MIGRATIONS, Reportages, UNE

Des footballeurs migrants visent la Botola

Mohamed Keita, président de la Panafricaine Académie Sportive (PAS) de Rabat, veut créer un modèle et un cadre pour les jeunes footballeurs arrivés au Maroc des pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Reportage.

Il est 11h du matin à la station des grands taxis de Bab Chelah, les taximen attendent des clients qui se font rares en cette début de matinée ensoleillé. De jeunes hommes d’origines ouest-africaines portent leurs godasses de foot dans leurs mains et un sac à dos se dirigent de pas rapides pour prendre en groupes ces taxis, direction Salé. Mohamed Keita, coach sportif, les rejoint avec du retard. Avec son acolyte, il porte deux grands sacs chargés d’équipements sportifs de football. Tout se beau monde se donne rendez-vous au Stade de Sidi Moussa, près du bord de mer. « C’est un jour important, c’est le premier match de ma nouvelle équipe, Panafricaine Académie Sportive (PAS) – Rabat », nous annonce Keita, avec un mélange de fierté et d’anxiété.  

« C’est un jour important, c’est le premier match de ma nouvelle équipe ».

Le premier match

La ville des Corsaires accueille ce match amical entre l’équipe de la PAS-Rabat et l’équipe d’Africa Football Maroc. Les deux clubs sont des sociétés sportives conformes à la loi 30-09 organisant ces formes de structures professionnelles. Pour ce premier match, Keita et son staff s’active pour distribuer le matériel sportif tout neuf à ces joueurs qui découvrent leurs nouveaux équipements. Le coach et directeur sportif presse ses joueurs pour se rendre prêt pour le match. Keita donne aussi dans la foulée le plan de jeu : « Il faut jouer avec prudence, c’est notre premier match, nous devons assurer la défense et ne pas prendre de buts dans les premières minutes », glisse à ces joueurs. En face, l’équipe d’Africa Football Maroc semble prête pour ce match. Le coup de sifflée est donné par l’arbitre du match.  

« L’Académie a pour but la détection, la formation, la promotion et le management de carrières des joueurs », détaille Keita. Ce dernier recrute ses nouveaux joueurs de la Guinée, pays dont il est originaire mais aussi d’un ensemble de pays de l’Afrique de l’Ouest et Centrale.  Parmi eux Oussamne, jeune footballeur de la Guinée. « Je suis arrivé au Maroc depuis un an. Je m’entraine et j’essaie de trouver un club ou une académie sportive pour m’en sortir », espère ce jeune homme, portant fièrement le maillot de son équipe favorite, le Réal de Madrid. Le cadre organisé de la société sportive permet de protéger les joueurs qui peuvent subir les arnaques de la part de faux managers de joueurs ou être victime de traite des êtres humains, notamment les footballeurs mineurs.

Keita, ancien joueur de la Botola

Keita capitalise sur son expérience dans le football au Maroc pour assurer le succès de son projet. « Je suis un ancien footballeur. J’ai joué dans le haut niveau dans les années 90 et 2000 », rappellet-il. Cet ancien attaquant avait joué pour le compte du CODM de Mèknes, 

La Jeunesse Sportive de Massira (JSM) à Laâyoune et WAF de Fès. « Après ma retraite en tant que footballeur, j’ai suivi des stages de formation pour devenir coach. J’ai fait une formation de coach au sein d’un programme de la Fédération Royal Marocaine de Football », explique-t-il.  

« Parmi les contraintes que je rencontre ce sont les multiples arrestations de mes joueurs ».

Après plusieurs expériences en tant que coach au sein de clubs amateurs de la communauté subsaharienne, il passe un nouveau palier et professionnalisme son projet. En plus du manque des moyens, son projet butte sur des problèmes pratiques liés à la gestion des migrations. « Parmi les contraintes que je rencontre ce sont les multiples arrestations de mes joueurs qui risquent à chaque fois de se faire arrêter en se déplaçant vers les entrainements, beaucoup d’entre eux renonce à venir aux séances », regrette-t-il. En attendant de trouver une solution à ce profilage racial que subissent ces joueurs, Keita pour se réjouir d’une première victoire de sa jeune formation, avec l’art et la manière. La PAS a remporté son premier match avec 2 buts à 0. « Par la grâce de Dieu, la chance a tourné en notre faveur. C’est l’effort de 45 jours de préparation qui donne ses fruits », conclut-il. Ces joueurs rêvent de devenir les nouveaux Moussa Ndao (Sénégal-WAC), Fabrice Ondama (Congo Brazz-WAC), Koukou Guehi (CIV-Raja) ou encore Vianney Mabidé (CentreAfrique-Raja), gloires subsahariennes de la Botola.

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