Ce dimanche 24 mars, les Sénégalais éliront leur nouveau président. ENASS.ma est parti à la rencontre de Sénégalais résidant à Casablanca pour les sonder sur ce rendez-vous important.

Nous sommes au marché sénégalais de Casablanca, haut lieu des produits provenant de la terre de la Téranga. Il est 11h, l’activité démarre lentement en cette journée de Ramadan. Seuls quelques commerces sont ouverts. Certains sortent leurs produits et préparent leurs plats du jour. 

Seydou est installé au fond de son magasin. Ses voisins nous le désignent comme « la personne qui peut vous parler des Elections présidentielles ». Ce résident au Maroc depuis quinze années , il suit de près cette campagne électorale intense : « Le dimanche dernier nous avons reçu la visite de représentants de plusieurs candidats. Ils sont venus nous parler de leurs projets. Ils ont distribué des tracts pour faire connaitre leurs programmes », indique ce commerçant sénégalais. 

Précisons que les Sénégalais se rendent aux urnes le 24 mars 2024 pour élire leur 5e président. Au total, 19 candidats sont en lice pour le fauteuil de président de la République du Sénégal.

« Tous sauf Macky »

Dans les allés du marché, on suit la politique mais on préfère laisser les politiciens en parler. On nous oriente vers « La Politicienne du marché », il s’agit de Maty. Cette résidente au Maroc depuis 12 ans est candidate suppléante pour la liste Afrique du Nord du candidat Karim Wade (Le PDS). Mais Wade n’a pas été retenu parmi les candidats officiels pour la course présidentielle. « Nous ne savons pas encore quels autres candidats nous allons soutenir. Mais une chose est sûr, et que nous soyons pour le changement », martèle-t-elle. Maty a connu la politique dès son âge, « Ma grand mère est sénatrice », affirme-t-elle. 

« Nous sommes derrière Sonko. Tous les jeunes le sont ».

Quand on lui pose la question si elle soutient le binôme Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko ? Maty n’hésite pas à sortir une affiche avec le portrait du duo donné favori en lançant : « Tous sauf Macky Inchallah ». Même sentiment chez le discret Seydou : « Nous sommes derrière Sonko. Tous les jeunes le sont. Nous avons souffert avec les vieux. Nous allons voter ce dimanche pour le changement ».

« La victoire de Sonko sera une journée de fête pour nous à Casablanca ».

Et Maty de promettre : « La victoire de Sonko sera une journée de fête pour nous à Casablanca ». Parmi les candidats favoris, les analystes citent les noms d’Amadou Ba (ex-premier ministre) et Idrissa Seck. 

« Sénégal, îlot de démocratie »

Changement de décor. Nous sommes sur le boulevard Hassan II à Casablanca, entre les tours des sièges des banques et assurances. Kisito Ndour, cadre bancaire sénégalais à Casablanca et qui a exercé le journalisme dans plusieurs médias de la place nous donne rendez-vous dans ce quartier. Il fait partie de l’élite sénégalaise installée au Maroc depuis quelques décennies au Maroc. 

Entre deux appels téléphoniques, Kisito arrive à trouver un moment afin de nous parler de ce rendez-vous important pour lui comme pour tout le Sénégal et toute l’Afrique de l’Ouest. Pour la première fois de l’histoire de cette démocratie, le président sortant n’est pas en lice. « Ce qui rend cette élection très indécise », précise ce journaliste aujourd’hui dans la communication institutionnelle. 

Dans ces dernières heures de campagne Kisito est serein : « On ne peut que se réjouir de voir ces élections enfin se tenir. On croise les doigts pour que cela puisse se tenir dans cet Îlot de démocratie qu’est le Sénégal. Nous avons besoin de L’Afrique de l’Ouest surtout avec ce qui se passe chez nos voisins ». 

« La campagne parmi la Diaspora s’est déroulée surtout sur les réseaux sociaux ».

Pour Kisito, « la campagne s’est déroulée surtout sur les réseaux sociaux avec des discussions animées entre les militants de chaque parti », observe-t-il.  Et d’ajouter : « Nous avons reçu la visite de certains candidats, même avant le début officiel de la campagne. Les débats se sont concentrés sur l’avenir du pays, notamment la place de la jeunesse et la situation de l’immigration irrégulière. La jeunesse a besoin de trouver les moyens de travailler dans le pays. 

Ces difficultés ont permis par ailleurs au candidat favori : Ousmane Sonko de rallier la jeunesse du pays. « Sonko a pu bâtir une force politique assez impressionnante, avec pour ossature la jeunesse », analyse Kisito Ndour. Dimanche 24 mars, quelques dizaines de milliers de Sénégalais du Maroc seront appelé à choisir leur nouveau président. Le HCP estimait, en 2014, la communauté sénégalaise du Maroc à 6600 personnes. A cela s’ajoute la diaspora estudiantine sénégalaise qui compte quelques centaines d’étudiants. Pour Kisito Ndour la mobilisation sera importante ce dimanche : « Je m’attends comme d’habitude à un taux de participation important. Nous sommes très mobilisés lors des Présidentielles. Les Sénégalais du Maroc vont certainement aller voter en masse car c’est un événement de haute importance très attendu par le peuple sénégalais ».