Bensaid : l’homme des Communs
Le 23 mars dernier, le Parti socialiste unifié (PSU) a consacré un hommage national au leader Mohammed Bensaid Ait Idder, résistant et homme politique historique de la gauche critique au Maroc. Une date qui commémore également la naissance du mouvement révolutionnaire 23 mars. Ambiance.
Centre culturel Abdellah Guenoun à Ain Chock à Casablanca. En cette soirée du ramadan, l’immense salle du théâtre municipal ne fera pas le plein. Les sections du PSU de Casablanca rendent hommage à leur leader historique. Entre témoignages et confidences, on redécouvre un Bensaid, rassembleur, un homme de principes et de consensus.
Les trois « Communs » de Bensaid
Mustapha Bouaziz, historien et militant politique sur une longue période raconte sa première rencontre avec Bensaid à Paris. « J’étais étudiant à Paris dans les années 70. Je dinais dans un restaurant parisien, cependant sur la table à côté, j’entendais une voix soussi qui parlait de Marx et Engels. C’était la première rencontre furtive, s’en suivra une relation de camaraderie et d’amitié de plusieurs décennies », se confie le professeur universitaire et membre fondateur du Centre de recherches Mohammed Bensaid Ait Idder (CERM).
« Bensaid a travaillé autour du Commun Marocain, du Commun Maghrébin et du Commun Palestinien ».
L’intervention de l’ancien directeur du Centre Marocain des Sciences Sociales de l’Université Hassan II a rappelé les trois « Communs » Toute sa vie : « Bensaid a travaillé autour du Commun Marocain, du Commun Maghrébin et du Commun Palestinien », énumère-t-il. Bouaziz témoigne :« Bensaid a été un homme intègre, il a vécu humblement et simplement toute sa vie ».
« Un hommage au gout amer »
Ahmed Sbai, membre de l’Organisation de l’action démocratique et populaire (OADP) et parlementaire de 1997 à 2007 a côtoyé Bensaid dans les arcanes de l’institution parlementaire. « Il a été une voix critique dans le parlement. Il était en mesure de défendre ses points de vue dans tous les lieux où il en avait la possibilité », rappelle son camarade du parti. Sbai regrette sa mise à l’écart suite au processus de fusion entre l’OADP et d’autres composantes de la gauche radicale qui donneront lieu au PSU. « Bensaid pouvait donner des choses au parti et à la politique », regrette Sbai.
« C’est triste qu’après tout ces combats, on continue à avoir encore des prisonniers politiques ».
Khouloud Mokhtari, militante et scénariste, fait partie de la génération du Mouvement du 20 février de 2011 à qui Bensaid s’est adressé avec sa célèbre lettre. « Bensaid constitue une icône pour moi, une manière de faire de la politique avec rigueur et honnêteté », décrit cette militante et épouse du journaliste emprisonné Souleimane Raissouni. « Bensaid s’est battu toute sa vie contre l’emprisonnement politique et c’est triste qu’après tout son combat au Maroc, on continue d’avoir davantage de prisonniers d’opinion, et de prisonniers politiques. C’est un hommage au gout amer pour moi », conclut-elle.