque de sa politique migratoire : émigration vers l’Europe (nationaux et étrangers), immigration et asile au Maroc, Marocains établis dans l’UE », rappelle l’universitaire marocain. 

L’auteur appelle à la « refonte des politiques migratoires du Maroc, sous un prisme national et afro-centré, sans clonage UE ». 

L’apport du livre est d’analyser les effets sur l’ensemble du continent africain. « En lien à l’Afrique, le pacte mérite débat, stimulé par l’Agenda africain sur la migration porté par le roi Mohammed VI, Leader de l’Union africaine sur la question migratoire et par son discours du 20 août 2022 sur les citoyens marocains à l’étranger, qui attendent tous deux un suivi gouvernemental à Rabat », insiste l’auteur et spécialiste des migrations. 

Pour sortir d’une vision euro-centrée et s’éloigner des objectifs du Pacte européen, l’auteur appelle à la « refonte des politiques migratoires du Maroc, sous un prisme national et afro-centré, sans clonage UE, appelle l’intégration vigilante et critique du contexte migratoire régional et international, dont les volets euro-méditerranéen et Europe-Afrique subsaharienne, sans oublier la dimension maghrébine de la migration ». ENASS reviendra, prochainement, en détails sur certaines parties de cet ouvrage.