Reportages, UNE

Vie chère : Ramadan sous inflation

La cherté de la vie s’installe comme une donnée structurelle de la vie des Marocains. Le mois de Ramadan est une aubaine pour les spéculateurs.  Reportage dans les allés de marchés à Casablanca.

Texte : Salaheddine Lemaizi
Reportage-vidéo : Anass Laghnadi

Marché de Benjdia à Casablanca, les commerçants de légumes exposent leurs produits frais mais n’osent pas trop affichés les prix, tellement certains produits alimentaires ont atteint des niveaux vertigineux. « Pour cette deuxième semaine du Ramadan, hamdoullah les prix ont commencé à baisser. C’est au début du mois sacré où les prix étaient à la hausse », observe un commerçant rencontré par ENASS.ma. La spéculation, les choix agricoles, le choix de l’exportation au détriment du marché local, et la sécheresse maintiennent une tension sur les prix. Bienvenue dans le nouveau régime inflationniste causé par les effets prévisibles du tout export et du tout marché. Et le citoyen trinque.

L’inflation comme « donnée domestique »

En février 2023, l’inflation au Maroc enregistrait un pic historique depuis deux décennies de 10,1%. Depuis, on observe une relative accalmie. « L’inflation doit être prise comme une donnée structurelle et domestique. Et que nous devons désormais vivre avec », ce sont les mots inquiétants mais justes de Ahmed Lahlimi, patron du Haut-commissariat au Plan (HCP), lors d’une interview à nos confrères de Medias24. Désormais, les Marocains faisant partie des classes sociales moyennes et pauvres subissent de plein fouet depuis deux ans les effets de la sécheresse et de la faiblesse de l’offre locale en produits alimentaires. 

Bank Al Maghrib (BAM) dans ce dernier conseil du 19 mars elle faisait les constats rassurants : « Pour ce qui est de l’inflation domestique, après le pic de 10,1% atteint en février 2023, elle s’est inscrite en baisse, revenant à 3,4% en décembre et terminant ainsi l’année 2023 avec une moyennede 6,1% après 6,6% en 2022. Elle poursuivrait son ralentissement pour s’établir à 2,2% cette année et à 2,4% en 2025 », prévoit la banque centrale. 

L’institution annonce aussi que « la production agricole continue de pâtir de la récurrence des sécheresses et de l’accentuation du stress hydrique ».  Dans ce contexte, les spéculateurs ont un boulevard pour tirer les prix vers le haut. Le mois de février 2023, l’inflation a connu un répit en raison des baisses des exportations vers l’Europe et l’Afrique de l’Ouest.

Prix à la baisse : Merci la Mauritanie !

L’indice des prix à la consommation (IPC) du HCP a connu, au cours du mois de février 2024, une baisse de 0,3% par rapport au mois précédent. « Cette variation est le résultat de la baisse de 0,7% de l’indice des produits alimentaires et de la hausse de 0,1% de l’indice des produits non alimentaires », explique le HCP dans sa note mensuelle de l’IPC.

En raison des difficultés d’exportation vers le marché ouest africain à la suite nouvelles règles douanières imposées par la Mauritanie sur les produits agricoles marocains, le marché local a retrouvé une offre conséquence et une baisse des prix. C’est d’ailleurs le constat que partage commerçants et clients rencontrés par ENASS.ma dans quelques marchés casablancais. 

« Les baisses des produits alimentaires observées entre janvier et février 2024 concernent principalement les «Légumes » avec 9,5% et les « Poissons et fruits de mer » avec 2,1% », détaille le HCP. 

En revanche, les prix ont augmenté de 3,9% pour les « Fruits», de 1,1% pour les « Viandes », de 0,5% pour le « Sucre, confiture, miel, chocolat et confiserie », de 0,3% pour le «Pain et céréales » et de 0,2% pour le « Lait, fromage et œufs». Pour les produits non alimentaires, la baisse a concerné principalement les prix des « Carburants » avec 1,0%.

Malgré le discours rassurant du gouvernement, l’inflation continue à faire des ravages. « Comparé au même mois de l’année précédente, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 0,3% au cours du mois de février 2024 conséquence de la hausse de l’indice des produits non alimentaires de 0,9% et de la baisse de celui des produits alimentaires de 0,4% », conclut le HCP. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez-vous à la Newsletter des Sans Voix 


Contre l’info-obésité, la Newsletter des Sans Voix 

Un slowjournalisme pour mieux comprendre 


Allez à l’essentiel, abonnez-vous à la Newsletter des Sans Voix