Reportages, UNE

De Rabat, les victimes du séisme dénoncent l’inaction

Les victimes du séisme d’Al Haouz ont fait entendre leur voix, portant leur douleur des montagnes de l’Atlas jusqu’aux rues de Rabat. Le 16 décembre 2024, leur appel a résonné devant le siège du Parlement. Reportage.

Après plus d’un an d’attente et d’espoir depuis le séisme du 8 septembre 2023, les voix des victimes de séisme du Grand-Atlas se lèvent pour dénoncer l’inaction et exiger « des solutions concrètes à une détresse qui perdure ». Ils ont convergé des quatre coins des zones sinistrées notamment de la province d’Al Haouz, unis à faire entendre leurs revendications.

Post séisme : Que des promesses et des difficultés 

Il est 11h, en ce début de semaine. Le siège du Parlement à Rabat se dresse devant une foule hétéroclite. Les victimes du séisme se sont rassemblées : des jeunes, des personnes âgées, des familles, des personnes en situation de handicap, tous unis dans un même élan. Des pancartes brandies haut affichent des slogans devenus symboles de leur combat : « Les comités viennent et repartent, rien ne change !», « Nous sommes tous impactés !».

Ces manifestants ont dénoncé : « L’exclusion et le manque de soutien » dont souffrent encore de nombreuses familles touchées par le séisme d’Al Haouz.

Devant le Parlement, ces manifestants ont dénoncé : « L’exclusion et le manque de soutien » dont souffrent encore de nombreuses familles touchées par le séisme d’Al Haouz. Ils sont réunis à l’appel de la Coordination des Victimes du Séisme d’Al Haouz, et ont également pointé du doigt les « irrégularités et manipulations qui ont marqué la gestion de ce dossier », tout en soulignant les conditions de vie précaires dans lesquelles les victimes continuent de survivre sous des tentes en plastique.

« Je viens de la région de Chichaoua. Je n’ai bénéficié d’aucune aide. Je vis toujours sous une tente en plastique. Ma maison est entièrement détruite, mais on ne m’a rien donné», un des victimes.

Parmi eux, un homme âgé, lui-même victime du séisme, a expliqué que cette manifestation s’inscrit dans une série de protestations lancées depuis la catastrophe du 8 septembre. « Je viens de la région de Chichaoua. Je n’ai bénéficié d’aucune aide. Je vis toujours sous une tente en plastique. Ma maison est entièrement détruite, mais on ne m’a rien donné », a-t-il déclaré avec amertume.

« Beaucoup sont toujours contraints de vivre sous des tentes en plastique, affrontant des conditions climatiques extrêmes, sans accès aux besoins de base ni à une vie digne».

Une des victimes, une jeune fille, a rappelé que les habitants touchés continuent de vivre dans une grande détresse, plus d’un an et trois mois après le séisme. « « Beaucoup sont toujours contraints de vivre sous des tentes en plastique, affrontant des conditions climatiques extrêmes, sans accès aux besoins de base ni à une vie digne », a-t-elle expliqué.

Elle a ajouté avec colère : « On n’a même pas bénéficié de l’aide financière de 2500 dirhams ni de soutien pour la reconstruction ». En évoquant la situation, plusieurs voisins et voisines partagent le même sort. Elle a dénoncé les malversations liées à ce dossier : « l y avait beaucoup de trafic, ils ont pris notre argent. »

« Nous sommes là, solidaires, comme une seule famille, et nous ne baisserons pas les bras tant que nous n’aurons pas obtenu nos droits »

« Nous sommes là, solidaires, comme une seule famille, et nous ne baisserons pas les bras tant que nous n’aurons pas obtenu nos droits », conclut-t-elle.

« Toujours sous les tentes »

Le soutien annoncé dans le communiqué du cabinet royal du 14 septembre, qui mentionnait une allocation de 140 000 dirhams pour les maisons entièrement détruites et de 80 000 dirhams pour celles partiellement endommagées, n’a pas été appliqué.

Lors de précédent sit-in les coordinateurs ont expliqué « le soutien annoncé dans le communiqué du cabinet royal du 14 septembre, qui mentionnait une allocation de 140 000 dirhams pour les maisons entièrement détruites et de 80 000 dirhams pour celles partiellement endommagées, n’a pas été appliqué. Les familles ne reçoivent que 80 000 dirhams, même si leur maison est complètement effondrée. Et même lorsqu’elles reçoivent la somme totale, elle reste insuffisante pour la reconstruction. »

Les revendications : Dignité, transparence et célérité 

Les manifestants ont expliqué que « de nombreuses plaintes font état de manipulations des dossiers des victimes par les agents des autorités locales, où certains proches et amis de ces agents ont bénéficié de l’aide de manière injuste, tandis que les véritables sinistrés ont été privés de toute aide, y compris ceux qui avaient perdu des maisons récemment construites. »

« Ils n’ont rien fait de ce que le Roi a ordonné. Ça fait plus d’un an qu’on vit dans des conditions catastrophiques. Ils changent un caïd et mettent un autre, plus de six bachas sont passés, mais la situation reste inchangée. On n’en peut plus, on vit dans des conditions plus que précaires, les gens souffrent mais personne n’entend », raconte l’un des manifestants, l’amertume dans la voix.

Une femme, les larmes aux yeux, s’approche et, dans un mélange d’amazigh et d’arabe, décrit sa situation : « On n’a rien, ni eau, ni électricité, ni maison. On a juste la tente, il n’y a rien. »

La manifestation continue, portée par l’espoir que leurs voix soient enfin entendues. Jusqu’à 14h, les manifestants restent devant le siège du Parlement. Avant de disperser, ils se regroupent à nouveau, rassemblant les plaintes de chaque douar, de chaque commune, dans l’espoir de pouvoir les déposer et d’obtenir une solution concrète et rapide pour leurs dossiers.

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