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Migration : Les Haraga optent pour l’Algérie.

La route migratoire de la Méditerranée depuis les côtes algériennes continue d’attirer de jeunes marocains. Hassan Ammari, président de l’Association d’Aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV)alerte sur l’ampleur de ce mouvement migratoire et les risques que les migrants encourent au péril de leur vie .

Par Imane Bellamine et SalaheddineLemaizi

« Semaine après semaine, nous nous rendons compte que le nombre de disparus devient  de plus en plus important. Même inquiétant ».

« Aux débuts de notre action de soutien aux familles des migrants disparus en Algérie, nous pensions que le nombre de ces jeunes migrants marocains était limité. Or semaine après semaine, nous nous rendons compte que le nombre de disparus est très important, voir inquiétant », alerte Hassan Ammari, président de l’Association d’Aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), une des rares ONG marocaines à apporter un soutien moral et administratif aux familles à la recherche de leurs enfants portés disparus ou détenus en Algérie. L’association ne dispose pas de chiffres précis sur ces départs. Mais les organisations internationales fournissent des données régulières sur l’ampleur des départs depuis les côtes algériennes, moins surveillées et avec des départs moins onéreux que de prendre le large depuis les côtes marocaines, tout en étant tout aussi risqués. 

En 2023, 23 000 Algériens ont atteint les côtes espagnoles, selon le ministère de l’Intérieur en Espagne. D’après les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le trio Maroc-Algérie-Tunisie est dans le top 10 des nationalités de migrants irréguliers arrivant en Espagne par voie maritime. En 2022, 13 000 Marocains ont atteint des pays européens contre 9100 Algériens.  En 2021, les Tunisiens étaient en tête (15600 migrants tunisiens), Marocains (15 000) et Algériens (13 400). Ces chiffres sont synonymes d’une crise économique et démocratique au Maghreb.

Nécessaire intervention pour le rapatriement

L’AMSV fait état d’arrestations et d’emprisonnement de plusieurs centaines de migrants marocains, en cas d’échec de leurs tentatives. Souvent condamnés à des peines légères (entre 6 et 12 mois de prison ferme), après leur libération, ils se trouvent bloqués en Algérie faute de documents de voyage. 

Pour Ammari, il y a péril dans la demeure : « Nous attirons l’attention sur la situation catastrophique des migrants en Algérie. Des centaines de jeunes souffrent dans les prisons. Leurs familles souffrent  en parallèle d’arnaques qu’ils subissent  de la part de certains avocats ou intermédiaires en Algérie  en leur promettant  des choses qui s’avèrent  n’être que des mirages ,en définitif ce ne sont que de fausses promesses ».

Pour débloquer cette situation, l’AMSV déploie des efforts avec des partenaires algériens : « Nous avons à maintes reprises alerté les autorités algériennes et marocaines sur cette situation », nous dit-il. 

Ces retards deviennent de plus en plus importants depuis la profonde crise diplomatique entre les deux pays. «Ces opérations tardent en raison de complications techniques et administratives. Ces retards sont désormais plus importants en raison des malentendus connus entre les deux diplomaties », note Ammari. Rappelons que le Maroc compte trois consulats en Algérie à Oran, Bellabès et Alger. 

Ammari rappelle les démarches que mènent l’AMSV pour dénouer ces situations inextricables : « Nous avons adressé une lettre à Mr Le Président de la République algérienne, ainsi qu’au président de la Croix rouge internationale sur la situation que vivent ces migrants bloqués. Nous avons aussi sollicité une nouvelle fois la Conseil national des droits de l’homme (CNDH) », énumère cet activiste et défenseur des droits des migrants. 

« La situation catastrophique concernant des groupes de jeunes migrants ayant passé leur période de détention et  qui devraient cependant être libérés, demeurent toujours dans des centres, en attendant leur refoulement vers le Maroc », regrette Ammari.

Les efforts de l’AMSV concernent aussi le rapatriement des corps de migrants morts en mer en Algérie. « L’association a déjà pu rapatrier le corps de 22 migrants morts sur les côtes algériennes. Nous travaillons à rapatrier cinq autres cadavres de migrants. C’est hélas désormais notre quotidien », constate avec amertume Hassan Ammari, qui promet de poursuivre ce travail de fourmilière avec ses camarades…

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