Actualités, ENass+, UNE

Affaire Malak, 13 ans : une détention qui choque 

L’arrestation et la mise en garde à vue de Malak T., une adolescente de 13 ans, ont provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique marocaine cette semaine. Cette affaire a déclenché une vague d’indignation, soulevant de nombreuses interrogations sur les circonstances et les motifs de sa détention. Ce que l’ont sait..

Les faits initiaux

Samedi dernier, l’incarcération de Malak T a été révélée sur les réseaux sociaux, suscitant une vive émotion. De nombreuses voix ont dénoncé une mesure excessive, jugée contraire au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant.

L’Association marocaine des droits humains (AMDH) – section Tahla a rapidement réagi en condamnant ce qu’elle qualifie « d’emprisonnement arbitraire ». Elle a exprimé «son soutien à la jeune fille et réclamé sa libération immédiate».

Selon l’association, « ces arrestations viseraient à faire pression sur le blogueur Jerando, connu pour ses révélations sur plusieurs affaires de corruption». L’AMDH souligne par ailleurs l’état de santé fragile de Malak et insiste sur le fait qu’elle demeure une mineure.

La réaction du Parquet

Près de 24 heures plus tard, le parquet a réagi via un communiqué du procureur du roi près du tribunal de première instance de Casablanca, précisant que « la jeune fille avait été déférée devant le juge des enfants, qui a ordonné son placement au Centre de protection de l’enfance Abdel-Salam Bennani ».

La même source révèle également que quatre membres de sa famille, dont sa mère, sont poursuivis dans cette affaire. Trois d’entre eux ont été incarcérés à Oukacha, tandis qu’un cinquième prévenu sera jugé en liberté.

Les charges retenues comprennent : « outrage à une institution constitutionnelle », « diffamation et menaces », « outrage à un avocat dans l’exercice de ses fonctions », « diffusion de fausses informations », « outrage à un organisme public organisé ».

Les premières audiences des proches de Malak sont prévues pour le lundi 3 mars 2025 (salle 8), tandis qu’elle-même comparaîtra le 6 mars 2025 (salle 1).

Selon le Parquet, «l’enquête technique aurait démontré que Malak aurait participé à l’achat et à la mise à disposition de cartes SIM utilisées pour des actes présumés de chantage et de diffamation, en lien avec un proche actuellement en fuite à l’étranger», et d’ajouter: «D’autres personnes, soupçonnées d’implication, sont encore en garde à vue dans les locaux de la BNPJ à Casablanca».

« Libérez Malak !»

Face à cette situation, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer une décision qu’elles jugent «disproportionnée».

Le journaliste et directeur de publication de Lakome2, Ali Anouzla, a écrit : « Arrestation d’une enfant de 13 ans dans une affaire qui dépasse sa capacité de compréhension et d’imagination…Une illustration flagrante des profondes défaillances de l’État et de toutes ses institutions, qu’elles soient officielles, politiques, juridiques, éducatives ou religieuses… ».

Il a également appelé la société marocaine à « se mobiliser pour sauver l’État ».

De son côté, le journaliste Mustafa Ibnerradi a commenté : « À mon avis, le chef d’accusation retenu contre l’enfant ne justifie pas une détention provisoire, et ce, même si l’on admettait qu’elle doit être poursuivie, ce qui reste discutable. »

Et d’ajouter: « Il serait plus sage de remettre la mineure à un membre proche de sa famille, sous sa responsabilité légale et avec toutes les garanties offertes par la loi aux mineurs, afin qu’elle puisse être disponible pour l’enquête. »

Ibenerradi a également critiqué la formulation du communiqué officiel, expliquant que « le mot « chargée » employé laisse entendre qu’elle faisait partie d’un réseau criminel et qu’elle a assumé un rôle dans cette organisation en fournissant des cartes SIM… alors qu’il est tout à fait possible qu’elle les ait achetées sur simple demande d’un adulte, comme une course, ce qui n’implique aucune responsabilité criminelle ».

Dans le même contexte, Rachid ELbelghiti, a critiqué « le silence des organisations dédiées aux droits de l’enfant», « Je ne fais pas confiance aux féministes qui s’indignent du mariage des mineures mais restent silencieuses face à leur emprisonnement pour des accusations politiques ! Quant à celles qui justifient cette injustice, je les méprise totalement. Le mépris total ! »

L’affaire ne cesse de faire monter la colère, avec des appels croissants pour la libération immédiate de Malak, ravivant le débat sur la protection des mineurs et l’usage de la justice.





Inscrivez-vous à la Newsletter des Sans Voix 


Contre l’info-obésité, la Newsletter des Sans Voix 

Un slowjournalisme pour mieux comprendre 


Allez à l’essentiel, abonnez-vous à la Newsletter des Sans Voix