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L’après-Séisme du Grand Atlas : Bilan critique

La Coalition Civile pour la Montagne a publié une évaluation de la gestion de l’après séisme du grand Atlas. Ce collectif associatif s’inquiète de l’ampleur des retards. Les détails.

Amertume et désillusion, c’est qui ressort du bilan présenté par la Coalition Civile pour la Montagne (CCM). Lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 6 septembre 2024 à Rabat, cette structure, habituellement au discours tempéré, monte au créneau. « Les efforts de reconstruction se heurtent toujours à des défis majeurs en raison des terrains accidentés, du manque d’infrastructures et d’accès, rendant difficile l’atteinte de certaines zones montagneuses », souligne d’emblée le CCM. Les autres points soulevés corroborent avec les différents constats faits par des acteurs de la société civile et les médias indépendants. 

Les « faux calculs » du gouvernement

Dans son évaluation de la gestion gouvernementale de cette crise, le CCM a insisté sur « le sort des enfants orphelins, des cas des personnes handicapées suite au séisme et des séquelles permanentes causées par la catastrophe, ainsi que les mesures mises en place pour protéger l’enfance face aux effets des catastrophes », poursuit le CCM. 

Parmi les critiques adressées au gouvernement, la méthode de calcul des maisons sinistrées. La Coalition rappelle que le nombre de 60 000 maisons endommagées par le séisme ne prend pas en compte les réalités socio-économiques des zones sinistrées. « Dans les zones montagneuses, une maison abrite souvent une famille élargie composée de plusieurs ménages. Il est faux de lier le nombre de maisons au nombre de familles », estime le CCM. 

Ighil le 28-08-2024. Crédit photo: I.B ENASS

Ali, un habitant de la région de Taroudant, fait partie des populations souffrant de cette situation de retard : « Nous vivons toujours sous des tentes dans mon douar, et personne n’a reçu d’aide pour la reconstruction. Un an s’est écoulé et nous sommes encore dans la précarité. Nous voulons simplement connaître les critères sur lesquels ils se sont basés pour distribuer les aides à la reconstruction », déclare-t-il à ENASS.ma, lors du point de presse. Et de s’interroger : « Pourquoi je ne bénéficie pas de cette aide alors que je suis en situation de handicap, que j’ai six enfants et j’ai construit mon foyer pierre par pierre de mon propre argent » ?

Les revendications du CCM : Prise en compte des populations

Ighil le 28-08-2024. Crédit photo: I.B ENASS

« Est ce que ces constructions tiennent compte des spécificités des habitations montagnardes ? »

Dans ce contexte, El Houssine Meshet, membre du secrétariat national du CCM s’interroge sur le mode de construction des 55 000 logements. « Ces constructions tiennent-elles comptent des spécificités des habitations montagnardes, qui ne sont pas de simples logements mais incluent aussi des infrastructures pour l’élevage, des espaces de stockage, et des espaces extérieurs pour les cultures de subsistance ou le séchage des produits et des céréales ? », se demande-t-il.

Les plans de construction imposés par les autorités locales ne répondent pas aux besoins des habitants.

« Les données officielles font état d’environ 50 000 logements en cours de construction ou de réhabilitation dans les zones sinistrées, mais il faut préciser que ce chiffre inclut des projets qui n’en sont qu’au stade de la conception ou de la pose des fondations, alors que le nombre réel de maisons en construction serait bien inférieur ». Officiellement, le gouvernement reconnait que seules 1000 maisons ont été complétement achevés fin aout 2024. 

« Les déclarations du chef du gouvernement et les chiffres qu’il a annoncés montrent qu’il est déconnecté de la réalité ».

Ighil le 28-08-2024. Crédit photo: I.B ENASS

La coalition demande « à accélérer la reconstruction en fournissant les fonds nécessaires et en simplifiant les procédures administratives, soulignant que les habitants vivent encore dans des conditions difficiles, un an après la catastrophe », exige le CCM. Cette organisation appelle également « à fournir des logements temporaires décents pour les sinistrés, en remplacement des tentes qui ne les protègent pas du froid rigoureux, surtout à l’approche de l’hiver ».  « Les déclarations du chef du gouvernement et les chiffres qu’il a annoncés montrent qu’il est déconnecté de la réalité !», conclut Meshet.

« Une absence d’informations concernant les plans de reconstruction et une gestion manifestement chaotique »

Enfin, la coalition insiste sur « l’importance d’impliquer les populations locales » dans le processus de reconstruction, en leur permettant de participer aux décisions relatives à l’avenir de leurs régions, et « sur la nécessité d’améliorer la communication avec les citoyens en leur fournissant des informations claires sur les plans de reconstruction et les étapes de leur mise en œuvre, afin d’éviter toute confusion dans la gestion de ce dossier sensible ». 

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