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Moudawana : Dernière ligne vers l’égalité ? 

Le mouvement associatif en faveur de l’égalité Femmes/Hommes et pour une législation favorable de cette égalité continue sa mobilisation. Une rencontre organisée récemment par JATWJABT et La Fondation Heinrich Boll-Rabatà Casablanca a permis de rappeler les enjeux de l’actuelle réforme. Synthèse des débats.

Trois associations et une même revendication : L’égalité maintenant. L’Association Tahadi, l’Association Droits et Justice et Kif Baba Kif Mamaont rappelé leurs plaidoyers à la fois spécifiques et leur exigence principale : Le Maroc a besoin d’un nouveau Code de la famille respectueux des engagements internationaux et constitutionnels. Trois axes ont été abordé par ces ONG lors de cette rencontre : La tutelle, l’égalité totale en termes de droits et la lutte contre le mariage des fillettes.

Vers une réforme égalitaire Hommes-Femmes

Nous aspirons aujourd’hui à une égalité totale entre hommes et femmes dans la législation

“Nous aspirons aujourd’hui à une égalité totale entre hommes et femmes dans la législation. Les femmes ont les mêmes responsabilités que les hommes, donc elles devraient également jouir des mêmes droits”, Bouchra Abdou, présidente de l’association Tahadi.

Abdou a ainsi souligné les défis et problèmes actuels liés au code de la famille au Maroc, notamment le divorce, mariage de mineurs et égalité en matière d’héritage, des difficultés qui entravent le progrès des hommes et des femmes dans notre société.

“Une société prospère ne peut émerger sans des règles équitables. Le bien-être familial est essentiel pour permettre à chacun de s’épanouir et d’y contribuer pleinement, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan collectif”, déclare-t-elle.

Le Maroc d’aujourd’hui ne tolère aucune faille. Un code de la famille discriminatoire envers les femmes, les filles et les enfants n’ayant pas sa place

Et d’ajouter: «Une réforme de la Modawana s’avère donc indispensable pour atténuer les souffrances au sein des familles. Nous avons besoin d’une loi fondée sur la dignité, l’égalité et la justice. Une loi non discriminatoire, préservant l’intérêt supérieur de l’enfant, et garantissant des droits égaux aux hommes et aux femmes au sein de la famille marocaine”.

Face aux controverses entourant cette réforme, Bouchra Abdou affirme que ces débats deviennent récurrents et  ressurgissent à chaque transition. De nombreux courants, politiques ou citoyens soient- ils, résisteront à ce changement.

“La loi représente aujourd’hui un chemin vers le changement des mentalités, vers l’éducation et vers la construction d’une société dépourvue de violence et de discrimination”, souligne-t-elle.

Réforme de la Moudawana : Une promesse d’avenir

Lors de son intervention, GhizlaneMamouni, avocate et présidente de l’association Kif Baba Kif Mama, a souligné qu’aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes ainsi que l’intérêt supérieur de l’enfant, ne sont plus des sujets de négociation en suspens, et ce depuis des années.

“Il est désormais évident que les femmes marocaines démontrent, chaque jour, leur résilience et leur force, que ce soit dans l’éducation de leurs enfants, dans  la gestion de leur foyer et dans bien d’autres domaines. Il est donc grand temps qu’elles bénéficient de droits correspondant à leur contribution  au sein de la société et au développement du pays”, explique-t-elle.

Et de poursuivre :”Ce que nous recherchons aujourd’hui, n’est rien d’autre qu’une égalité totale en termes de droits et de responsabilités entre hommes et femmes. Cette aspiration n’est pas une simple demande, mais une reconnaissance méritée pour les femmes marocaines.”

Dans ce sens, Me Mamouni a exprimé son optimisme quant à cette réforme, soulignant que le mouvement féminin a toujours porté ses fruits. Selon elle, de nombreux indicateurs sont positifs et témoignent des progrès réalisés dans ce domaine.

Interdiction des mariages des fillettes : Une urgence

12 940 mariages de mineurs ont été autorisés par les tribunaux et les juges

« Au Maroc, 12 940 mariages de mineurs ont été autorisés par les tribunaux et les juges, sans même évoquer les unions illégales qui se concluent en dehors de tout cadre légal, avec la Fatiha ou autresubstitut à l’acte de mariage », explique Amal Amine de l’association Droits et Justice.

Dans son intervention, cette militante a mis en lumière la problématique des mariages de mineurs. « Il est aujourd’hui impératif de dire non aux mariages des mineurs Nous ne pouvons pas tolérer ce recul ni ces pratiques », souligne-t-elle.

Et d’ajouter : « Nous espérons que le nouveau code de la famille interdira les mariages de mineurs, car ils représentent une violation des droits des enfants. Le fait que 90 % des filles se marient jeunes au Maroc, contrairement aux garçons, illustre l’urgence de cette question ». 

Dans le même contexte, elle explique qu’une simple réforme législative ne suffit pas ; elle doit être accompagnée d’un plan d’action et qu’il serait temps d’engager le dialogue, de changer et d’évoluer, de transformer les choses.

Elle a ainsi évoqué également les enfants nés hors mariage, les filles mariées à un jeune âge, ainsi que la question de l’égalité en matière d’héritage et de tutelle.

Amal Lamine a également fait part de l’initiative menée dans le cadre du Collectif Dounia, supervisé par l’association Droit et Justice. Une campagne de plaidoyer digitale intitulée #3andi amal (J’ai de l’espoir) a été lancée dans le but de mobiliser les législateurs et de sensibiliser les Marocains et Marocaines à la question des mariages précoces.

Pour ce faire, le collectif envisage de diffuser des vidéos au format vertical, dans lesquelles les participants déclarent « J’ai de l’espoir… » suivi d’une phrase en lien avec la problématique. L’on peut citer : « J’ai espoir que la réforme de la Moudawana interdise le mariage des filletes, car leur place est à l’école et non dans un foyer ». 

« Le Maroc d’aujourd’hui ne tolère aucune faille. Un code de la famille discriminatoire envers les femmes, les filles et les enfants n’aurait plus sa place », conclut-t-elle.

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