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Séisme : Des promesses sans les actes !

Les sinistrés du Grand Atlas réclament justice et reconstruction un an après le séisme. Un rassemblement de colère pour dénoncer l’inaction et exiger des solutions concrètes. Reportage.

Vidéo Anass Laghnadi

Il est 10h30, aux abords du Parlement. La foule se rassemble, déterminée. Drapeaux marocains et amazighs flottent au vent, côtoyant les portraits du roi Mohammed VI. Sur les pancartes, des messages poignants : « Viens réparer aujourd’hui pour protéger demain », « Ensemble, on fera face au séisme », « Liberté pour Saïd Aït Mehdi », « Fini la corruption, pour un futur juste et transparent ». Les noms des douars oubliés rappellent l’étendue des destructions et l’urgence d’agir.

Manifestation des sinistrés du séisme du Grand-Atlas ce lundi 17 février 2025 devant le siège du Parlement à Rabat. Crédit photos: ENASS

Un an après le violent séisme du 8 septembre 2023 qui a dévasté le Haut Atlas, la colère gronde à Rabat. Ce 17 février, des centaines de sinistrés, venus des zones les plus touchées, notamment de la province d’Al Haouz, ont convergé vers la capitale pour faire entendre leur voix. Ils dénoncent l’attente interminable, l’inaction face à leur détresse persistante et réclament justice, reconstruction et la libération de Saïd Ait Mehdi, emprisonné pour avoir défendu leurs droits.

Les sinistrés exigent justice

Latifa, originaire d’un douar d’Amizmiz, province d’Al Haouz, a tout perdu dans le séisme. « Ma maison a été entièrement détruite, et pourtant, on m’a dit que je n’étais pas éligible à l’aide », raconte-t-elle avec amertume. « Avant le séisme, nous vivions tranquillement, satisfaits de ce que nous avions, sans jamais avoir besoin de venir à Rabat, à moins d’une urgence de santé ou pour voir un proche. Mais aujourd’hui, nous sommes contraints de réclamer ce qui nous revient de droit. »

« Il faut voir nos villages en ruines, nos maisons effondrées, nos conditions de vie précaires. Comment peuvent-ils décider de qui mérite l’aide sans venir ici ? »

Comme beaucoup d’autres, Latifa demande une commission indépendante et honnête, venue de Rabat, pour constater la situation sur place. « Il faut voir nos villages en ruines, nos maisons effondrées, nos conditions de vie précaires. Comment peuvent-ils décider de qui mérite l’aide sans venir ici ? »

« Certains ont traversé des kilomètres à pied, depuis les montagnes, pour être entendus. D’autres se sont endettés pour pouvoir assister ».

Manifestation des sinistrés du séisme du Grand-Atlas ce lundi 17 février 2025 devant le siège du Parlement à Rabat. Crédit photos: ENASS

Elle insiste sur la détresse des sinistrés et le parcours éprouvant de ceux qui ont fait le déplacement jusqu’à Rabat. « Certains ont traversé des kilomètres à pied, depuis les montagnes, pour être entendus. D’autres se sont endettés pour pouvoir assister. Derrière nous, il y a des malades privés de soins, des orphelins qui ont tout perdu, des veuves livrées à elles-mêmes. Nous avons laissé nos familles derrière nous, espérons que notre cri parvient jusqu’à ceux qui peuvent agir. Nous sommes ici parce que nous souffrons, et parce que personne ne nous écoute », lance-t-elle.

C’est la quatrième fois que nous venons à Rabat pour faire entendre notre voix, mais on nous ignore, personne ne fait rien pour améliorer notre situation.

Les slogans réclamant justice et droits résonnent devant le Parlement. La foule, unie et déterminée, dénonce l’injustice qui frappe ceux qui vivent dans des conditions précaires depuis plus d’un an. Un homme, parmi les sinistrés, témoigne : « C’est la quatrième fois que nous venons à Rabat pour faire entendre notre voix, mais on nous ignore, personne ne fait rien pour améliorer notre situation. On ressent la même chose avec nos institutions locales qui pratiquent un silence radio et essaient de nous faire disparaître pour n’importe quelle raison. On nous donne aussi des promesses vides. »

Saïd Ait Mehdi, un symbole d’une lutte

On ne comprend plus rien. Nous ne demandons pas l’impossible, nous demandons simplement ce qui nous revient de droit, comme le roi l’avait ordonné.

Manifestation des sinistrés du séisme du Grand-Atlas ce lundi 17 février 2025 devant le siège du Parlement à Rabat. Crédit photos: ENASS

Il poursuit : « Nous avons formulé des réclamations et on nous dit : ‘Vous êtes exclus de cette tranche, mais il faut vous inscrire dans le ‘fonds des crises’, on l’a fait pour enfin nous dire que ‘seuls ceux qui ont perdu des proches dans le séisme seraient pris en compte’. Mais qu’est-ce que c’est que ça ? On ne comprend plus rien. Nous ne demandons pas l’impossible, nous demandons simplement ce qui nous revient de droit, comme le roi l’avait ordonné. »

Ils réclament la libération de Said Ait Mehdi, « injustement emprisonné, tandis que ceux responsables du détournement de fonds vivent en toute impunité, tranquilles à l’extérieur ».

Tout au long du sit-in, les manifestants expriment leur détermination et leur colère. Ils réclament la libération de Saïd Ait Mehdi, « injustement emprisonné, tandis que ceux responsables du détournement de fonds vivent en toute impunité, tranquilles à l’extérieur ». Leur message est clair : « Il est temps que la vérité éclate et que ceux qui sont responsables de la souffrance du peuple soient enfin tenus pour responsables. »

Les manifestants exigent que « des mesures de reconstruction transparentes et justes soient mises en place, afin que la souffrance des populations ne soit plus ignorée et que leurs droits soient respectés ».

En parallèle, ils soulignent « l’urgence de trouver des solutions concrètes pour les victimes du séisme, dont les conditions de vie demeurent désastreuses ». Les manifestants exigent que « des mesures de reconstruction transparentes et justes soient mises en place, afin que la souffrance des populations ne soit plus ignorée et que leurs droits soient respectés ».

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