Images de Fnideq-Sebta : Le vrai du faux
L’effervescence autour du mouvement migratoire du 15/09 vers Sebta occupé s’est accompagné par un flot de fausses informations et d’approximations. ENASS.ma tente de reconstituer les faits, à partir des données disponibles et les avis d’experts. Première fact-checking sur les images des jeunes nus et violentés.
D’où viennent les images des jeunes nus et violentés ?
Ces images ont choqué l’opinion publique. Des jeunes assis à terre, dos au mur, portant uniquement des boxers. Ces images ont circulé la nuit du 16-17 septembre, filmées près de fourgonnettes des Forces auxiliaires. Sur ces mêmes images, on aperçoit sur les dos de jeunes hommes des traces de coups, qui rassemblent à des coups de fouet.
« Ces images ont été prises lors d’une intervention pour stopper une tentative de d’émigration irrégulière à la nage ».
Après quelques heures de spéculations, la préfecture de M’diq-Fnideq publie un communiqué, sans signature ni cachet (comme à leur habitude), affirmant que « les vidéos montrant des véhicules des forces auxiliaires sont en réalité des enregistrements anciens datant de plusieurs jours ». La même source tente de contextualiser « ces images ont été prises lors d’une intervention pour stopper une tentative d’émigration irrégulière à la nage » vers l’enclave occupée. Quelques heures après, le Parquet de Tétouan annonce « l’ouverture d’une enquête sur ces images ». Le ministère public confie cette investigation à la Brigade nationale de la Police judiciaire (BNPJ). L’enquête portera sur « la véracité des faits » et « le contexte de publication de ces photos ».
Depuis la diffusion des premières images du 16-17 septembre d’autres vidéos et images ont commencé à fuiter sur les réseaux sociaux.
Ce n’est pas la première fois que des images de violations supposées des droits humains exercées par des forces de l’ordre contre les migrants aux frontières soient mises en ligne par des sources anonymes. Le 24 juin 2022, des vidéos et photos ont été partagées montrant l’intervention violente des forces de l’ordre marocaines à la frontière entre Beni Nsar et l’enclave de Melilla occupée. Des éléments visuels montraient les corps d’exilés soudanais morts près de la porte de Bario Chino ou grièvement blessés et abandonnés durant des heures. Ces images avaient aussi créé un émoi et ouvert une enquête judiciaire par le parquet. Cette enquête avait conclu « que les autorités marocaines ont utilisé la force de manière proportionnée ». Ces images tournées par des membres de forces de l’ordre elles-mêmes ou des agents publics sont fuitées par ces derniers. Depuis la diffusion des premières images du 16-17 septembre d’autres vidéos et images ont commencé à fuiter sur les réseaux sociaux, notamment de jeunes portant les marques de violences de même type sur le dos.
Verdict : Les images sont véridiques. La source demeure anonyme. Une enquête judiciaire est en cours. Ce n’est pas la première fois qu’une fuite organisée de l’intérieur est actée par un lanceur d’alerte anonyme. D’autres éléments visuels continuent à fuiter sur les réseaux sociaux.